GUILD WARS | La Rôdeuse d'Ascalon, Tome 1 : La Chute d'un Royaume

Chapitre 15 : Regroupement

« Je n'ai pas peur de la mort. Pourquoi en avoir peur ? Ceux qui périssent aujourd'hui ou demain rejoindront Grenth qui envoie les valeureux dans le Panthéon. Je sais ce que je vaux, je ne serais pas condamné à l'Outre Monde » dernière parole d'un soldat, mortellement blessé, 1072 Ap.E.

Meerak, assis contre les barreaux, le visage déformé par les coups et les cicatrices, regardait fixement la rôdeuse et arborait son habituel regard affaibli, qui cette fois-ci n'avait rien de faux... Il était enchainé solidement à l'intérieur de sa cage de bois, vêtu pour tout vêtement de son pantalon déchiré, sa chemise lui ayant été retirée probablement après que les charrs y aient trouvé son arme improvisée... Il fixait Rhona d'un air abattu, vaincu.

- Petite... Tu... Tu te réveilles ? lui demanda-t-il en chuchotant tellement bas que la rôdeuse eut toutes les peines à l'entendre.

La jeune femme rouvrit lentement les yeux après un long clignement, avant de hocher vers lui. Elle voulut lever une main, mais se rendit vite compte qu'elle était également enchainée dans la même cage que Meerak, mais du côté opposé. Son regard se posa rapidement sur les chaines avant qu'elle n'aperçoive ses mains, puis ses bras.

Écarquillant les yeux, son sang ne dit qu'un tour quand elle découvrit avec horreur l'état dans laquelle Main Noire l'avait laissé. Des morsures et autres piqures d'insectes parcouraient son corps, de ses pieds jusqu'à sa tête.

Kaargoth avait pris soin, tout comme pour Meerak, de ne lui laisser que le strict nécessaire en termes d'accoutrement. Une vieille chemise sans manche et un pantalon déchiré jusqu'aux genoux, ses pieds nus couverts de terre et de boue séchée. Elle voulut se redresser, un acte bénin qui eut pour conséquence de la faire gémir de douleur, comme si le sortilège auquel elle avait eu droit faisait encore effet... Heureusement, la douleur fut bien moins intense.

- Qu... Qu'est-ce... Qu'il s'est passé ? s'enquit-elle à son camarade.

- Kaargoth nous a vaincus... J'ai... J'ai été faible... Je suis désolé.

Elle le regarda en penchant légèrement la tête d'un air interrogateur, ne voyant absolument pas de quoi Meerak voulait parler. Celui-ci continua donc :

- J'ai perdu connaissance après avoir trop forcé sur la magie... Tu t'es retrouvée seule face à Kaargoth et ses deux serviteurs. Après, de ce qui se dit dans le camp... Tu as vaincu ses deux morts-vivants, et manqué de tuer Kaargoth. Vu tes blessures, il a dû se défouler à volonté sur toi.

À l'évocation du sort, Rhona ne put s'empêcher de regarder une nouvelle fois son corps meurtri. Les blessures ne semblaient toutefois pas très récentes.

- C'était... Quand ? Je ne me rappelle de rien après que tu ais fait exploser ton bouclier de lumière. Dit-elle faiblement.

- Il y a cinq jours. Depuis, Kaargoth et son larbin nous ont laissés tous les deux en cage. Il a fait appel à une troupe à côté, je pense, et il y'a quatre charrs supplémentaires désormais.

Elle jeta un œil au campement à travers ses barreaux, constatant que Meerak avait raison. La garde avait été renforcée, l'enceinte terminée grâce aux bois que Rhona et ses camarades avaient coupés... Toute fuite semblait désormais hors d'atteinte.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant Rhona ? interrogea le vieil homme.

- Rien... On attend de mourir... Répondit-elle, désespérée et tournant le dos à Meerak, mais aussi aux charrs qui les regardait de l'autre côté des barreaux en arborant un sourire moqueur.