trente-six

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leena ;

Une fois réveillée, j'ouvre les yeux et les plisse directement à cause du soleil qui tape sur mon visage, avant de redresser ma tête et d'observer les alentours.

- Si t'as bavé sur mon nouveau t-shirt, j'te brûle !

Amir, assis à mes côtés, inspecte son vêtement en se contorsionnant, puis je ris en détournant mon regard pour qu'il se pose sur le rétroviseur central qui me permet de retrouver les yeux de Mathieu qui eux, sont concentrés sur la route.

Je souris tristement en regardant ses mains, l'une est sur le volant, la deuxième sur la boîte à vitesse, et des allers retours entre cette dernière et sa bouche pour pouvoir fumer.

Je ferme les yeux en soupirant puis repose ma tête sur l'épaule de mon ami, en me laissant emporter par la conversation d'Elie et Omar.

- On reste ici deux jours après on va où déjà ?

- Saïdia

Omar sourit puis répond :

- Ça tue, c'est demain soir que tu combats Polak ?

- Ouais

Amir fait exprès de bouger pour me déranger et je fronce les sourcils avant de souffler :

- Tu me casses les couilles...

- Toi aussi, je sens plus mon épaule vielle meuf !

Je ris avant de pincer la peau de son bras et de prendre en main mon téléphone.
Les deux heures d'avion m'ont salement eu, et même s'il n'y a qu'une heure de décalage horaire, l'impression d'être à côté de la plaque est plus que présente.

Nous sommes à Marrakech.

Mathieu a un combat demain soir, ainsi qu'un deuxième dans une ville un peu plus loin de celle-ci.
Et Amir ainsi qu'Azalée, qui entre temps se sont plus que rapprochés, sont également du voyage et m'ont bien sûr embarqués.
Et comme la situation semble être un peu apaisée entre le polonais et moi, alors qu'il ne s'est absolument rien passé, j'ai accepté.
Même si j'avais beaucoup d'appréhension, surtout quand j'ai su la destination de notre voyage, qui je le sais, va me replonger dans des souvenirs encore intacts dans ma mémoire.

- Amir, tu dors avec moi ce soir ?

- Jamais, tu prends toute la place

- Mais j'aime pas dormir seule... c'est archi glauque l'hôtel, seule

Je tourne ma tête et fais la moue alors que lui, ne faibli pas.

- C'est juste une nuit hein, ta pote nous rejoint demain

Je penche ma tête sur le côté pour l'attendrir un peu plus mais il tourne la sienne pour m'ignorer.

Amir :
Stuve je demande à Polak de venir te border

Je soupire et verrouille mon téléphone sans lui répondre, puis quelques minutes plus tard Mathieu s'arrête pour qu'on puisse sortir de la voiture.
On entre donc tous à l'hôtel et on se plie aux formalités pour récupérer l'accès à nos chambres.

- Tu vas dormir Leena là ?

- Ouais, tu me réveille en fin d'après-midi ?

Amir hoche la tête et je souris au reste du groupe avant de monter à l'étage pour retrouver la pièce qui m'accueille pour quelques jours, puis je me déshabille avant de m'allonger sur le lit et fermer les yeux.

Je me fais réveiller par de violents coups adressé à la porte qui me donne l'impression d'assister à un tremblement de terre, mais qui a le mérite de me sortir immédiatement de mon sommeil.
Je me lève et enfile une robe avant d'ouvrir à mon ami qui me rejoint tout en regardant son téléphone.

- Une vie pour ouvrir !

Je ne réponds pas et me rallonge sur le lit, suivi d'Amir qui fait de même.

- J'appelle Azalée

- Vas-y

Je me mets sur le ventre et reste appuyée sur le matelas à l'aide de mes coudes pour pouvoir avoir accès à l'écran qui affiche nos deux visages, à Amir et à moi.

Puis celui d'Azalée apparaît, elle sourit et frotte ses yeux.

- Yo les gars !

Je souris.

- Ça va ma biche ?

Elle hoche la tête et Amir prend le relais.

- T'as fini le taff ?

- Ouais... j'suis entrain de faire ma valise là

- Ton vol est à quelle heure ?

- J'dois être à onze heures à l'aéroport, j'pense que demain à quinze heures j'serais là

J'hoche la tête avant de me redresser pour quitter le lit et rejoindre la salle de bain où je prends le temps de prendre une douche pour ensuite m'habiller, et quand je sors de la salle d'eau, Amir est devant la fenêtre, dos à la vue, face à moi.

- Ils nous attendent en bas

- Ok, de toutes façons j'suis prête

Il sourit et s'avance vers la porte de la chambre puis l'ouvre pour qu'on puisse en sortir.
Une fois en arrivés en bas, je remarque que les garçons sont déjà dehors et semblent discuter, alors on s'approche d'eux, et je ne peux m'empêcher de me sentir de trop quand je perçois le regard de Mathieu sur moi.

Même quand j'arrive à leur hauteur et qu'Elie passe son bras sur mes épaules, même quand une fois installés à une table d'un restaurant précieusement choisi, Amir m'embrasse la tempe.

Je ne me sens pas à ma place.

Azalée me manque. Si elle avait été là, je suis sûre que j'aurais eu moins de mal à m'intégrer.

- J'reviens, j'vais fumer

Je me lève, sors mon paquet et un briquet avant de retrouver l'air extérieur et d'allumer la tige de nicotine qui m'apaise la seconde d'après.

Quelques minutes plus tard, j'entends du mouvement derrière moi et tourne ma tête pour constater que la personne qui vient d'arriver est seulement Mathieu, qui répète le même schéma que moi précédemment, en s'approchant, pour finalement s'arrêter à côté de moi.

On ne parle pas, on ne se regarde même pas, on se contente du silence qui nous lie depuis mon retour en France, en observant l'horizon, tout en continuant de fumer.

Mais lorsqu'un enfant devant nous tombe à cause d'un autre enfant qui l'a poussé, et que leurs rires parviennent à mes oreilles, je ne peux retenir le mien plus longtemps.

Machinalement, je tourne ma tête comme pour vérifier si le blond rit aussi, mais l'étirement de mes lèvres s'estompe quand je remarque qu'il sourit juste, en me regardant.

- T'es toujours une connasse hein...

Mon sourire réapparaît, plus franchement cette fois-ci, me rappelant du nombre de fois où il m'a défini avec cet adjectif auparavant.

- Y'a des choses qui ne changent pas

J'hausse les épaules et lui adresse un sourire une dernière fois en me retournant pour être face à lui, je reste une poignée de secondes dans cette position, puis je me retourne complètement pour rejoindre les autres, car j'ai déjà fini de fumer.

uppercut ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant