Chapitre 2

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Après la honte que la responsable m'avait infligée, j'étais retournée à ma chambre. Je ne comprenais toujours pas comment elle pouvait me faire échouer moi, une des Noires les plus talentueuse du programme. Tout en sirotant un chocolat chaud avec un peu de cannelle, je me faufilais sous les couvertures de mon lit pour me calmer. Les résultats obtenus aux entraînements seraient conciliés dans notre dossier. Ce dossier était envoyé aux familles royales qui ont le luxe de choisir leurs Guerrières. Certains favorisaient les Blanches qui n'avaient aucun pouvoir, mais qui ont été parfaitement entraînées au combat. D'autres, sélectionnaient les plus puissantes d'entre nous. Celles qui n'avaient pas été sélectionnées seraient envoyées sur des Terres aléatoires. Je doutais que personne ne me sélectionne étant donné ma couleur, mais les chances qu'une famille royale me fasse confiance pour assurer sa protection étaient très faibles. D'ailleurs, je ne méritais pas d'échouer, j'avais décapité trois mannequins. Espérons que Violet aurait plus de chance que moi.

Devant moi, ma valise vide m'attendait. J'allais devoir abandonner tous les objets qui m'étaient précieux comme la montre de mon père et l'ourson en pluche de mon petit frère Ethan. Il n'en avait sûrement plus besoin. Aujourd'hui, il devait avoir 16 ou 17 ans. De tous les membres de ma famille, c'est sans doute celui qui me manquait le plus. Ethan avait toujours été là pour me soutenir, même lorsque je suis partie au Centre. Il m'avait rassuré lorsque j'avais eu mes premières visions après le Test et il avait essuyé mes larmes quand Père est mort. C'est sûrement la raison pour laquelle Mère n'avait pas eu la moindre hésitation avant de m'envoyer ici. Elle espérait sûrement que je défende mieux le pays que les incompétents qui avaient laissé mon pauvre père mourir. Même si ça me faisait du mal de l'avouer, je la comprenais. À sa place, je ferais presque tout pour que mon mari ne soit pas mort en vain. Presque. Je n'enverrais pas ma fille au Centre pour toujours, moi. Cependant, je pouvais comprendre ses motivations. Certains diraient qu'elle l'avait fait pour recevoir une partie du salaire que je recevrais une fois Guerrière, mais non. Sur la Terre de la Balance, personne ne recevait de salaire. Chacun fournissait un travail égal et tout le monde avait de quoi vivre. Si je n'étais pas partie, je n'aurais jamais découvert le goût des bonbons à la cannelle puisque ce n'était pas jugé comme une ressource essentielle là-bas. C'était l'un des seuls points positifs que je tirais du Centre. Toutefois, la Terre de la Balance offrait une certaine stabilité que plusieurs Terres n'avaient pas et les dirigeants étaient plutôt cléments. Je serais heureuse de servir la Terre de la Balance. Enfin, les bonbons à la cannelle seraient un plus à considérer.

Tout en rangeant ma valise, Vi fut éruption dans la pièce.

-Coucou, me salua-t-elle.

-Tu n'imagines même pas la honte que je viens d'avoir, lui confiais-je. Les responsables m'ont fait échouer l'entraînement. D'après elle, je suis « sans considération pour mon prochain, froide et sans cœur ». Sans cœur, mon cul ouais.

D'un coup, je sentis des bras m'entourée le corps et une petite tête sur mon épaule.

-Tu restes la meilleure, ne t'en fais pas. Et puis, tu sais, il y a pire, dit-elle.

-Pire, j'en doute. Aucun Seigneur ne voudra de moi. On parle de mon avenir là. Tout ce pour quoi je me suis entraînée s'éloigne lentement de moi. Tu ne te rends pas compte de la honte que c'est. Elle m'a ridiculisé devant toutes les Noires.

D'un coup, je sentis quelque chose de visqueux sur ma joue. D'un coup, je m'éloignais de ma meilleure amie et m'essuyais rageusement la joue. Lorsque je relevais la tête, je la retrouvais hilare, fière de sa blague.

-Tu as vraiment un problème avec ma joue aujourd'hui, lui lançais-je sur un ton furibond.

Nos valises remplies, nous sortîmes de la chambre et nous dirigeâmes vers la salle de cérémonie. La Cérémonie de Répartitions se déroulait en trois étapes. Nous devions d'abord nous faire tatouer quelque chose qui nous rappelait notre vie d'avant, de la même couleur que notre Couleur attribuée. Ensuite, nous recevrions notre score et des félicitations pour avoir évoluée au sein du Centre. C'était un peu la phase « d'adieu ». Tout cela se terminait par l'attribution de notre nouvelle Terre et le départ.  En rentrant dans la salle, nous nous divisâmes en six files. Noir, Rouge, Violet, Vert, Bleu et Blanc. Avec un dernier regard, Violet gagna les siens et je fis de même.

CélesteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant