« À force de traiter les gens comme tout le monde, on oublie à quel point chacun de nous est différent.
La plus belle chose quel'on peut donner aux êtres, c'est notre amour, mais aussi et surtout, de labienveillance et de la tolérance »
Je parcours rapidement la salle de classe d'un regard apeuré et la sensation est vertigineuse. Plus d'une vingtaine de paires d'yeux me dévisagent. Je rougis, mais je sais à coup sûr que beaucoup vont perdre leurs moyens. Le garçon au pupitre devant, ouvre la bouche sans qu'aucun muscle de sa mâchoire ne lui donne l'ordre de la refermer.
— Waouh...
Mon apparence agit sur eux, ça ne fait aucun doute.
Certaines pourraient s'en amuser, en user, en abuser. Pour ma part, c'est contre ma nature. Je n'arrive pas à regarder une personne en face plus de trois secondes. Le seul œil que je parviens à fixer est celui de l'objectif d'un appareil photo.
Je baisse les yeux sur mes chaussures. Mes doigts tremblent dans mon dos. Je vais défaillir, c'est certain. J'ai besoin de m'asseoir, mais le professeur prend plaisir à décrire mon cursus scolaire quasi nul. Cependant, ce qui semble l'impressionner le plus est ma carrière de mannequin qui a débuté au berceau. Déjà tout bébé, je faisais la couverture de magazines pour parents et catalogues de puériculture.
Ainsi, j'ai gagné beaucoup d'argent. Vraiment beaucoup. Énormément.
Selon les dires du banquier qui gère mon patrimoine, mes rentes annuelles suffiront à assurer l'avenir financier de mes enfants et petits-enfants.
Savez-vous ce que cela signifie ? J'ai obtenu en dix-sept ans ce que le commun des mortels n'obtiendrait jamais en une centaine d'années.
Alors pourquoi suis-je là ? Pourquoi m'affligé-je ce qui me terrorise ?
Pour mes parents.
Ils ont compris que si mon parcours professionnel était une réussite, ma vie d'adulte risquait d'être une catastrophe.
Je n'ai jamais eu un seul ami. Comment aurais-je pu ? Je suis vierge d'interaction sociale.
La sonnette d'alarme a été tirée par ma tante, venue spécialement de Londres pour me présenter mon cousin de quatre ans à peine. Ce weekend-là, je me suis terrée dans ma chambre. Enfermée à jouer du piano, ne me montrant que pour manger.
Le mot « autiste » a quitté sa bouche comme Little boy le sol américain.
Pourquoi ? Parce que je jouais du piano ? Je ne comprenais plus très bien. J'étais plus à l'aise devant quatre-vingt-huit touches blanches et noires que devant un seul petit garçon, voilà tout.
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Under Your Appearance - S. 1 : How a good boy becomes bad
RomanceDisponible en version complète sur Amazon Mannequin depuis le berceau, Brooklyn n'a que six ans lorsqu'elle est élue la "plus jolie petite fille du monde". Sous son apparence parfaite et l'indifférence du monde adulte, son trouble autistique est fac...