Under Your Appearance - S. 1 : How a good boy becomes bad

1.5 - À coeur ouvert 💔

IKKS, Benetton, Zadig & Voltaire, Dior, Stella McCartney Kids, défilé Citron...

Les papiers s'éparpillent au-dessus de centaines d'autres contrats près du bureau derrière lequel ma mère aime travailler. Je commence à perdre mon calme. Je ne sais pas par où commencer, ni quoi lire, ni ce qui mériterait d'être clarifié. Il y a tellement de lignes, de clauses, de réserves.

— Qu'est-ce que tu fais ?!

Je sursaute en même temps que je me retourne.

Ma mère me dévisage. Je reprends ma tâche. J'inspecte, je fouille, j'arrache les pages des classeurs.

Elle me saisit sous les aisselles et me ramène en arrière. Je me débats. On doit me lâcher ! Je froisse les feuilles retenues entre mes doigts avant de les libérer. On me tire encore. Je dois essayer d'en ramener d'autres vers moi.

— Qu'est-ce qui se passe ?! Mon Dieu, Brooklyn !? Andrew ! Viens vite !

Déployant toute ma force, j'arrive à m'arracher des mains qui me retiennent. Je dois comprendre ! Un autre tiroir. Il me reste dans les mains et, sous son poids, je tombe en arrière. D'autres contrats. Des centaines. Deux cents six. Deux cents sept.

— Elle va se blesser ! Fais quelque chose, Andrew !

— Ma puce. Calme-toi, fait la voix de mon père.

Les contrats ne sont pas récents. Je vois des dates. Mars 2006. J'avais deux mois. Et ça s'enchaîne, ça ne s'arrête pas. Avril, juin 2008. Juillet. Août. Août encore. Octobre... décembre. Décembre, à nouveau... Par où commencer... Il y en a beaucoup trop.

— Regarde-moi. C'est papa.

J'entends mon souffle. J'entends mon cœur. J'entends mes larmes, mais rien ne coule sur mon visage.

— Regarde-moi.

Je dois retenir les marques, les associations, les administrations. J'en ai déjà soixante-dix-sept en mémoire.

— Regarde-moi, Brooklyn.

Billieblush, Burberry, DKNY...

— Brooklyn ?

Je tourne la tête vers cette voix si douce qui trouble le chaos de mes pensées.

— Pa... Papa ?

— Oui, viens vers moi.

Je secoue la tête.

— Je dois comprendre.

— Quoi, ma puce ? Que veux-tu comprendre ?

— Est-ce que des enfants de cinq ans travaillent pour ces marques ? Dis-moi papa, dis-moi.

Il grimace, l'air inquiet.

— Mais non. Explique-toi, s'il te plaît. J'ai besoin d'en savoir plus pour t'aider à comprendre.

— Ces photos ! Ont-elles été exploitées pour faire du mal à des enfants ?

J'ai l'impression de ne plus rien contrôler.

— Qui lui a mis ces idées dans la tête ?! proclame maman.

Je regarde ma mère et tressaille.

— Mary, tais-toi. Laisse-la parler.

J'ai tellement mal au ventre.

— Qu'est-ce que tu veux faire, ma puce ?

— Je veux regarder les contrats.

— Chaque contrat ?