dix-neuf

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mathieu ;

Assis sur le siège conducteur, je fixe le volant puis baisse la tête avant de la tourner vers Juliette à mes côtés.

Les flashs de Leena à genoux sur le siège que la blonde occupe aujourd'hui me reviennent en mémoire et je ferme les yeux.

- Mais pourquoi...?

- Vas-y Juliette tu vois bien que ça mène à rien, j'suis même pas un peu investi

Ses yeux me scrutent et encore une fois le visage de la brune apparaît dans mon esprit, alors pour au moins jouer la carte de l'honnêteté, ne serait-ce qu'une fois, j'ose articuler :

- J'ai couché avec une autre

La blonde écarquille les yeux avant que son visage ne se torde de tristesse et que ses larmes inondent ce dernier.

J'ai de la peine mais je ressens du soulagement, mélangé à du regret, celui d'être resté en pensant qu'elle était celle qui me rapprochait de mon inaccessible souhait.

- Mais quoi...? Mais pourquoi...? Avec qui...? Quand...?

Je soupire et passe une main sur mon visage.

- Ça n'a pas d'importance... franchement

Juliette mord sa lèvre avant qu'un sanglot éclate dans l'habitacle.

- J'suis désolé

- T'es désolé...? Mais t'es quel genre de connard en fait ?!

Je ne réponds pas et détourne le regard en laissant tomber mon crâne sur l'appui tête, comprenant qu'être resté auprès d'elle juste pour approcher la brune était l'idée la plus pourrie du siècle.

Et quand Juliette se met à crier en pleurant, mes oreilles se bouchent pour ne plus entendre ce qu'elle me dit.

Et pourtant.

J'arrive à percevoir quelques bribes de ces phrases.

« Putain mais ça fait pratiquement sept mois qu'on est ensemble et tu me balance ça, comme ça ?! »

« Elle a quoi ? T'étais bourré ? »

« Si c'était juste une pulsion, on peut en discuter »

Et quand j'ai posé une dernière fois mes yeux sur elle pour maintenir mon silence, elle a explosé.

« T'es le pire mec du monde Mathieu »

« De toute façon une grosse merde comme toi ne réussira pas, jamais »

« Continue de faire ton sport de merde, tu sais faire que ça »

Puis elle s'enfui de la voiture pour rejoindre son appartement alors que moi je regarde toujours mon volant.

Le sang qui coule dans mes veines devient brûlant, bouillant.

Et mes mains se serrent contre le cuir de l'élément qui dirige ma voiture, que je demarre en trombe pour retrouver la salle de boxe.

J'entre avec précipitation et allume la totalité des lumières avant d'enlever mon pull et d'enfiler mon short, pour enfin taper de toutes mes forces, pour évacuer la haine qui s'accumule un peu plus chaque minute.

Puis en sentant que mon souffle ne suit plus du tout le rythme de mes coups, je m'arrête et m'assois mollement sur le banc en fixant la porte de la pièce en espérant qu'elle s'ouvre, pour que Leena puisse apparaître avec son allure désinvolte, son chignon lâche et ses vêtements trop grand qu'elle enlèvera pour se dévoiler en tenue moulante afin d'être à l'aise dans ses gestes.

Mais j'ai beau attendre elle ne vient pas, et je sors de la salle après avoir pris une douche.

Je prends ensuite le temps de récupérer mon petit frère et ma petite sœur qui paraissent contents de me voir, alors que moi je guette toutes les trente secondes mon téléphone pour voir si Leena m'a écrit.

Mais je le range en essayant de prendre de recul.

Lorsque je m'arrête devant le hall, je tourne la tête vers mon frère, avant de faire la même chose pour regarder ma sœur.

- Montez, j'reviens

Ils hochent la tête et sortent de la voiture, j'attends de voir qu'ils disparaissent dans les escaliers pour sortir également et rester un peu avec mes amis que j'ai pas vu depuis longtemps.

Et je me précipite sur mon téléphone qui sonne en pensant que c'est elle.

Mais soupire quand je constate que ce n'est qu'Enzo, mon petit frère, qui m'appelle :

- Allô ?

- Mathieu il faut que tu viennes, je crois qu'il y a un problème !

- Hein, quoi ? Y'a quoi ?

Je m'écarte du bruit et bouche mon oreille pour que celle collée à mon téléphone réceptionne le plus possible la voix à travers le combiné.

- Bah je sais pas, on est rentré on pensait que mamie dormait. Sauf que là Léna elle lui parle mais elle ne répond même pas, c'est trop bizarre

Je fronce les sourcils.

- Attends, attends, dis à Léna de secouer son bras vite fait, aussi bien elle dort

J'entends de l'agitation et je ferme les yeux en espérant entendre une insulte venant de ma grand-mère qui déteste se faire réveiller.

Mais rien.

Mon cœur se met à battre de plus en plus vite jusqu'à littéralement se tordre quand la voix de mon frère murmure en sanglot :

- Nan... elle ne bouge pas... s'il te plaît, viens...

uppercut ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant