Chapitre 7

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_ Prisonnière 136, face contre le mur.

Il s'est passé un mois depuis ce soir-là. Je n'ai pas fait grand-chose. En même temps, qu'est-ce que je pourrais faire ? Rien. Je suis enfermée dans une de ces petites cellules d'isolement de la prison de l'Arche. Je me sens toujours aussi sale. J'ai l'impression que cette sensation ne partira jamais. Qu'elle restera avec moi tout au long de ma vie et que je n'ai qu'une chose à faire : vivre avec. J'ai constamment peur que ça recommence. J'en ai une peur bleue. La nuit, je revis la scène. Je ne dormais déjà pas très bien avant ça, maintenant, c'est pire. Chaque nuit, je revis la scène de mon agression et l'exécution de mes parents adoptifs. Je passe mes journées en boule dans mon lit. Je n'attends qu'une chose, sortir d'ici.

Lorsque le garde me demande de me mettre face au mur, j'obéis. La porte s'ouvre sur deux gardes. L'un d'eux, je le reconnais. C'est celui qui m'a agressé le mois dernier. Je refoule mon envie de vomir et attends qu'on me dise ce qui se passe.

_ Tends ton bras Wick. Me dit le garde que je ne connais pas.

Je m'exécute.

_ On dirait que tu t'es calmée depuis la dernière fois. Remarque l'autre. Il se rapproche de moi et je lutte de toutes mes forces pour ne pas fondre en larmes. Je ne lui donnerai jamais cette satisfaction.

_ T'as intérêt à fermer ta bouche. Me chuchote-t-il dans l'oreille.

Une fois son petit manège terminé, les gardes m'emmènent hors de ma cellule. Lorsque je regarde autour de moi, je remarque que je ne suis pas la seule à qui on a mis un bracelet électronique au bras. Ils nous emmènent tous dans un couloir. Lorsque nous arrivons au bout de celui-ci, il y a une porte d'embarquement. On nous emmène sur Terre. Enfin. Ma mère avait raison. J'ai bien fait de lui faire confiance.

En m'asseyant sur mon siège, je suis à la fois excitée et triste de quitter l'espace. La gravité 0 me manquera, ça, je peux en être sûr. Je me demande pourquoi on nous envoie sur Terre. Est-ce qu'ils ont eu envie d'explorer les environs ? Ou ils veulent seulement savoir s'il y a bien des survivants ? Je n'en ai aucune idée, mais cela m'est égal.

Je n'ai pas plus de temps pour y songer, que la capsule se détache de la station. Je tourne la tête à gauche pour savoir qui est mon voisin pour ce voyage. Je découvre un garçon brun avec les cheveux qui lui tombent sur le visage. Il n'a pas l'air très commode. Après un certains moment, des garçon se détachent et flottent dans la capsule. L'un d'eux tourne la tête vers moi. Je le reconnais. C'est Finn, le petit ami de Raven. Je ne savais pas qu'il avait été arrêté. Raven devait être en colère contre lui. Maintenant, je ne sais pas quand ils vont se revoir.

_ Finn ! Qu'est-ce que tu fais là toi ?

_ Eva ! Ça fait longtemps qu'on t'a pas vu. J'ai gâché un mois d'oxygène sur l'Arche en faisant une petite balade dans l'espace. Et toi alors, pourquoi tu t'es fait arrêter ?

_ Oh la la. Tu peux pas t'empêcher de faire des conneries, c'est fou ! Je me suis fait prendre en volant dans un vieux entrepôt. Je mens.

_ Et après c'est moi qui fais des conneries. Ça m'a fait plaisir de te revoir en tout cas. A plus !

Il repartit aussi vite qu'il était arrivé. Peu de temps après, un message du chancelier commença à se diffuser sur les écrans.

_ Prisonniers de l'Arche, veuillez m'écouter. On vous a offert une seconde chance. En tant que chancelier, j'espère que vous ne la verrez pas seulement comme une chance pour vous, mais aussi comme une chance pour nous. Et je dois le dire, pour l'humanité dans son ensemble. On ignore ce qui vous attend. Si les chances de survie avaient été plus élevées, on aurait envoyé d'autres personnes. On vous a envoyé, vous, parce qu'en raison de vos crimes, on se sent le droit de vous sacrifier. Mais ceux qui parviendront à survivre, vos crimes seront graciés et votre casier redeviendra vierge. La zone d'atterrissage a été soigneusement choisie. Avant la dernière guerre, le Mont Weather était une base militaire bâtie sous une montagne. Il devrait avoir assez de nourriture pour trois cents personnes durant deux années entières et aucun de nous ne s'y est encore jamais rendu.

Je m'esclaffe en entendant les mots prononcés par notre très cher chancelier.

_ Mais bien sûr. Et qui nous dit que des personnes y vivent. Après tout, c'est vrai, non ? Il y a bien des survivants qui vivent sur Terre alors pourquoi pas dans cette montagne. Je cris pour que tout le monde m'entende.

_ Qu'est-ce que tu racontes toi. Me dit le brun de ma droite. Je n'ai pas le temps de lui répondre que de grosses secousses nous balancent dans tous les sens. Des cris se font entendre dans tous les recoins de la navette. La tension est montée d'un coup.

Après plusieurs minutes de turbulences, le calme revient. Nous détachons tous nos harnais de sécurité. Nous venons d'atterrir sur terre, nous les cent. Je descends l'échelle pour arriver au rez de chausser. Tout le monde se regroupe devant la porte de la navette. Un grand brun aux cheveux bouclés, porte une veste de garde. Il s'apprête à abaisser le levier de la porte lorsqu'une voix que je reconnaîtrais partout retentit.

_ Stop ! Arrêtez ! Dehors, l'air est peut-être contaminé. Dit Clarke, ma meilleure amie d'enfance.

_ S'il l'est, on mourra tous très vite. Réponds l'homme à la veste de garde.

_ Bellamy ? Prononce une fille qui s'avance vers le jeune homme séduisant.

Plus personne ne parle. Seuls des zigotos chuchotent que c'est la fille sous le plancher. Je la reconnais maintenant. C'est la fille qui s'est fait arrêté le même jour que moi, à la fête. Octavia. Ce Bellamy doit être son grand frère.

_ Oh, c'est dingue. Oh, comme t'as changé. Lui dit celui-ci.

Octavia le prend dans ses bras. Je me souviens du jour où j'ai rencontré mon grand frère, Kyle. Je n'en croyais pas mes yeux. On s'est serré dans les bras tellement longtemps que c'est Raven qui a dû nous séparer. J'étais tellement heureuse ce jour-là. Je rencontrais pour la première fois de mon existence une personne de ma famille. Enfin, c'est ce que je pensais.

_ C'est quoi ce que tu portes ? Un uniforme de la garde ? Demande-t-elle.

_ Je l'ai emprunté pour monter dans la navette. Répond-il. Fallait bien quelqu'un pour te surveiller.

Je me rapproche pour mieux les voir. Ils se ressemblent beaucoup. De vrais frères et sœurs.

_ Où es ton bracelet électronique ? Demande Clarke.

_ Tu permets. Ça fait un an que j'ai pas vu mon frère. Informe Octavia.

_ Toujours aussi sérieuse à ce que je vois Clarke. Je lui chuchote dans l'oreille.

Cette dernière se retourne et me fait un câlin. Je me sens mal à l'aise, mais je fais mine de rien. Je n'ai pas envie qu'on me pose des questions.

_ Personne n'a de frère ici ! Lance une voix de garçon.

_ C'est Octavia Blake, celle qu'on a retrouvé sous le plancher. Lance une autre, de fille cette fois.

La concernée perd patience et essaie de se lancer vers les personnes qui ont crier ces informations. Son frère la retient puis lui chuchote quelque chose que je ne parviens pas à distinguer. Bellamy finit par abaisser le levier. La porte s'ouvre lentement en dégageant de la fumée. Peu de temps après, la lumière nous éblouit. Nous sommes subjugués par la beauté des paysages. Du vert. Des couleurs vivent. Autant de choses, que même moi, ayant pourtant vécu sur cette planète pendant plusieurs années, n'ai jamais vu. C'est tellement beau.

Octavia passe le pas de la porte, descend de la nacelle à pieds joints puis crie.

_ ON EST DE RETOUR BÂTARD !

La Guerrière Au Sang NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant