vingt-et-un

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leena ;

Des corps sans vie, j'en ai déjà vu. Plus d'une fois.
C'est même à vrai dire fréquent, pourtant aujourd'hui tout est bien différent.

Car le visage de l'homme en face de moi est le reflet de mes propres traits, et que par curiosité j'ai vérifié son nom de famille, avant d'être tétanisée.

Je ne sais pas si j'ai mal, si je suis triste ou si je suis juste choquée.

J'avais toujours crû qu'il n'était plus dans cette ville, parfois même dans ce pays.

Pourtant il est là, devant moi.

Mais mort.

Il ne peut donc plus répondre à mes questions.

Pourquoi nous a t'il abandonné ?

Est-ce qu'un jour il m'a aimé ?

Je soupire et ferme les yeux en me résignant. Je ne le saurais jamais.

Le cœur lourd et le visage inondé de larmes, je baisse la tête avant d'être interrompu par l'infirmière qui s'avance vers moi.

- Leena, prend ta soirée, j'ai parlé avec Luc, il est d'accord...

Elle se reprend un instant, puis continue doucement :

- Enfin je veux dire, tu peux rester ici hein, juste... tu peux quitter ton poste

J'hoche la tête en ravalant mes larmes et reste figée devant le lit d'hôpital pendant un moment.

Le temps qu'il me faut.

Puis je m'enfuie de la pièce à pas pressés pour dévaler les escaliers et atterrir au rez de chaussée.

Au contact de l'air frais, je me mets à pleurer deux fois plus en me lâchant complètement, profitant du fait d'être seule.

Et lorsque j'entends les portes coulissantes s'ouvrir derrière moi, je ne réagis pas, je ne me retourne pas.

La personne qui passe à côté de moi ne me regarde pas, mais elle s'arrête pour se retourner, et on marque tous les deux un temps d'arrêt en se retrouvant face à face.

- Leena...?

Mathieu fronce les sourcils et revient sur ses pas pour que son visage soit face au mien, il a les yeux rougis et les traits fatigués.

Et je n'ose pas imaginer mon état qui doit être alarmant à en croire la façon dont il me détaille.

- Leena pourquoi tu pleures...?

Il s'avance un peu plus.

- Qu'est-ce qu'il se passe...?

Je le vois hésiter, mais il ose demander :

- C'est grave...?

Sa main retrouve ma joue qu'il caresse comme à son habitude et il ne m'en faut pas plus pour que mes larmes se multiplient encore et encore.

- Qu'est-ce que tu fais ici...?

Il soupire et baisse la tête.

- C'est ma grand-mère...

- Qu'est-ce qu'elle a...?

- Rien. Rien de grave. Elle a fait un malaise mais j'ai eu la peur de ma vie, elle est ici depuis trois jours

J'hoche la tête.

- Et ça fait aussi trois jours que je prie pour te croiser, pour au final te retrouver entrain de pleurer... pourquoi tu ne me répondais pas...?

uppercut ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant