1.33 : Jamais sans toi 🎹

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D'habitude, on se rend aux commerces en zone populaire pour les prix attractifs, mais jamais il ne me viendrait à l'esprit d'emmener Brooklyn là-bas. Donc, nous nous dirigeons vers l'hypermarché qui se trouve à deux kilomètres de chez nous.

Tout le long du chemin, elle ne dit rien. Elle semble absorbée par ses pensées et l'environnement qui l'entoure.

Lorsque nous nous engageons dans la galerie marchande, je sens bien qu'elle est anxieuse et perplexe aussi. Ses yeux vont de gauche à droite sans arrêt.

— Ça va aller ? m'inquiété-je.

— Euh oui, enfin, c'est un peu bruyant.

— Tu trouves ?

Ça l'est, mais rien d'anormal. Elle a l'air un peu paumée.

— Tu peux me tenir la main si tu veux, lui proposé-je, un sourire plein d'espoir sur le visage.

Ce qu'elle fait sans attendre et je me rends compte qu'elle s'y cramponne solidement. Quant à sa paume dans la mienne... elle m'enflamme.

— Rien ne peut t'arriver avec moi, lui dis-je pour la rassurer.

Et je le pense profondément : je serais capable de n'importe quoi pour la protéger.

C'est avec une immense fierté que je fais mes courses sans la libérer une seule fois. Le panier dans l'autre bras, c'est assez compliqué d'attraper ce que je veux, mais j'arrive tant bien que mal à faire mes achats. Les gens que nous croisons ont le regard qui pétille. Une mamie nous a même dit que nous faisions un joli couple. Ça m'encourage beaucoup.

Quant à Brooklyn, elle regarde partout, comme si elle découvrait un autre univers. À chaque bruit, elle sursaute, même quand le haut-parleur scande les promos du jour.

Je paye les courses à la caisse et nous nous baladons devant les boutiques du grand centre commercial. Les garçons s'engagent dans l'amphi, véritable attraction du lieu, et descendent les quatre hautes marches jusqu'aux garde-corps en verre qui entourent une scène en contrebas. Ils nous supplient de nous arrêter pour admirer quelqu'un qui s'essaye au piano mis à disposition des passants.

Je m'arrête devant la fosse et demande à Brooklyn si cela ne la dérange pas d'écouter un peu. L'atmosphère en cette fin de journée est agréable. Il n'est que huit heures du soir, mais nous avons le temps. Surtout si nous avons toute la nuit devant nous. J'ai hâte de me retrouver seul à seul avec elle pour parler de ce qu'elle a vécu ces dernières semaines et ce qu'elle compte faire des prochaines. Ce sujet m'angoisse un peu.

J'aimerais qu'elle réintègre les cours et que l'on puisse finir l'année ensemble. Je veux lui apporter tout mon soutien et surtout, de meilleurs souvenirs que ceux vécus jusqu'à présent.

Elle accepte de s'asseoir sur la première marche juste à nos pieds et je me place auprès d'elle. Tout au long du concert improvisé, je la guette du coin de l'œil. Elle fixe sans véritable expression le garçon qui joue. Je donnerais absolument tout ce que j'ai pour savoir ce qu'elle pense. C'est étrange de la sentir absente si près de moi.

— Je te demande encore pardon, lui dis-je tout bas.

Lorsqu'elle tourne le regard vers moi, ma gorge s'assèche. C'est l'heure de vérité.

— J'ai pété un plomb dans les escaliers au lycée. J'ai réagi comme un idiot sans savoir que les paroles de mon père t'avaient atteinte. Il n'est pas méchant, tu sais. Comme les autres d'ailleurs. Ils regrettent à présent. Le monde ne tourne pas toujours rond, moi le premier et je crois que l'on ne se rend pas toujours compte de l'impact de nos actes et de nos paroles. Je sais, c'est dégueulasse de jouer avec les points faibles des autres et de regretter ensuite. Je comprends tout à fait que l'on ne puisse pas toujours faire face. J'apprends avec toi et sache que je veux plus que tout m'améliorer.

Under Your Appearance - S. 1 :  How a good boy becomes badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant