Chapitre 5

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La panique. C'est exactement ce que je ressens en ce moment, de la panique. Comment dire à ses amis que vous avez découverts que vous voyagez dans le temps. Qu'il s'est passé beaucoup trop d'événements qu'ils ne pourront même pas comprendre. Que vous savez ce qui arrivera à la planète dans une trentaine d'années. Que vous êtes plus vielle qu'eux. Mais surtout, que tout ça s'est passé en une seule nuit pour eux, par ce que pour vous, c'était il y a quelques mois, déjà.

_ Alors, tu vas nous dire ? Me relança Thibault, tout en me sortant de mes pensées.

_ C'est compliqué à vous expliquer et en plus, je n'ai pas beaucoup de temps. Je suis attendue. Répliquais-je.

_ Alors répond nous rapidement. Repris une autre de mes amies.

J'inspire un grand coup. Je vais devoir le faire. Je leur dois des explications sur mon comportement. Ce sont mes amis, je peux avoir confiance en eux, non ?

_ D'accord, d'accord. Je vais vous le dire. Mais vous n'aurez pas tous les détails aujourd'hui.

_ Ah bas enfin ! Allez dit nous tout.

_ Je suis une voyageuse dans le temps. Si je suis devenu surdoué, comme vous le dites, c'est par ce que le week-end dont vous m'avez parlé, j'ai voyagé dans le temps. J'ai eu une deuxième naissance, une deuxième enfance, une deuxième adolescence. Mais tout ça, pas sur Terre. Dans l'espace dans les années 2100. Ne me croyez pas si vous voulez, mais je dois vous laisser. J'ai ma deuxième mère biologique à rencontrer. On se voit demain.

Je laisse mes amis sur ces paroles déstabilisantes, si on peut dire cela comme ça. Je pars sans me retourner. Je n'ai même pas eu la force de les regarder dans les yeux en leur parlant. Ils doivent me prendre pour une folle. Je suis sûr que c'est eux que j'entends rire, à cet instant. Vivement que je rentre chez moi. C'est peut-être une petite cellule de l'isolement bien pourri, mais au moins, je n'ai pas besoin de mentir à mes amis. Je n'aurais pas à voir leurs regards réprobateurs toute la journée, juste ceux des gardes pervers. La plupart des habitants de l'Arche ne connaissent pas la différence entre un garde d'Alfa et un garde de l'isolement. La vérité, c'est que les regards bienveillants et protecteurs des gardes de la station ne sont plus d'actualités en prison. On vous regarde avec dégoût et méchanceté. Si vous avez le malheur d'être une fille, plus si vous avez des formes, les regards pervers ne se gênent pas. Nombreuses de ces filles enfermées, ont été violées par des gardes pendant leur séjour. Pourtant, personne ne fait quelque chose. On laisse passer par ce que nous sommes condamnées à mourir. Mais si on a la chance d'être libéré, on fait du chantage à ces filles-là. Ça me dégoûte rie que d'y penser. Par chance, rien ne m'est arrivées, du moins pour l'instant. J'ai eu les regards, ça, on ne peut pas y échapper, mais rien de plus. On ne m'a pas touché, ni même essayé de le faire. J'ai de la chance. Je sais que la fille à côté de moi, elle, elle en a souffert. Un soir, je l'ai entendu pleurer et crier qu'on l'aide, mais personne n'est arrivé. On l'a touché sans son accord et personne n'est venu l'aider.

Sans que je ne m'en rende compte, je suis arrivée à l'adresse que mon père m'avait donnée.

13 rue des cochers

J'avance vers la porte. J'ai cinq minutes de retard. « Qu'elle bonne impression fais-je. » me dis-je. Je finis par toquer. Aujourd'hui, je me suis bien habillé. J'ai mis ma robe rouge avec de petites fleurs blanches dessus, et mes bottines à talons noir, style vintage.

A ma plus grande surprise, ce n'est, ni ma mère, ni mon père qui viennent m'ouvrir, mais mon frère.

_ Kyle ! Lui dis-je en lui sautant dessus.

Cela fait plus d'un an que je ne l'ai pas revu. Après la petite soirée où je suis allée, je me suis fait arrêter et je n'ai pas eu le droit aux visites. Il m'avait tellement manqué.

_ Qu'est-ce que tu fais là tête de mule ? T'as enfin lâché Raven ?

_ Ah ah. Très drôle. Ce n'est pas de ma faute si elle veut toujours avoir raison ta pote. C'est papa qui est venu me chercher.

_ Ah, d'accord. Dis surtout que tu l'aimes bien, ma pote, comme tu dis. Répliquais-je en clouant le bec à l'aîné de la famille.

Après un petit moment à se regarder dans les yeux, une voix qui m'est encore inconnue s'invita à notre petit duel de regards sur le palier.

_ A ce que je vois, vous avez l'ère de bien vous entendre.

Je me retourne vers la personne à qui la voix appartient. C'est une très jolie femme. Elle a de long cheveux noir de jais, des yeux d'un vert perçant et un sourire chaleureux. Je devine très vite qui est cette femme. C'est ma mère. Aussitôt reconnu, aussitôt dans mes bras. Nous restons dans cette étreinte chaleureuse et silencieuse pendant un long moment.

_ Qu'est-ce que tu m'as manqué. Dit-elle après un moment, puis elle se recule pour mieux me regarder. Qu'est-ce que tu as grandis. La dernière fois que je t'ai vu, tu venais de naître. Maintenant, tu es une magnifique jeune femme.

_ Merci. Répondis-je un peu gênée.

_ Allez, à table tout le monde ! Lança mon père depuis la cuisine.

C'est dans un rire général que nous rejoignons la table de salle à manger pour déguster le repas que Charles a préparé.

La fin de journée se termina sans incident. La bonne humeur et les anecdotes étaient au rendez-vous. Il a été convenu que je rentrerai sur l'Arche ce samedi. C'est donc soulagée et heureuse que je rentre chez moi, les souvenirs de cette rencontre gravé dans ma mémoire pour toujours.

La Guerrière Au Sang NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant