1.2 - Charly 🧒

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Je me lève et me prépare pour mon troisième jour d'école. C'est facile lorsqu'il n'y a qu'un uniforme à porter. Ma mère a toujours été derrière moi pour m'habiller. Quand ce n'était pas le cas, nous arrivions souvent en retard à nos rendez-vous. Par exemple, il m'arrivait d'enfiler, puis d'enlever mes chaussettes plusieurs fois de suite. Je voulais absolument mettre la chaussette droite au pied droit. Et le résultat ne me satisfaisait jamais. On aurait pu croire que je m'énervais, mais ce n'était pas le cas. Je pouvais examiner ma paire de chaussettes, les déformations du tissu et les motifs dessus, pendant des minutes entières. Aujourd'hui, je n'en fais plus une obsession, si l'on pense que cela en était une. Je préfère passer du temps devant mon piano.

Ma mère n'est rentrée que tard hier soir et ce matin, je comprends à ses hurlements que mon père l'a informée que l'école a appelé. En général, lors de leurs disputes, je joue du piano. Alors, c'est ce que je fais.

On frappe à la porte de ma chambre.

— Chérie ? Je peux entrer ?

Je prends le temps de finir ma partition, puis mes doigts quittent les touches du piano.

— Oui.

Maman pénètre dans ma chambre. Toujours impeccable en toutes circonstances. Ses cheveux tirés en chignon et sa robe de chambre en satin bordeaux font d'elle une femme très distinguée.

— Ça va ?

Elle adopte un sourire prudent, peu naturel. Je comprends qu'elle ne veut pas me brusquer.

— Oui.

— On t'a rapporté ton sac et tes affaires.

Déroutée, je la dévisage pendant qu'elle dépose lesdites affaires près de mon bureau.

— Qui a fait ça ?

— Un garçon de ta classe, mais ce n'est pas le problème. Tu n'es pas obligée d'y retourner.

— Je devrais toutefois...

— Nous en avions discuté ensemble, tu te souviens ? Si cela te demande trop d'efforts...

Je ferme les poings et secoue la tête.

— Non !

Ma mère recule, étonnée par la puissance de mon éclat de voix. Je suis également surprise d'accorder un si grand intérêt à me faire du mal.

— Je... je suis prête.

C'est vrai, je porte déjà l'uniforme de l'école.

Elle fronce les sourcils lorsqu'elle considère mes cheveux lâchés.

— Laisse-moi t'aider.

Elle me guide jusqu'à la coiffeuse et, comme elle le fait depuis le début de ma carrière, elle prend un peigne et démêle chaque mèche. Ses gestes sont toujours aussi adroits. En quelques minutes, j'ai un chignon structuré sur le haut du crâne. Ses mains se posent sur mes épaules et, dans le miroir, son reflet m'analyse.

— Tu es rentrée à la maison toute seule. Imagine ce qui aurait pu t'arriver...

Je devine qu'elle est désappointée malgré la mine avenante qu'elle arbore. J'ai appris à déchiffrer ses émotions, mais parfois, elles me trompent.

— Je ne recommencerai pas, annoncé-je vaillamment.

Je ne me souviens plus du trajet du retour, comme si mon esprit l'avait effacé de ma mémoire. La dernière chose qui me revient est le moment où mon corps a réagi. Il devait sortir d'une zone d'inconfort.

Under Your Appearance - S. 1 :  How a good boy becomes badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant