Charly et moi rejoignons la place dans le réfectoire où nous nous sommes assises et avons parlé la première fois. Les tables se trouvent tout de suite à droite après les caisses et je peux m'asseoir dans le coin.
Mon amie se débarrasse de son sur-pull. Malgré les portes vitrées grandes ouvertes, on étouffe. Près des côtes Californiennes, les températures avoisinent les 25 degrés en cette période de l'année.
— Tu vois cette fille, là-bas, démarre Charly.
Je suis la direction qu'elle pointe discrètement du doigt. C'est-à-dire, au fond de la salle. L'élève désignée discute avec un garçon aux cheveux rasés.
— Je l'ai embrassée, déclare-t-elle.
— Ah.
— Nous étions chez elle. Nous travaillions sur un devoir et elle a posé sa main sur la mienne...
Je contemple Charly et la laisse poursuivre :
—... j'ai cru qu'elle en avait envie aussi.
Mon amie baisse les yeux. Aujourd'hui, elle n'a pas l'air dans son assiette.
— Bref, je me suis trompée.
Ça me semble compliqué de comprendre tout ça. Elle poursuit :
— Je crois que je suis toujours amoureuse d'elle, mais je la déteste aussi.
Mon regard regagne la fille qui récupère la main du garçon au-dessus de la table.
— J'aimerais comprendre, commencé-je en revenant à Charly.
— Comprendre quoi ?
— Ce que tu aimes chez les filles.
Amusée, elle hausse deux sourcils comme un signe d'évidence.
— Bah...
Son sourire flamboie.
—... en te regardant, je me demande pourquoi toutes les filles ne rêvent pas d'être lesbiennes.
Voyant que je reste muette, elle soupire et explique :
— Eh bien, les seins. Je n'en ai pas de bien jolis. Je les trouve un peu gros, tu vois ? Alors j'aime regarder les beaux seins et les toucher.
Je pique un fard. Je n'avais pas prévu l'embarras que suscite chez moi une telle déclaration. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si direct. Je pensais qu'elle me parlerait de caractère, non pas de physique.
— Ne sois pas embarrassée. Tu m'as posé une question, j'y réponds.
— Oui, c'est vrai, me reprends-je soudain alors que j'essaie de décoincer mon visage sûrement écarlate.
— Il n'y a pas que ça. J'aime les longs cheveux. Les beaux yeux de chat avec des cils épais. J'aime les hanches féminines. Le ventre lisse et sans poils. J'aime leur sexe.
Je vire aux cramoisi et ramène mes mains vers mon visage terriblement chaud.
— Ne t'inquiète pas, même si tu corresponds à ce profil, je ne vais pas te sauter dessus. Enfin, pas tant que tu ne t'es pas trouvée.
— C'est... à dire ?
— Tu préfères les hommes ou les femmes ? Tu n'as pas l'air d'être attirée par un garçon en particulier. C'est bizarre.
— Pourquoi c'est bizarre ?
— À nos âges, en général, notre sexualité est, comment dire, exacerbée. Tout le monde ne pense qu'à ça.
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Under Your Appearance - S. 1 : How a good boy becomes bad
RomanceDisponible en version complète sur Amazon Mannequin depuis le berceau, Brooklyn n'a que six ans lorsqu'elle est élue la "plus jolie petite fille du monde". Sous son apparence parfaite et l'indifférence du monde adulte, son trouble autistique est fac...