vingt-huit

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leena ;

- J'me sens pas bien, t'as pas un doliprane ?

Azalée tourne sa tête vers moi et acquiesce, avant de froncer les sourcils.

- Mais t'es toute pâle ?!

- J'ai super chaud, j'ai la tête qui tourne... j'ai envie de vomir

Elle se lève et me rejoint en s'appuyant sur le bureau d'un élève. Sa main se pose mon front et elle grimace.

- Tu dois avoir de la fièvre. Tu devrais monter te reposer, la journée est finie, essaie de dormir un peu puis si demain ça va pas, on ira voir s'il y a de quoi te soigner aux alentours

J'hoche la tête et soupire en fermant les yeux.

- Tu veux pas m'accompagner ? J'tiens presque pas sur mes jambes

- Tu veux que j'appelle Julien ? Pour qu'il te porte ?

- Nan, tranquille c'est bon, en plus il est avec Samia pour le repas

Elle sourit faiblement avant de se mettre derrière moi et de réunir mes cheveux en une tresse.

- T'auras peut-être moins chaud comme ça...

Azalée se retrouve à nouveau face à moi et elle m'adresse un signe de tête pour que je la suive.
Arrivée dans ma chambre, j'enlève la totalité de mes vêtements afin de me retrouver qu'avec le nécessaire pour couvrir mes parties intimes.

Je tousse légèrement en cherchant de l'air avant de m'allonger.

- Je vais descendre, j'en parle quand même à l'équipe, au cas où, faudrait pas que t'ai chopée un virus hein...

- Putain j'avoue la merde...

- J'viendrais te voir avant d'aller me coucher, et si vraiment ça va pas avant ça, t'as de quoi m'appeler ?

- Ouais, mais t'inquiètes pas, j'suis déjà en train de m'endormir là

Je m'allonge plus confortablement sur mon lit et souris de manière détendue en fermant les yeux.

- Tu transpire grave quand même hein...

- En même temps il fait encore trente degrés alors qu'il est vingt heures

- Mais t'es brûlante... t'es sûre sur que tu veux pas dormir avec moi ? Dans ma chambre ?

- Non t'inquiètes, merci en tout cas

Je l'entends soupirer du nez avant de déposer un baiser sur mon front et sortir de ma chambre.
Pendant que moi, je me sens partir dans un sommeil profond.

Quelques heures plus tard, je sens une main gelée se poser sur ma joue et je fronce directement les sourcils avant de claquer des dents.

- Putain Leena... ça ne va pas mieux hein ?

- J'ai chaud, j'ai froid...

Elle s'allonge à mes côtés et ses bras viennent m'entourer, je l'entends me murmurer des mots réconfortants, avant qu'elle m'informe :

- J'ai parlé au médecin du village d'à côté, il arrive demain matin à la première heure ma belle, ça va aller... t'inquiètes pas. Il va venir avec de quoi te faire les premiers secours au cas où

Je ne réponds pas et me force à fermer les yeux pour retrouver le sommeil. Et j'y arrive tant bien que mal, en me réveillant régulièrement, en sueur, gelée, transpirante, haletante, en manque d'oxygène.

- PUTAIN MAIS C'EST QUOI ÇA ?!

Je sursaute à l'entente de la voix de mon amie qui s'est visiblement endormie avec moi, et je me redresse brusquement avant d'hurler de douleur en même temps que mes mains se positionnent sur mon dos.

- Azzalée...mon dos... mes cuisses...

Je ne vois rien à cause de l'obscurité de la pièce mais ma panique augmente un peu plus quand j'entends les mains de mon amie claquer contre ce qui me semble être du liquide.

- Du sang... il y a du sang Lee'...

Je grimace et ma respiration se bloque avant que mon corps soit épris de violents soubresauts.
Mes oreilles se bouchent et maladroitement, mes doigts glissent sur le matelas avant de rencontrer à leurs tour, le liquide qui a en croire les dires d'Azalée, est mon sang.

J'ai l'impression que mon âme quitte mon corps, d'être spectatrice d'une scène d'horreur. J'entends partiellement la voix de mon amie hurler dans la chambre, puis dans le couloir.

Elle demande de l'aide.

Elle dit que c'est grave.

Que c'est urgent.

Et ça ne fait qu'augmenter la pression que je ressens au plus profond de mon cœur.

Surtout quand à peine quelques minutes plus tard, des voix d'hommes me parviennent aux oreilles.

Je sens des mains me toucher, un tissu m'envelopper.

Et je réussi à ouvrir les yeux juste après que la lumière du jour claque contre ma peau.
J'ai l'impression d'être dans un autre monde, je tourne ma tête sur le côté et me sens rassurée quand je retrouve des visages familiers.

J'ai envie de pleurer mais je n'y arrive pas, et quand je vois la mine dépitée du médecin qui arrive avec précipitation. Je comprends que ce qu'il m'arrive a l'air réellement grave.

- Il y a aucun hôpital ici... il faut un hélicoptère d'urgence, par contre ça risque de coûter très cher...

La voix de Julien répond à cette phrase qui me met dans un état second.

Je ferme les yeux puis je me sens secouer dans tous les sens.

Tout va très vite, le bruit, le vent, les secousses.

Les lumières, les cris, l'agitation.

Et moi, qui me sens impuissante. Et qui n'a même pas envie de me battre ne serait-ce qu'un peu.

Pourtant je me réveille, je ne sais pas quand, je ne sais même pas où.

La seule chose que je vois en ouvrant les yeux, c'est Azalée, et c'est Julien.

Et quand ils se mettent à me raconter ce qu'il m'est arrivé, je me mets à pleurer.

On vient de me faire reculer, je viens de faire un putain de bond en arrière.

Jusqu'à ne pas réaliser.

À nier.

Pour ensuite me forcer à avancer.

De toute façon ça aussi, ça va passer.

uppercut ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant