Ce soir, je suis chez Charly. Dès mon arrivée, en début d'après-midi, elle m'a entrainée dans sa chambre pour regarder une série.
Elle habite une villa contemporaine en bordure d'océan. Toutes les pièces sont démesurées. Comme dans un musée, il y a plus d'œuvres d'art que de meubles, et tellement d'espace vide comparé à chez moi. D'habitude, il me faut toujours un moment avant de m'habituer à un nouvel environnement, mais Charly parle beaucoup, ce qui m'empêche de réfléchir à tout ça.
Elle m'a expliqué que son père était sans arrêt en voyage à la recherche de pièces rares, tableaux ou sculptures, et que sa mère, grand écrivain très populaire pour ses thrillers, s'était enfermée dans son bureau et n'en sortirait qu'en cas d'urgence.
J'ai découvert beaucoup de choses sur Charly. J'ai été impressionnée par la quantité folle de maquillage qui traine un peu partout. Elle possède toute une collection de posters qu'elle laisse enroulés dans leurs sachets d'origine. Elle a un vrai engouement pour les drames et fictions romantiques. Ah oui, et, je ne peux l'omettre, le désordre est omniprésent dans sa chambre. Cela m'a un peu troublée.
Elle m'a aussi juré avoir eu un coup de foudre pour l'héroïne du téléfilm que nous regardons en ce moment même. Elle me dit qu'elle passe sur les scènes osées et « piquantes » comme elle dit, mais je remarque très vite que tout le monde embrasse tout le monde sur la bouche. C'est un peu malaisant. Charly m'explique qu'aujourd'hui les personnes de notre âge agissent comme ça.
Il fait presque nuit lorsque nous entendons des voix à l'étage inférieur. J'avoue avoir un peu décroché au fil des épisodes, mais je n'ai rien dit à Charly pour lui faire plaisir.
Plus les minutes passent, plus les rires qui s'élèvent depuis le salon et la musique qui fait vibrer les murs captent mon attention. Je fixe la porte, n'arrivant plus à détacher mes yeux du vantail. Contrairement à Charly, c'est la réalité qui me donne des palpitations.
— Qui fait tout ce bruit ? demandé-je tout bas.
— Ce sont les potes de mon frère. Tu les connais pour la plupart, c'est la bande de nazes du lycée. Mais tu sais, à part Devin que je ne peux pas supporter, ils sont cool.
Et très bruyants, ne puis-je m'empêcher de penser. À présent, je suis obnubilée par le vacarme plutôt que par la télévision.
— Brook ?
Mon regard dérive vers Charly.
— Oui ?
— Tu veux descendre ?
Elle a mis la série sur pause.
— Il est déjà vingt heures et on n'a pas encore mangé. Tu as faim ?
J'acquiesce.
— D'accord. Allez, viens.
Nous sortons de la chambre et descendons les escaliers. Les éclats de voix envahissent le couloir. Je ralentis l'allure car le bruit s'amplifie. Mon pouls accélère. La musique est vraiment trop forte et résonne contre les murs, alors je ramène mes mains sur mes oreilles.
Lorsqu'on passe devant l'immense salon, je constate qu'il s'y trouve une quantité impressionnante de garçons. Ils sont assis, pour la plupart sur des canapés qui forment un croissant devant un grand écran plat, sur lequel se dispute un match de foot virtuel. Certains discutent tranquillement et je remarque immédiatement Cameron.
Je m'arrête instinctivement.
Comme à leur habitude, ses cheveux légèrement ondulés tombent devant son nez. Contrairement aux autres, il paraît en pleine réflexion face à une canette de soda qu'il tient au bout de ses doigts.
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Under Your Appearance - S. 1 : How a good boy becomes bad
RomanceDisponible en version complète sur Amazon Mannequin depuis le berceau, Brooklyn n'a que six ans lorsqu'elle est élue la "plus jolie petite fille du monde". Sous son apparence parfaite et l'indifférence du monde adulte, son trouble autistique est fac...