Chapitre 14 : C'est faible. (1/2)

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Julian mourrait, il partait.

Et à peine avait-elle relevé la tête pour regarder Julian, que des bras l'encadrèrent en la tirant vers le fond de la chambre. Laissant la voie libre à des infirmières, des médecins, une multitude de gens ramenant un défibrillateur. Mary n'était plus de ce monde, criant, pleurant,s'arrachant les poumons en demandant désespérément à Julian de se battre, en criant son nom, comme si ses paroles avaient le pouvoir de ramener Julian.

Une fois, le corps de Julian se souleva sous la puissance des deux palets du défibrillateur, et rien.

Deux fois, rien ne se passait, rien du tout, et Mary se sentait mourir dans les bras de Nathan, vivant son pire cauchemar, son monde s'écroulait, sa vie perdait tout sens, et elle continuait d'hurler, de se débattre comme une folle.

Trois fois, et enfin, le son redevint irrégulier, signe que Julian résistait à la mort.

Elle fut pousser vers la sortie, les bras de Nathan l'encerclant toujours, alors que Mary fondit en larmes, tout simplement. Heureusement que son grand frère de cœur était là, qu'il ne la lâchait pas. A bout de force, aussi bien lui qu'elle, Nathan se laissa glisser contre un mur, dans le couloir, gardant Mary dans ses bras, écartant les jambes pour qu'elle reste dos à lui, qu'elle puisse pleurer, qu'elle puisse laisser son cœur explosé, une bonne fois pour toute, que ses larmes sortent, des larmes trop souvent retenues.

Elle ne se calmait pas, n'y arrivait pas, malgré les mots rassurant de Nathan, malgré ses bras tendres autour d'elle, rien n'y faisait, toute sa peine se traduisait dans ses larmes et ses sanglots plus violents les uns que les autres. Mary craquait, pour de bons, elle craquait, pour tout.

Ne sachant plus comment s'y prendre, Nathan se leva et prit la main de Mary pour qu'ils sortent de l'hôpital, ensemble. Ils arrivèrent au niveau d'un banc, dans le jardin du centre hospitalier. L'air frais avait réussi à apaiser les pleures de la jeune fille. Ils se posèrent côte à côte, Mary remonta ses pieds sur le banc et serra ses genoux contre sa poitrine après avoir posé sa tête dessus...

Nathan passa son bras autour des épaules de la jeune brune, la rapprocha de lui, puis l'embrassa affectueusement la tête. Elle lui ouvrit son cœur, elle continuait de pleurer, plus calmement, mais elle ne pouvait plus s'arrêter.

-C'est bon Mary, il est sorti d'affaire.
-Je ne peux pas vivre sans lui. J'ai trop besoin de lui.
-Oui, je sais...Mais tu n'auras pas à vivre sans lui.
-Tu crois ?
-Oui.
-Nathan, pardon... Excuse-moi de m'être mis dans un tel état, devant toi.
-Ça ne fait rien.
-Si, c'est honteux, c'est faible.
-C'est normal de péter les plombs quand tu vois la personne que tu aimes mourir.
-On doit y retourner.
-D'abord, tu te calmes. Parle-moi, dis-moi tout ce que tu veux, soulage-toi.
-Il a besoin de nous.
-Il n'est pas seul. Vide ton sac, je suis là.
-Tu sais... à la mort de mon père je me suis fait la promesse de ne plus pleurer tant que rien n'est joué. Mais là, c'était trop dur. J'ai eu l'impression de mourir, sans Julian, je meurs, c'est sûr, il n'y a que lui qui me retient.
-C'est une promesse débile...
-Certainement.
-Mary, tu ne peux pas être dépendante de lui, comme ça.
-Mais je ne vis que pour lui.
-Non, tu ne dois pas. Je me répète, tu ne peux pas.
-Mais je fais quoi, alors ?
-Tu te trouves d'autres piliers.
-Toi ?
-Oui, par exemple. Et maintenant, tu m'écoutes. Ce soir je veux que tu rentres chez toi. Tu as besoin de dormir, de retrouver ton lit, de prendre une douche digne de ce nom, pas comme ici.
-Non, je reste.
-Non. Je te l'interdis. Tu dois dormir... Laisse ton portable allumé, je te joindrai si quelque chose se passe, je te le jure. Ça te fera du bien, j'en suis sur.
-Nathan je-
-Je ne te laisse pas le choix. Tu rentres avec mes parents et je reste auprès de Jul' ou je te ramène de forces et il reste seul.

Les Vignes de la TendresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant