Chapitre 18

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Je lâchai un grand soupir à travers le téléphone. Nous restâmes silencieux un long moment avant que je ne vienne briser le silence.

- Ça va être bizarre, tu trouves pas ?
- Ouais... dit-t-il.

Il soupira puis repris.

- Écoute, ça ne changera rien d'accord ? Je viendrais te voir le plus souvent possible. On ne s'éloignera pas, c'est certain.

J'hochai la tête puis, réalisant qu'il ne me verrais pas, j'annonçai.

- Je l'espère sincèrement...

*

J'enfilai une tenue et descendis prendre mon petit déjeuner. Nous étions un vendredi matin. À 8h00, heure précise, je serais assise sur une chaise, à suivre un quotidien monotone : celui d'une lycéenne en pleine voie professionnelle...

Le petit déjeuner avalé, je me penchai
-la tête dans le lave vaisselle- essayant tant bien que mal de caler mes affaires
à l'intérieur. Je me redressai ensuite, m'essuyant les mains sur un bout de chiffon, et soupirai une énième fois
avant de remonter dans ma chambre
et d'attraper mon sac de cours.

*

"Les humains ne pensent vraiment qu'à leur gueule" m'étais-je dis alors que je repensais à ma situation familiale catastrophique. Dès 7h58 du matin,
j'étais déjà en train de me morfondre au fond d'un bus rempli d'adolescents de mon âge. Quoi de mieux ? Je jetai un regard autour de moi. À vrai dire, le bus était plutôt vide... Je me redressai sur mon siège, les sourcils froncés. Pourquoi était t-il si peu rempli ?

Ce ne fut que quelques secondes plus tard que je réalisai enfin. Avais-je dis 7h58 ?

Je courrai à travers les couloirs du lycée. Mon sac accroché à mon unique épaule droite me faisait un mal de chien mais ce n'était pas ma plus grande préoccupation. Comme vous aviez pu l'apercevoir, j'étais en retard. Et pas qu'un peu.

J'arrivai devant ma salle de classe, essoufflée. Elle était bien évidemment fermée. Je prie une grande inspiration
et brandie ma main, prête à frapper
contre cette fichue porte en bois.

Celle-ci s'ouvrît immédiatement. La première chose que je vie, fut les yeux de mes camarades de classe braqués sur moi. Je détournai aussitôt le regard, les joues flamboyantes et le reportai ensuite sur mon professeur qui semblait tout sauf patient. Je me raclai la gorge, replaçant mon sac sur mes deux épaules.

- Je suis désolée pour mon retard. Mon bus n'avançait pas.

Les élèves ricanèrent. Le prof soupira puis me laissa entrer. Ce n'était pas comme si il avait le choix après tout... Je laissai mon corps me guider, et allai m'assoir à ma place habituelle : celle où mon voisin était supposé être Dylan. Seulement, il n'était pas là.

Le cours se déroulait lentement. Un peu trop même. Aujourd'hui n'était pas mon jour. Après cette entrée désastreuse,
il avait fallut que je supporte les chuchotements incessants de mes voisins de classe : un grand balourd et deux petites pimbêches. Devinez leur sujet de discussion ? Dylan, bien évidemment. Ils étaient placés juste derrière moi et n'hésitaient pas à hausser le ton quand venait l'heure de prononcer son nom. Je soupirai et laissai tomber ma tête dans mes bras. Quelle journée merdique...

La cloche sonna finalement. J'attrapai rapidement mon sac et sortie en trombe de la pièce. Je n'avais pas cours de toute l'heure prochaine. Cela me laissera le temps de respirer correctement en dehors de ce climat désagréable qu'était ma salle de classe.

J'allai m'adosser contre un de ces larges mur du lycée et pris mon portable.

À Dylan :
"Journée de merde. Tu me manques."

J'appuyai sur la touche envoyer puis rangeai mon téléphone dans ma poche arrière. Je n'eue le temps de terminer mon geste qu'une voix masculine prit la parole. Je fronçai les sourcils et relevai la tête, croisant le regard du responsable du désastre dans lequel Dylan s'était fourré.

- Louise ? Quelle surprise ! Comment
ça va depuis ? Il n'a pas encore été interné ton copain ?! s'exclama Khylin.

Je ne répondis rien. Je me redressai
et passai à côté de lui et ses amis, lui faisant comprendre que la conversation
était close. Malheureusement, il ne l'entendit pas puisque mon bras était à présent entre la possession de ses mains crasseuses. Khylin resserrait de plus en plus fort sa proie qu'était ma chair, un sourire malsain ancré sur son visage. J'essayai -sans succès- de me dégager de son emprise mais rien à faire. Il était bien plus fort que moi et je détestais cela.

- Lâche moi, tu me dégoûtes !
criai-je, le souffle se faisant de plus en plus irrégulier.
- Oh non, crois moi que ça ne risque pas d'arriver, répondit-t-il, un air pervers ancré sur son visage diabolique.

Il tira doucement mais fermement mon second bras vers lui. Je me débattis un peu plus fort, comprenant que tout cela pouvait dégénérer à tout moment. Il m'ignora et planta ses yeux dans les miens, approchant dangereusement sa main de mon corps vulnérable. Je ne réagis pas. Je n'y arrivais pas. Je n'avais pas la force de Dylan et cela me pénalisait fortement. Il m'agrippa le bas du dos -sous les acclamations de sa bande de moutons- et souffla quelque chose à mon oreille que je peinai d'entendre.

- Que penses-tu que Dylan ferait si
il apprenait que je t'aurais bientôt déshabiller devant tout le lycée ?
Hein ?

Je tremblais. Littéralement.
Mais, même si je ne possédais pas une force surhumaine, mon propre courage
ne me quittera jamais. Alors, je relevai la tête vers lui et, sans cligner une seule fois des yeux, j'annonçai.

- Rien. Parce que tu ne vas rien me faire, Khylin. Rien du tout.

Et alors que je prononçais mon tout dernier mot, une forte voix d'adulte intervint dans mon moment héroïque.

- C'est quoi ce bordel ?! Khylin,
lâche la !

Je détournai brusquement la tête de mon agresseur et aperçu M.Plovet : mon professeur principal. Il était rouge pivoine et ses traits du visage étaient plissés tel un adulte dans sa période de vieillesse extrême. Khylin m'avait lâché. Il avait la bouche grande ouverte et se laissa entraîner par cet adulte qui avait certainement empêcher le pire à venir.
L'entièreté du lycée s'était rassemblée en courant, ne voulant rater les moindres détails. Je n'y prêtai pas attention et m'affalai contre le mur derrière moi,
les membres tremblants.

Quelques minutes plus tard, une seconde voix familière parvint à mes oreilles.

- Louise, je vais t'amener à l'infirmerie. Suis moi s'il te plaît.

Je relevai la tête, les yeux plissés et réussie enfin à percevoir les traits de mon interlocutrice. Agathe. J'hochai la tête en signe d'approbation. N'ayant le courage de répliquer, je prie la main qu'elle me tendait et me laissai emporter à travers tout ce remue-ménage.

FEELINGS [DOB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant