LORELËY

CHAPITRE 11 : INITIATION

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2501 après-JC,

La blonde posa sa caméra sur son épaule avec une précision rituelle, son regard pétillant de joie alors qu'elle ouvrait la porte au jeune gardien, comme à son habitude. La pièce où elle se tenait, baignée dans une lumière douce, semblait presque vibrer d'une énergie nouvelle. Le gardien lui fit un sourire complice, comme s'il comprenait parfaitement son enthousiasme. Lorelëy se retourna vers la caméra, ajustant son angle avec un soin minutieux, puis commença à parler avec une vivacité contagieuse.

« Aujourd'hui est un jour exceptionnel, mes amis ! C'est le jour de mon initiation, le moment où je vais enfin devenir majeure ! C'est tellement excitant ! Pour la première fois, je vais pouvoir sortir plus souvent, choisir mes propres repas, et surtout, rencontrer le Prince Gabriel XVI. J'ai entendu dire qu'il est vraiment super mignon et incroyablement puissant. On dit que seuls les Hybrides de 100 ans peuvent s'approcher de lui, et je suis enfin prête ! C'EST GÉNIAL ! »

Son ton était une explosion de joie et d'anticipation, chaque mot débordant de son enthousiasme adolescent. Ses yeux brillaient d'une lueur espiègle, et elle émit un rire léger en imaginant les nouvelles libertés qui l'attendaient.

Soudain, le gardien, manifestement irrité par le volume de son excitation, tenta de calmer le jeu. « Lorelëy ! Baisse d'un ton ! »

La réprimande, bien que formulée avec une certaine autorité, semblait presque comique face à l'entrain inextinguible de la jeune femme. Lorelëy, toujours enjouée mais maintenant consciente de la nécessité d'un peu plus de discrétion, murmura en réponse avec une ironie feinte :

« Oui, jeune maître. »

Elle marmonna cette réponse dans un souffle blasé, sa voix trahissant une légère exaspération face aux réprimandes incessantes, tout en continuant à sourire, amusée par la situation. Elle fit un geste dramatique, comme pour souligner la frustration que l'on ressent lorsqu'on est interrompu en pleine euphorie, puis se tourna de nouveau vers la caméra, prête à continuer son enregistrement avec une énergie rafraîchissante et résignée.

À force de la sermonner, il prêchait littéralement à une convertie. Lorelëy était une enfant assez turbulente, sans arrêt dans les pires histoires de l'asile. Ses colocataires l'évitaient au plus possible, s'évitant par la même occasion des sanctions inutiles. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, c'était un peu comme son échappatoire, se faire remarquer puis tout arranger, tout ça sans prendre de coup. Le gardien s'impatientant derrière la porte tapa du pied et finit donc par ouvrir la porte devant elle, l'action ne fit pas pour autant bouger la tout juste majeur.

« Lorelëy, tu compte te téléporter à la cérémonie par l'opération du Saint-Esprit ?!

-Non mais je...je ne suis pas prête à rencontrer le Prince et j...

-Ce n'est plus le moment. Tu avais 100 ans pour ça, bonne chance ! »

Il entra dans la chambre avec une détermination glaciale, ses pas résonnant contre le sol de marbre. D'un geste autoritaire, il se posta aux côtés de la jeune femme, son visage implacable et impassible. Il la poussa sans ménagement vers la salle des miroirs, la pinçant légèrement au bras pour la dissuader de toute tentative de rébellion. La pièce, habituellement fermée à clé, était maintenant accessible pour l'occasion — l'initiation de Lorelëy.

Leurs pas résonnaient dans le couloir silencieux alors qu'ils approchaient de la salle en question. Face à l'immense miroir orné de motifs complexes et scintillants, il prononça quelques paroles murmurées, ajustant les réglages pour programmer la destination souhaitée. Son regard, bien que calculateur, essaya d'être aussi rassurant que possible, comme s'il cherchait à apaiser l'angoisse palpable qui émanait de la jeune femme. Il offrit un sourire bref, qui se voulait réconfortant mais qui n'atteignit pas ses yeux glacés. Puis, sans un mot de plus, il se détourna lentement, ses mouvements mesurés accentuant le contraste entre sa maîtrise apparente et l'incertitude de Lorelëy.