Les Mythes de la Lune

Toujours regarder où on va...

Le lendemain, Hinata fit de son mieux pour zapper cet événement de son esprit. Elle profita de ses congés pour explorer les environs de sa nouvelle ville d'adoption.

Ses yeux de neige se posèrent sur des coins splendides qu'elle reviendrait voir souvent. Les jours s'écoulaient paisiblement entre révisions et sorties en plein air. Pas de dérangement, pas de grosse bestiole terrifiante, pas de mec mystérieux au visage dissimulé dans l'ombre... Bref ! Du calme plat.

Il était près de midi. Hinata était assise au pied d'un arbre, en train de manger un bento frais qu'elle avait préparé la veille. Les trilles joyeuses des oiseaux l'accompagnèrent, ainsi que le murmure chantant d'une petit rivière. Le calme et la paix baignaient les lieux, ce qui était très agréable après ces semaines d'ingurgitation forcée de connaissances.

Peu après, la jeune femme était repartie par monts et par vaux, laissant son instinct la guider dans la nature. C'était plaisant, ce contact avec les éléments : l'air, le soleil, le vent, la terre, la végétation luxuriante... Rien ne la satisfaisait plus, sauf peut-être les cours du professeur Uzumaki...

BIIIIP !

Mauvaise idée !

Non, il ne fallait pas penser à lui, plus jamais. Cet homme était intouchable, son fruit défendu, elle ne pouvait décemment pas laisser ses sentiments pour lui interférer dans...

Sentiments ?! MAIS C'EST LA MEILLEURE DE L'ANNÉE LÀ !

Non, pas de sentiments. Rien. Nada. Même s'il avait un superbe sourire qu'il lui adressait quand elle osait répondre à une de ses questions... Meeeeeeh !

Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi craquant ? Son charme agissait sur Hinata d'une façon tout simplement scandaleuse. Il s'en fallait de peu chaque fois pour qu'elle lui bave dessus, et heureusement que sa fierté le lui interdisait. Sinon, je vous raconte pas la honte...

Enfin ! Elle n'allait pas le voir pendant les vacances, ça serait aussi bien. Histoire de voir si elle pouvait penser à autre chose que ses beaux yeux azur dans lesquels elle se noierait volontiers...

Shit.

Hinata se prit la tête entre les mains et ne vit pas la racine qui dépassait du sol devant son pied. Le croche-patte la prit par surprise et elle se sentit propulsée en avant dans un cri bref. Mais la brune n'atteignit pas le sol pour autant.

Une poigne puissante mais délicate la retenait par la taille.

- Faites attention. Si vous ne regardez pas où vous marchez, vous allez finir dans le décor.

Hinata écarquilla les yeux, reconnaissant cette voix entre toutes. Elle redressa la tête et tourna son visage vers le professeur Uzumaki, lequel souriait. La honte lui tomba dessus comme une bourrasque, et elle s'écarta vivement, le corps encore vibrant de ce toucher bref et pourtant innocent (à croire qu'elle était devenue une sale perverse depuis la rentrée)...

- Toutes mes excuses ! J'espère que je ne vous ai pas gêné !

La jeune femme s'était penchée en avant pour appuyer ses remords. Puis elle se redressa, étonnée de le voir ici, en tenue sportive, avec un sac à dos. Il leva une main pour la saluer.

- Ne vous en faites pas pour moi. Vous n'êtes pas blessée au moins ?

Testant sa cheville, un éclat de douleur la fit grimacer, mais elle fit de son mieux pour dissimuler son élancement. Elle secoua la tête.

- Non, ça va aller, merci.

- Vous faites une très mauvaise menteuse, Mademoiselle Hyuga. Asseyez-vous, je vais regarder votre cheville.

Avec un long soupir, Hinata fut contrainte d'obéir. Elle sentait déjà la douleur gagner en intensité et grimaça au moment de s'assoir. Le professeur s'était emparé de sa cheville et lui ôtait délicatement sa basket et sa chaussette pour examiner son pied. Elle fit de son mieux pour ne pas brûler sur place sous la douceur de ses doigts.

- Ha... je crois que vous avez une méchante entorse. Il vous faut un médecin.

Hinata se crispa quand il reposa son pied délicatement au sol. Uzumaki sourit et tendait les mains vers elle. Elle l'arrêta en levant les siennes devant lui.

- Hop hop hop ! Vous faites quoi là ?

- Bah... je vais vous porter jusqu'à ma voiture. Vous ne pouvez pas marcher seule et il vous faut des soins.

La brune grimaça intérieurement, consciente qu'il avait raison... mais le simple fait de se trouver dans ses bras était quelque chose qu'elle n'arrivait pas à concevoir sans rougir furieusement sous des pensées si peu chastes.

Avec un gros soupir, la jeune femme se rendit compte qu'elle n'avait pas le choix. Elle finit par acquiescer et le laissa la soulever. Comme prévu un peu plus tôt, ses joues prirent une teinte plus soutenue et elle se contenta de croiser les bras sur elle-même.

- Vous devriez vous accrocher à mon cou, le sentier est assez escarpé.

Elle obéit à contrecœur et ses yeux croisèrent son regard d'un bleu profond comme le lagon d'une crique secrète. Pendant quelques longues secondes, il n'y eut plus que le silence brouillé par les sons de la nature. Puis elle simula une quinte de toux pour briser cet instant trop intime à son goût.

Naruto l'emmena jusqu'à sa voiture, avec une bonne endurance et une adresse remarquable. Hinata fronça les sourcils. Puis il la déposa sur le siège passager et se mit derrière le volant. La route fut rapide, et à peine le temps de dire "ouf", la voilà assise sur son canapé, le pied enflé sur un coussin. Son professeur s'était chargé de contacter un ami à lui, étant donné qu'Hinata ne connaissait pas encore de médecin à Konoha.

Mais tout ce temps, elle s'efforçait de lutter contre ses propres émotions, pour ne pas s'enfoncer encore plus sur ce terrain hostile qu'était cette attirance foudroyante pour le beau jeune homme blond...