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2600 après-JC,
"Quelle puanteur de corruption ! Cela doit indéniablement être l'œuvre de Gaël. Et pourtant, j'ai l'étrange impression que son frère s'égare dans des voies encore plus sombres," soupira le vizir, roulant des yeux avec une théâtralité marquée, ses gestes accentuant chaque mot.
"Trêve de balivernes, charlatan. Montre-nous immédiatement la direction à suivre," ordonna l'ainé de la fratrie, son ton impatient et autoritaire ne laissant aucune place à la discussion. "J'aurais également besoin d'une boussole magique et..." Il marqua une pause significative, ses traits se durcissant légèrement par une appréhension perceptible. "...d'un miroir, également."
"Hors de question," répliqua fermement son oncle, sa voix empreinte d'une rigidité inflexible. Le vizir, malgré son apparence décrépie et son attitude nonchalante, maintenait une autorité que rien ne semblait ébranler.
"Nous avons besoin de ces outils pour passer correctement d'un endroit à un autre, c'est presque vital !" insista Gabriel, son visage se fermant dans une expression de détermination résolue. "Vous comprenez bien que sans eux, notre tâche devient quasiment impossible."
"Vous avez des jambes pour cela !" lança le vizir d'un ton condescendant, son regard trahissant une amusante irritation face à la demande des princes. La réponse était claire et sans appel : aucune négociation ne serait tolérée.
Gaël, bien que frustré, prit le plan et la boussole que son oncle lui tendait, sa frustration se mêlant à une résignation nécessaire. Alors qu'il s'apprêtait à faire volte-face et à quitter la tente, le vizir l'interpella une dernière fois, ses mots résonnant comme une dernière mise en garde dans l'air chargé de tension.
"Gaël, j'aurais souhaité m'entretenir avec ton second, Gabriel," demanda le vieil homme d'une voix à la fois usée et autoritaire, ses yeux fatigués scrutant le prince.
"Ce ne sera pas possible, nous avons un long chemin à parcourir pour trouver un endroit où passer la nuit," répondit Gaël avec une impatience à peine dissimulée, son regard se détournant légèrement pour éviter de croiser celui de l'oncle.
"Probablement pas ici, en effet. Mais transmets-lui ce message : lorsque tous les anneaux royaux seront corrompus, la protection de vos royaumes sera gravement compromise. Il doit s'en occuper, et vite !"
"Gabriel n'est pas corrompu," rétorqua Gaël, sa voix teintée de scepticisme et de mépris. "C'est une fausse inquiétude."
"Vas-t-en, petit ignare !" s'écria le vieil homme, sa voix rugissant avec une force surprenante pour son âge avancé. Il empoigna le prince par l'épaule et le repoussa hors de la tente avec une vigueur qui démentait ses années, laissant le prince hébété devant ses compagnons de voyage.
"Que vous a-t-il dit ?" s'empressa de demander Lorelëy, son regard inquiet cherchant une réponse à la hauteur de ses préoccupations.
Gaël, les sourcils froncés, baissa la tête vers elle, son visage marqué par une expression de dérision. D'un ton mordant, il répliqua : "Il a dit que vous êtes bonne pour la fosse aux lions !"
"Pourriez-vous essayer d'être sérieux, ne serait-ce qu'une minute ?" demanda la jeune femme, ses yeux lançant des éclairs face à l'ironie évidente de la réponse. La situation était trop critique pour être prise à la légère, et elle se voyait mal se laisser emporter par les sarcasmes de son compagnon.
"En quel honneur ?" rétorqua Gaël, un sourire moqueur s'élargissant sur ses lèvres alors qu'il était sur le point de se remettre à rire. Son amusement fut cependant interrompu par son frère, dont la voix grave coupa le flot de légèreté.
"Ou alors, tu pourrais simplement nous faire part de ce qu'il t'a réellement dit ? Non ?" Gabriel, se raclant la gorge avec une exaspération à peine voilée, était déterminé à ramener la conversation à un certain niveau de sérieux.
Gaël II leva les yeux au ciel avec une exaspération à peine contenue. Il posa négligemment la carte et la boussole dans les mains de son cadet, laissant ces objets précieux à la portée du jeune prince, tout en s'adressant à lui d'un ton mordant, mais étrangement mesuré en présence de l'innocente Lorelëy.
"Au fait, contrôle tes pulsions destructrices, ou nous risquons de nous retrouver sans royaume à la fin de cette histoire," lança-t-il, son regard se posant sur l'anneau de Gabriel, dont la pierre avait viré au rouge rubis éclatant. Il secoua la tête avec une touche de sarcasme, comme si cela allait de soi.
Puis, Gaël tourna son regard vers son propre anneau, où la pierre d'un pourpre profond scintillant sous leurs yeux. Il laissa échapper un sourire d'un cynisme léger tout en montrant le contraste entre les deux. "Ce serait vraiment dommage de nous retrouver dans le même bateau, n'est-ce pas ?"
Le grand prince recula, un sourire de satisfaction accroché à ses lèvres, ne s'attendant pas à la réplique inattendue du plus jeune. Gabriel XVI, les sourcils froncés, lança avec une touche de défi : "Pourquoi moi ? Je pense que tu devrais aussi te calmer, Gaël !"
Gaël, un éclat d'agacement dans les yeux, répliqua d'un ton tranchant : "Pas ici, jeune homme ! Regarde, nous faisons office de spectacle." Il tourna le regard et remarqua les regards interloqués et les chuchotements acerbes qui fusaient autour d'eux. Leurs échanges houleux avaient attiré l'attention des habitants d'Ardigan, dont les expressions variaient entre curiosité incrédule et irritation voilée.
Les deux princes se dévisageaient toujours avec une intensité féroce, chacun campant sur ses positions. Pendant ce temps, Lorelëy, le visage marqué par un mélange de fatigue et de détermination, se dégagea du champ de bataille verbal. Elle se plaça sur le côté, résolue à ne pas se mêler de leurs disputes tumultueuses, préférant observer la scène avec une neutralité prudente.
Finalement, c'est Gabriel XVI qui brisa le cycle des confrontations. Il détourna le regard de son frère et tendit la main vers Lorelëy, l'invitant à s'approcher. D'un geste fluide, il déplia la carte que le vizir leur avait remise, la dépliant avec une précision méthodique. Plongé dans l'examen de la carte et de la boussole, Gabriel s'immergea dans la tâche à accomplir, complètement absorbé par les détails.
Il ne prêta plus attention aux murmures et aux regards des habitants qui, ébahis et quelque peu alarmés, observaient les membres de la noblesse en visite sur leurs terres démunies. La présence imposante de ces princes, dénuée de toute forme de protection apparente, semblait troubler les gens du lieu, qui étaient habitués à une forme de respect ou de prudence que ces visiteurs semblaient dédaigner.
« Nord, nous commencerons par le nord. Après un certain temps, nous devrions tomber sur un campement. Gaël, tu te chargeras de vérifier la sécurité des environs avant que nous nous installions. Quant à moi et Lorelëy, nous nous tâcherons de trouver une chaumière. » Les membres de la troupe acquiescèrent d'un geste déterminé, chacun conscient des défis à venir.
La troupe entama son périple avec une vigilance accrue, leurs sens en alerte. Le voyage à travers les terres dévastées d'Ardigan était empreint d'une tension palpable, chaque bruit étrange ou mouvement furtif était scruté avec une méfiance accrue. La présence de la royauté dans ces territoires mal famés était un affront en soi. Les habitants d'Ardigan, déchus de leur humanité et plongés dans une misère extrême, avaient tout pris sans rien rendre en retour, poussant les survivants à des extrémités inimaginables comme le cannibalisme.
La puissance des princes était légendaire et indiscutable. Les histoires racontaient que même l'idée d'abattre un prince était passible de mort. Selon les récits murmurés dans les ruelles sombres d'Ardigan, le dernier homme ayant tenté une telle audace avait été si effrayé par la simple pensée de respirer l'air des princes qu'il s'était donné la mort de ses propres mains. Cette terreur irrationnelle avait ainsi cimenté la position des princes comme étant au-dessus de toute contestation.
Grâce à ce climat de peur omniprésente, le chemin fut dégagé pour les princes, leur permettant d'entamer leur voyage presque sans incident. L'itinéraire qu'ils empruntaient, bien que rude et sinueux, leur offrit un début de parcours relativement tranquille. Le terrain dévasté et les paysages désolés étaient les témoins silencieux d'une époque révolue, mais ils n'en demeuraient pas moins imprégnés de l'histoire et des légendes qui les avaient façonnés.
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LORELËY
Science Fiction2600 après Jésus-Christ, Les humains se font de plus en plus rares. Une guerre éclate contre les Aliens lors de leur découverte. Voyant la défaite arriver, les humains décidèrent de déployer des IA pour les protéger. Mais cédant de plus en plus de...