Chapitre 8 : Ne jamais dire jamais. (3/4)

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La voix de Julian avait résonné dans le dos des deux jeunes filles, Alice rentra dans l'appartement alors que Julian en sortit, fermant cette fois la porte vitrée derrière lui. Et il se posa, comme Alice, à côté de Mary, qui s'éloigna de lui. 

Elle lui en voulait, il s'en voulait lui aussi. Il essayait au maximum de rester lui-même. Alice le connaissait bien, se passer de l'eau fraiche sur le visage l'avait toujours aidé à être un peu plus normal, un peu plus conscient de ses actes. Au moins il allait pouvoir discuter réellement avec Mary. Ce qui n'allait pas être chose facile puisque de toute évidence, elle était fermée sur elle même. Il tenta de lui prendre sa main gauche de sa main droite, en vain, elle refusa. Ramenant ses deux avant-bras croisées sous sa poitrine, son regard toujours dirigé vers les vignes, et ses larmes toujours retenues au maximum.

-Je ne savais pas Mary. Pour ton père...
-Je sais.

Elle était incroyablement froide, se protégeant de toute émotion,essayant tout du moins. Il s'essaya à la regarder. Elle était recourbée, signe que son passé ressurgissait, comme la fois sur le banc où il avait appris la mort de son père. Il passa une main sur son visage, se forçant à être sérieux, luttant contre les effets hilarants du THC. Mary le savait, et ça ne faisait qu'accentuer sa colère.

-Tu m'en veux ?
-Oui.
-Je m'en veux aussi.

Julian luttait tellement, contre son envie de rire, toujours et encore, il inspira une grande bouffé d'air frais, ce qui l'aida à rester calme et sérieux.

-La bonne affaire !
-Je peux dire quoi d'autre ?
-Rien, c'est même pas la peine de discuter, Julian. T'es pas clair, tu risques de me sortir des conneries, des choses que tu penses pas, je ne vois pas l'intérêt de te parler, là, tout de suite.
-Je comprends tout ce que tu dis. Et ton intonation m'empêche largement de rire, si tu veux savoir.
-J'ai peur pour toi.

Elle lui avoua, simplement, sincèrement, en se tournant vers lui, presque vacillante, luttant pour réagir et s'expliquer.

-Mon père, avait les mêmes yeux que moi. Et toi et moi, on a les mêmes yeux. J'ai trop souvent vu mon père dans un état second, les yeux rougis,comme toi, en ce moment. Et ça l'a mené droit dans un arbre. Tu comprends ?

Sa voix était tremblante, lui luttait contre un bonheur faussé, elle contre une peine infinie. Il ne savait plus quoi dire, mais tenta de parler quand même.

-Oui. Mais jamais-
-Ne jamais dire jamais.
-Je t'aime Mary...

Il s'en voulait à mort.

-Ne me dis pas que tu m'aimes pour me calmer !
-Je ne sais plus quoi te dire.
-Julian j'étais déjà angoissé à la base, de savoir que tu partais en tournée. Mais dis-moi.

Elle insista, à ce moment là, pour qu'il la regarde dans les yeux.

-T'es au courant que de la coc, du crack, des amphets circulent dans les salles de concert ? Comment je suis censée être sereine si je te vois dans un état pareil avec tes amis ? Alors que tu seras avec des inconnus formés pour te vendre toutes sortes de choses pendant trois semaines !
-Je te jure que je ne toucherai à rien d'autre ! -Il lui prit ses deux mains-Je te le jure, tu me crois ?
-J'aurais aimé que tu me dises que tu ne toucheras plus jamais à quoi que ce soit.
-Mais Mary c'est...
-C'est comme ça que ça commence.
-Je te jure de ne plus jamais me montrer dans un tel état devant toi.
-T'es même pas net en me disant ça...
-Je t'en fais la promesse ! D'accord ?

Elle acquiesça, n'y croyant qu'à moitié. Il la serra dans ses bras. Elle se laissa faire. Elle voulait partir de cet endroit, ne plus sentir cette odeur. Julian se détacha d'elle et lui fit comprendre qu'ils allaient rentrer, après tout il était près d'une heure du matin, c'était une heure convenable pour partir. Ils saluèrent tout le monde, Mary insista pour remercier Alice... Les autres de toute manière, ne captaient plus rien.

Les Vignes de la TendresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant