1.8 - Mon apparence 🧖🏻‍♀️

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🎧 People help the people - Birdy

BROOKLYN

Je fonce tête baissée en direction des bâtiments. Si j'ai bien compris, les élèves vont se faire de fausses idées. Je rougis tout à coup. Sortir avec Cameron ? Je ne sais même pas en quoi ça consiste vraiment. J'en ai une vague idée évidemment, mais de là à m'imaginer...

Gênée par mes propres pensées, je pique un fard. Je ramène l'anse de mon sac sur mon épaule et cache mes joues brûlantes entre mes mains.

« — Que se sont-ils dit ?

— Elle est toute rouge. Elle a pleuré, tu crois ?

— Oui, on dirait.

— Elle s'est pris un vent, la pauvre.

— La pauvre ?! Tu rigoles ? Elle vient de débarquer et elle lui saute dessus. Sérieux, pour qui elle se prend ?! »

Comment le simple fait de marcher à ses côtés, de lui tenir la main, peut-il nous apporter tant de soucis à tous les deux... Je comprends que cela éveille le doute et génère un quiproquo, mais pourquoi est-ce si important pour les autres ?

J'entends des mots, des murmures, puis les occulte comme je peux. C'est plus facile pour moi d'imaginer qu'ils n'existent pas. Comme leurs regards qui s'attardent sur le moindre de mes faux pas.

Je respire. Ça va aller. Cameron a compris. C'est le principal. Le reste n'est que passager, juste le temps de traverser cette cour.

Je suis contente d'avoir pu lui parler franchement. Cela m'a demandé moins d'efforts que je ne l'aurais pensé. Cependant, maintenant loin des émotions fortes que je ressentais lors de notre face à face, je me sens abattue. Lui dire que je garderai mes distances était un fait que j'acceptais sur le moment. Pourtant, maintenant, je n'en suis plus très sûre. Sans doute qu'au fond, je voulais qu'il m'accorde une chance. Même si je ne pense pas qu'il ait un jour envisagé de m'en donner une. C'est un garçon si... spécial et populaire.

Il m'a parlé avec l'attitude d'une personne qui voulait en finir au plus vite avec notre conversation et me regardait à peine. Ça me dérange quelque part alors que paradoxalement, je m'accommode mal du poids des regards qui m'entourent au quotidien.

Et là, une fois de plus, je marche seule, supportant un physique qui balaie toutes les autres facettes de ma personnalité que l'on ne préfère ni entrevoir, ni connaitre. Mais est-ce vraiment ça le problème ? Parfois, je me demande ce que je pourrais apporter à mes camarades pour les encourager à venir me parler. Pour que même Cameron me trouve un peu intéressante. Mais je ne trouve rien qui pourrait changer la donne. Et ça m'attriste énormément.

Incapable de se faire des amis...

Alors ma mère avait raison. Je sens des larmes envahir le bas de mes paupières. Je les efface. Je n'ai jamais pensé que ce serait facile. C'est plus dur, voilà tout.

J'arrive bientôt devant la porte de l'immeuble où se trouve ma classe. Je vais réviser un peu et me faire toute petite le temps que les choses se calment.

Un groupe d'élèves s'écarte de mon chemin pour me laisser passer entre eux. Ne pas forcer les choses... Mais comment suis-je supposée me faire des amis si personne ne désire avoir de contact avec moi ?

Mes doigts se tendent vers la poignée, mais le battant s'ouvre de lui-même. Je regarde la main qui pousse la porte. Mes yeux suivent le prolongement de l'avant-bras et découvrent Cameron, son visage toujours à demi dissimulé sous sa casquette.

— Tu n'avais pas senti ma présence, n'est-ce pas ? formule-t-il à voix basse.

Je déglutis avant de faire non de la tête.

Mes yeux parcourent sa mâchoire, sa bouche, puis son nez et enfin, les mèches sombres qui dépassent de sa casquette. Il détourne un peu le visage comme si cela le gênait. Je décide finalement de fixer le fond du couloir. Je ne veux pas le mettre dans l'embarras une fois de plus.

Je gravis la dernière marche quand il me demande d'une voix douce :

— Tu montes dans la salle ?

— Ou... Oui.

— Si je te laisse ici, ça ne te gêne pas ?

Alors il m'a accompagnée et traversé la cour à mes côtés sans prêter attention aux dires des autres élèves, ni à ce qu'ils penseront de lui ? Je suis perdue. Ne devions-nous pas empêcher tout malentendu sur notre compte ?

— Non.

Il hoche le menton, puis me scrute.

Je retiens ma respiration sous son examen intense. Plusieurs secondes passent avant qu'il ne reprenne la parole :

— Pour ma part, j'espère mieux te connaître et être plus proche de toi, Brooklyn.

Je ne peux pas avoir mal compris. Non, il ne peut pas y avoir de méprise. Mon cœur se met à battre très fort, très vite. Vais-je m'évanouir ?

Il sourit, puis rabaisse la visière au-dessus de ses yeux, pivote en direction du stade et s'éloigne. Intérieurement, j'explose d'une joie si intense que j'ai du mal à respirer.

Une voix féminine me parvient aux oreilles :

— Eh ! Je te cherche partout depuis tout à l'heure ! On avait dit qu'on s'attendait, non ? Tu discutais avec Cameron ?

C'est Charly qui me fait de grands yeux interrogateurs.

— Excuse-moi ?

— Tout le monde vous regarde. Tu es sûre de ce que tu fais ?

— Je ne sais pas.

— Vous sortez ensemble ?

— Ce n'est pas ce que tu crois ! dis-je, prenant conscience de ma maladresse.

— Pourquoi tu paniques !? Oh là là ! Tu dois tout me raconter !

Lui raconter ? Pourquoi ?

— Il n'y a pas grand-chose à dire...

J'ai envie de garder cet échange pour moi. Pas parce que j'en ai honte ou à cause d'un sentiment qui s'y apparente, non. Je sens qu'en le gardant pour moi, je protège quelque chose de précieux qui n'appartient qu'à Cameron et moi.

— Ça sert à quoi d'être amies si tu ne partages rien avec moi ?

Amies ?

Je la sens très déçue. Mince ! Dois-je faire des choses contre mon gré pour maintenir une personne que j'apprécie à mes côtés ?

— En fait,...

Non, je n'y arrive pas.

—... j'ai deux jus de fruits dans mon sac. Tu en veux un ?

Je pensais les partager avec elle justement, si j'en avais l'occasion. Elle me sourit.

— Je l'accepte avec plaisir. Et puis, qu'est-ce qu'ils ont tous à nous mater ? Eh, vous n'avez pas assez avec vos vies pour vous occuper ?! Elles sont si insipides que ça ?! Bande de crétins ! Viens ma poule, je te paie des chips au distributeur.

Comme par magie, tous reprennent leurs activités et discussions comme si nous n'étions plus là. Des étoiles plein les yeux, je la laisse m'entraîner.

J'ai une amie.

J'ai vraiment envie qu'elle le soit pour moi. Cameron,pourrait-il l'être aussi ? On se calme. Il veut apprendre à me connaître avant toute chose. Oui,chaque chose en son temps.

Under Your Appearance - S. 1 :  How a good boy becomes badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant