Chapitre 3 : Vivement que tu finisses comme ton père ! (1/2)

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Vendredi 3 septembre 2010

Mary se retrouvait seule dans la maison des Mathis, une fois de plus. Christophe et Anna étaient de sortie, au restaurant, comme pratiquement tous les vendredis soirs. Mina, elle, était au cinéma avec son Nicolas adoré. Mary ne l'avait pas mal pris, mais elle commençait tout doucement à moins apprécier le calme et le silence. Elle n'avait plus d'inspiration pour jouer à la guitare ou même pour écrire, et tout ces paramètres ne faisaient que la plonger plus profondément dans sa bulle triste et lugubre. Jamais elle n'aurait pensé se lasser d'une si belle maison, et pourtant, au bout d'une semaine à peine, elle n'en pouvait déjà plus. Il fallait qu'elle sorte. Elle avait besoin de voir autre chose.

Un seul endroit lui faisait envie, le point de vue que Julian lui avait montré. Ils s'étaient écrits des textos au cours de la semaine pour garder le contact, mais ils ne s'étaient pas revus. Elle savait bien que ce n'était pas prudent de sortir seule, le soir dans les rues, et que sans voiture, ça lui ferait une bonne demi-heure de vélo pour arriver à Châtenois, le village de Julian. Mais pour la première fois depuis longtemps, elle avait envie de faire quelque chose. Alors peu lui importait, elle irait dans les vignes, quoiqu'il arrive.

Elle enfila son slim noir fétiche, un haut noir basique et un gilet. Les soirées étaient fraiches en Alsace, début septembre. Elle n'omit pas de prendre son sac, son portable et ses papiers, plus prudente qu'à son habitude. Elle sortit et commença à rouler, sa musique dans les oreilles, comme toujours. Et puis, elle en profitait aussi pour découvrir les paysages, et quelques boutiques devant lesquelles elle passait. Elle apprenait à connaitre ce coin de France, essayant de n'en perdre aucune miette. Comme prévu, elle arriva au pied des vignes une trentaine de minutes plus tard...

Elle s'en approcha, contente d'y être arrivée. Elle devait un peu marcher, et grimper, non sans efforts. Mais quelque chose clochait. Des personnes étaient déjà là, au point de vue, elle entendit des voix en s'y rapprochant, discrètement. Forcément, à quoi elle s'attendait, Julian et elle n'étaient de toute évidence pas les seuls à connaitre cet endroit, et il était normal qu'un des nombreux couples du centre Alsace vienne s'y réfugier un vendredi soir. Seulement, en s'en approchant encore un peu plus, sans un bruit, elle vit que ce n'était pas un couple comme un autre. Il s'agissait de Julian, accompagné, très certainement, de sa petite amie, Alice. Sauf s'il la trompait, et ça, elle en doutait, et ne voulait surtout pas, le croire. Elle ne comprit pas pourquoi mais elle ressentit un véritable sentiment de déception. Et elle avait soudainement envie de crier au monde entier qu'elle en avait marre, de tout. Alice et Julian, ensemble, avaient l'air tellement heureux, tous les deux. Elle, était adossée contre lui, et leur sourire ne s'effaçaient pas. Pourquoi, eux, y arrivaient ? Et pas elle ?

Elle fit demi-tour, mais ne se découragea pas, elle voulait s'oublier face à la plaine. Elle sentait comme un besoin de voir ce beau paysage et de sentir le soleil coucher dans son dos. Alors elle s'assit, seule, sur le sol, dans les vignes, face à une vue dégagée... Mais la vue n'égalait pas celle espérée, pas du tout, et elle n'était isolée de rien. Elle entendait la circulation à proximité, et le vent s'abattre sur sa peau. Elle lâcha l'affaire et décida de rentrer, de ne plus penser à cette soudaine envie d'évasion qui l'avait prise. Elle se dépêcha, cette fois, contrairement à l'aller où elle avait pris son temps, pour faire passer le temps, il fallait bien le dire. Sans même s'en rendre compte, la musique toujours dans ses oreilles, Mary faillit se faire renverser deux fois au moins. Mais, pour elle, peu importait....

La maison était vide quand elle retrouva ses murs blancs et ce silence, pesant. Elle se dirigea vers la piscine, certainement le seul endroit qui lui faisait envie. Comme la semaine précédente, elle se laissa absorber par les mouvements de l'eau. Elle se laissa également bercée par le silence du quartier où elle percevait seulement quelques cris d'enfants qui jouaient ensemble. 

Les Vignes de la TendresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant