Le soleil tape directement dans la classe. Ses rayons illuminent la teinte sombre du bureau et mes feuilles de papier m'éblouissent un peu. Je retourne ma main et ma paume absorbe la chaleur. Je sens l'énergie traverser ma peau.
Le professeur répète que la leçon d'aujourd'hui est à retenir pour l'examen de fin de trimestre.
Nous sommes vendredi et je peux édifier un planning mental des moments du week-end où je pourrai m'atteler à mes devoirs et révisions. Ça me plaît de penser que je vais étudier pour passer un contrôle. Les cours à la maison n'étaient que dans l'écoute. Je n'avais pas vraiment d'objectif et en avoir un est ultra-stimulant. D'habitude, seule l'idée de me retrouver face à mon piano me procure un tel enthousiasme.
Ce soir, je ne pourrai pas jouer longtemps. Demain, je dois me rendre à quelques kilomètres d'ici pour des photos en studio et ma mère me réveille souvent avant l'aube.
Je suis fière de cette première semaine passée à l'école. Malgré un début catastrophique, j'ai l'impression que l'on a accepté ma présence, même si personne dans la classe ne m'a encore adressé la parole. Il y a toujours le garçon aux cheveux sombres, mais depuis l'épisode au réfectoire, nous n'avons plus eu aucun contact.
Je le regarde de temps en temps. J'observe ses gestes. Sa façon de se tenir, de sourire, de répondre aux autres élèves. J'ai constaté qu'il répondait correctement lorsqu'il était interrogé par le professeur qui le surprenait à somnoler. Maintenant qu'il est devant, j'imagine que c'est plus compliqué pour lui de le dissimuler. Il a de longues jambes. Il porte la chemise à manches longues de l'uniforme manches retroussées, comme s'il avait chaud en permanence. Il a ce bijou près du coin droit de sa lèvre inférieure : un anneau. C'est à peu près tout ce que je sais de lui. Ah non, autre détail, il est gaucher.
Les élèves qui encadrent ma place sont des filles. J'ai retenu leurs prénoms. Celle de derrière, qui avait clairement manifesté son mécontentement et tapé dans le pied de ma chaise mercredi dernier, s'appelle Judy. Elle communique souvent avec ma voisine de droite, Célia. Celle devant moi, s'appelle Mélissa.
J'ai conscience qu'il faut que je fasse un pas vers les autres, mais rien qu'à l'idée d'être rejetée, mes membres s'engourdissent.
La sonnerie annonce la fin de la journée et au fond, je suis soulagée. Mélissa se lève et, en enfilant sa veste, fait tomber ma trousse. Quelques-uns de mes stylos roulent sous sa chaise. Elle se penche en avant.
— Ce... n'est pas grave, laisse. Je..., je vais ramasser.
Elle se redresse et me dévisage, son sac dans les mains.
— Parce que tu pensais que j'allais t'aider ? T'as encore rien compris, hein ?
Elle soupire en me fixant durement et je peine à soutenir son regard implacable.
— Je ne te supporte pas, termine-t-elle.
Elle bascule le sac dans son dos et quitte la salle. Baissant le regard sur mes affaires à terre, je me mords les lèvres. Ça me blesse, mais je pense pouvoir m'habituer à ça. Elle n'est pas obligée de m'apprécier. Je dois juste éviter de lui adresser la parole dans le futur.
Cependant, un sentiment d'abattement me gagne malgré moi.
Je m'accroupis pour ramasser mes stylos, puis me redresse. Je tourne les yeux sur la droite et rencontre ceux de Cameron. Il est assez proche et me tend quelque chose.
— Tiens, c'est à toi.
Je ne peux m'empêcher de le fixer. Ses yeux... En premier lieu, j'avais pensé à un gris mat d'orage, mais au soleil, ils prennent de petits éclats argentés.
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Under Your Appearance - S. 1 : How a good boy becomes bad
RomanceDisponible en version complète sur Amazon Mannequin depuis le berceau, Brooklyn n'a que six ans lorsqu'elle est élue la "plus jolie petite fille du monde". Sous son apparence parfaite et l'indifférence du monde adulte, son trouble autistique est fac...