LORELËY

ACT 2 CHAPITRE 22 : CONFRONTATION

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2600 après-JC,

Les capacités extra-sensorielles des Hybrides, bien qu'impressionnantes, ne suffisaient pas à percer l'obscurité épaisse qui les enveloppait. Le palais de glace se dressait autour d'eux comme un labyrinthe sans fin, chaque ombre semblant cacher une menace, chaque recoin suintant de dangers invisibles. Pourtant, un espoir fragile subsistait. La pleine lune hivernale, haute dans le ciel glacé, semblait veiller sur eux. Ses rayons d'argent traversaient les fenêtres de glace, se reflétant sur les parois translucides, dessinant un chemin lumineux à travers les ténèbres.

À chaque pas, les voyageurs avançaient avec prudence, suivant la lueur froide qui se faufilait entre les sculptures de glace. La lumière de la lune, bien qu'éthérée, leur offrait une répit inattendue. Elle dévoilait les contours du chemin à emprunter, leur permettant d'éviter les pièges mortels dissimulés dans les ombres.

Enfin, lorsque le corps de Gabriel, devenu trop lourd à porter, se mit à bouger, le visage de Jules s'illumina. Gabriel les avait rejoints. Inconsciemment, la prise de Gaël s'assouplit, permettant au prince de Tershia de se redresser. Ses pieds vinrent lento rejoindre le sol. Il manqua de glisser au contact de la glace.

Le prince semblait désorienté, se tenant maladroitement aux épaules de son ainé, il échappa un soupire inaudible. Son souffle se changea en brume au contact de l'air glacial. Le froid qui l'enlaçait lui était tristement familier. Tout lui revenait en mémoire, à commencer par là où il se trouvait avant de perdre connaissance, en finissant par ce qu'il avait perdu. Ses yeux glissèrent brièvement sur son épaule gauche, vide. Un profond trouble l'envahit à cette image. De sa vision périphérique, il aperçut la jeune femme à sa droite, n'ayant pas l'air d'avoir remarqué son réveil. C'est à ce moment qu'il se rendit compte de sa position. Accroché au dos de Gaël, semblant lutter contre la fatigue et la douleur, il fut pris d'une vive peine en voulant arrêter la marche. Les multiples chutes qu'ils eurent subies avaient très certainement laissé de petites séquelles, si ce n'était au pire quelques côtes cassées. Largement assez pour ralentir par deux leur vitesse.

Le prince de Mars interpella son frère d'un tapotement à l'épaule, le poussant à s'arrêter. Le receveur resta perplexe avant de comprendre, de par son regard, que cette attention était en rapport avec son cadet. Il lâcha délicatement sa prise et libéra entièrement son frère, avant de s'assurer qu'il était en état de marcher. À ça, Gabriel répondit par un sourire franc, à ses compères, à Lorelëy, puis il affirma le souffle court :"Si tu ne m'avais pas guéri, j'aurais très probablement rejoins l'aitre côté.", son ton était grave, en même temps un peu railleur. "À croire que les formules apprises en chasses ont fini par nous servir, gibier ou pas.", en effet les princes préféraient garder pour eux ce fait honteux. Les mots que Gaël avaient prononcés pour soigner son cadet, n'étaient autres qu'une formule pour empêcher le gibier de se vider de son sang.

Les trois frères eurent une forte envie de s'enlacer, cependant la présence de la blonde les ramenait à l'ordre. Il fallait avancer. Ne nous détrompons pas, elle aussi était heureuse pour le prince, néanmoins elle savait que pire pouvait arriver incessamment sous peu. C'est pourquoi, elle étira finement les lèvres à l'attention du prince de Tershia, et reprit une mine sérieuse aussitôt. En réalité, depuis un temps, Lorelëy discernait une curieuse présence avoisinant le groupe de voyageurs. Son intuition ne lui mentait pas. Une aura approchait bien, quelque chose qui posa un malaise sur le passage.

Un frisson parcouru l'échine des quatre Hybrides, les obligeant à s'arrêter net. Pas un n'osait faire un pas en avant ou en arrière, comme si leur vie dépendait de leur prochain mouvement. Le groupe avait en effet beaucoup avancé, ils avaient atteint le cœur de la montagne, là où deux renégats les attendaient patiemment. Leurs tentatives de ralentir les voyageurs avaient pour presque toutes fonctionné, Lorelëy ne semblait pas sensible au point gravitationnel des galeries, ainsi que les princes lorsqu'ils restaient proches d'elle.