Chapitre 6

178 12 12
                                    

Me revoilà dans ma petite cellule de l'isolement. La rencontre avec ma mère s'est déroulée il y a trois jours. L'un de mes plus beaux souvenirs de l'année. Le lendemain, je me suis expliqué avec mes amis.

Flash-back :

Dès mon arrivée au lycée, Thibault vient me parler. Il m'a envoyé des messages toute la fin de journée me demandant ce que je voulais dire par « Je suis une voyageuse dans le temps. ». Je lui ai donc répondu qu'il aurait plus d'explication quand on se verrait.

_ Salut, ça va ? Dis-je en essayant de repousser la conversation.

_ Les explications, la politesse plus tard. Dit-il du voix grave qui ne laisse pas la place de le contredire.

Les autres arrivés, je les emmène dans une salle de classe vide. Je ne sais pas comment leur expliquer sans qu'ils me prennent pour une folle, ce qui serait logique, alors je leur prends les mains. Mon père m'a appris que je peux faire voyager avec moi d'autres personnes. Il m'a aussi expliqué que cela prenait plus d'énergie qu'un voyage tout seul, mais qu'en cas de besoin, c'est assez utile. Ça tombe bien, cette nuit, j'ai bien dormi, chose rare depuis que je suis à l'isolement.

_ Allez, prenez-vous les mains. Ça ne va pas vous manger, ne vous inquiétez pas.

Ils me regardent tous avec incompréhension, mais ils finissent par obéir. Je fais comme mon père m'a appris. Je me concentre sur un lieu et une date. Je ferme les yeux en visualisant le lieu que j'ai choisi. Quelques instants après, je sens mon corps partir, puis revenir. C'est très étrange comme sensation. Lorsque j'ouvre les yeux, je ne suis plus dans cette salle de cours. Je suis dans l'appartement de mon frère. Je suis sur l'Arche. Je vois mes amis regarder partout autour d'eux, hébétés. Lucie, une de mes amis, prend la parole.

_ Attend, on est où là ? Me demande-t-elle.

_ Bienvenus en 1149. Vous êtes à bord de l'Arche, précisément dans l'appart de mon frère. S'il découvre que je vous ai emmené ici, il va sûrement criser, alors faites pas de connerie s'il vous plaît.

_ En 1149. Comment c'est possible ? Demande Thibault qui n'en croit pas ses yeux.

_ C'est où l'Arche ? Poursuit Lucie.

_ On est bien en 1149. L'Arche, c'est le regroupement de douze stations spatiales qui étaient en orbite autour de la Terre. Deux ans après le cataclysme, elles se sont regroupées et ont formé l'Arche. Maintenant, ça fait plus de quatre-vingt-dix-sept ans qu'aucun habitant de l'Arche n'est descendu sur Terre.

_ Merde ! Dit Thibault. Mais du coup, comment ça se fait que tu puisses venir ici et tu connaisses cette histoire ?

_ Je vous l'ai dit, je suis une voyageuse dans le temps. Je suis née sur cette station. Le dix-huit juin 2131 exactement. C'est ma deuxième naissance. Je tiens mon gène de mon père.

_ Je comprends pas grand-chose là. T'as eu deux naissances ? Me demande Lucie.

_ Oui. Je lui réponds.

_ Mais comment ça se fait ? Personne n'a deux naissances. Continue Thibault.

Fin flash-back

Au final, j'ai répondu à leurs questions pendant plus d'une heure, puis je les ai ramenés au lycée. Nous sommes partis en cours comme si de rein n'était. Maintenant, ils comprennent pourquoi je suis différente de la fille d'avant. Ils me préfèrent même comme ça. C'est assez drôle. Ils commencent même à m'appeler Eva, ce qui est vraiment gentil de leurs parts. Ils ont également accepté le fait que je devais repartir dans mon époque fétiche. On peut dire que j'ai des amis géniaux.

Je reprends ma vie. Le matin, un garde vient me réveiller pour m'apporter le petit-déjeuner à huit heures. Ensuite, à midi, ce même garde vient m'apporter le déjeuner, puis à dix-huit heures, il vient me chercher pour m'emmener à la douche. Ce garde, je ne l'aime pas. Mais en même temps, qui peut aimer un garde en étant en prison ? Personne, je pense. C'est un homme, la trentaine, la carrure d'une armoire à glace. Je suis quasiment sûr qu'il m'a déjà regardé me laver. Aujourd'hui, ce sera sûrement pareil que les autres fois. J'avoue que je regrette mes douches bien chaudes de chez moi. Au moins, je pouvais me détendre correctement et ne pas avoir peur que quelqu'un me regarde par la porte de la salle de bain. En arrivant dans la salle de bain, j'attends que le garde sort pour me déshabiller, mais il ne sort pas.

_ Enlève tes vêtements. M'ordonne-t-il.

A ce moment là, je suis tétanisée. Je ne veux pas enlever mes vêtements devant lui, impossible. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction.

_ Non. Je réponds. Et puis, tu vas faire quoi ? Me violer, comme les autres ? C'est ce que tu veux ? Non, parce que, qui te dit que je vais être exécuté ? Personne. Alors redescends un peu. Tu ne me toucheras pas. Je dis sur de moi, du moins j'essaie de le paraître.

_ Arrête de faire la maligne Wick, t'es là pour trahison. Jamais ils te feront sortir de ce trou.

En me disant cela, il s'avance un peu plus de moi. Bientôt, je sens son souffle sur ma peau. En même temps qu'il se rapproche, je recule. Mon dos finit par heurter le mur. Il vient poser ses grandes mains sur mes hanches. J'essaie de me débattre, mais il est plus fort que moi. Impossible de me dégager. Il commence à me caresser de partout. Les hanches. Les cuisses. La taille. Le ventre. Les seins. Les joues. Son souffle roque me donne la chair de poule. Il me dégoûte. Je veux partir, mais je n'y arrive pas. J'essaie de crier, mais il plaque sa main sur ma bouche pour m'en empêcher. Il passe son autre main sous mes vêtements. Je peux sentir son érection contre ma cuisse. Je ravale un haut de cœur lorsqu'il défait la ceinture de son pantalon.

La suite est floue Je me souviens avoir laissé échapper les larmes qui menaçaient de couler lorsqu'il m'a pénétré de force. Je me souviens avoir eu mal. Je me souviens que lorsqu'il avait fini, je suis tombée par terre. Mes jambes ne me soutenaient plus. Après ça, j'ai vomi et je me suis lavé une bonne dizaine de fois en essayant de chasser la sensation de mal-être qui montait en moi. Lorsque je suis rentrée dans ma cellule, je me suis roulée en boule sur mon lit. J'ai pleuré, beaucoup pleuré. On a violé mon intimité, et je ne sais pas pourquoi, mais j'avais l'impression que ce n'était pas la première fois qu'on me le faisait.

La Guerrière Au Sang NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant