Chapitre 22

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Point de vue de Rose :

Je déprime.

Jusque-là j'ai toujours pensé que j'étais celle qui comprenait le mieux Liz', que c'était à moi qu'elle se confiait quand elle allait mal.

La vérité est bien cruelle : pas plus à moi qu'aux autres.

Quand elle est née j'étais heureuse d'avoir une fille, je me voyais déjà parler garçons et shopping avec elle. Les choses ne se sont pas passées comme je l'imaginais.

Liz' et moi étions aux antipodes l'une de l'autre et au lieu de l'accepter et de m'adapter, j'ai décidé d'ignorer le problème.

Je me suis demandée pourquoi elle était partie si loin, pourquoi elle ne voulais pas revenir après la fin de ses études, au final j'ai fini par me dire qu'elle était peut-être trop différente de nous. 

Liz' sait se faire discrète, se fondre dans la masse et réfléchit la moindre de ses actions. Elle a toujours été timide aussi. 

Apprendre l'histoire de la fusillade de la bouche de son institutrice du lycée m'a lancé un sacré froid. Ensuite l'histoire avec la balle, ses raisons pour être partie, je me suis rendue compte que j'étais à côté de la plaque. 

D'un autre côté, je doutais de mon lien avec ma fille. J'ai commencé à me dire qu'elle était sûrement mieux sans nous, loin d'un monde remplit de danger et loin de notre mauvaise réputation qui ne l'aidait jamais dans aucune de ses démarches. C'est à ces moments-là que Clever en profitais pour empirer les choses. Je me sens tellement bête, je voyais en Clever ce que je voulais voir en Elizabeth et je me suis détournée de ce petit être pour qui je me suis inquiétée pendant six longs mois quand on nous a dit qu'il y avait des chances qu'elle meure avant le terme. 

J'ai abandonné ma fille.

Je voyais bien qu'elle allait mal quand on allais la voir, je voyais qu'elle étais fatiguée et je me disais qu'elle m'en parlerais et au final je n'ai rien fait. J'ai attendu alors que c'était mon rôle de lui demander. C'était pourtant si facile quand elle était petite ! Je ne comprend pas ce qui n'a pas fonctionné ! 

"Vous comprenez ce que je dire doc ? 

- Madame Collins...

- Rose. 

- Rose, ces changements ont commencé quand elle a commencé à aller à l'école n'est-ce pas ? 

- Oui, a peu prêt. 

- De ce que je comprend, votre famille a une réputation, qu'elle soit bonne ou mauvaise ça ne change rien. Les gens ont commencé à assimiler votre fille à l'image qu'ils se faisaient de vous et de votre mari à cause de cette réputation. Ils se sont vite rendu compte que votre fille n'avait rien à voir avec cette image et ils ne se sont pas caché de le formuler devant elle. Même dans le journal si je me souviens bien ! On répète à votre fille depuis son plus jeune âge qu'elle n'a rien à voir avec une fille de biker et dans la tête d'un jeune enfant, c'était l'équivalent de dire qu'elle n'avait pas sa place dans votre famille. Je pense que votre fille vous aime de tout son coeur et qu'elle tenait à trouver cette place parmi-vous. Elle voulait montrer qu'elle était forte et méritait votre amour et votre attention. De plus vous m'avez dit qu'elle était très sensible et qu'elle était aussi un génie, parfois ce genre d'enfant perçoit les choses différemment et même si, il est vrai, que vous n'avez peut-être pas été assez attentif à ses besoins et à ses problème, il ne fait pas oublier que la pression sociale est pour beaucoup dans votre situation. 

- Nous n'avons jamais fait au qu'en-dira-t-on. C'est le cadet de nos emmerdes d'ailleurs, ça n'a jamais dérangé personne dans la famille alors je ne faisais pas attention. 

Vilain petit Canard du mad Wolfs MCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant