Prologue

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Tic. Tac. Tic.

Cette foutue horloge martelait ma tête d'un son sourd. Le temps passait si lentement que je commençais presque à m'endormir. Les filles qui sortaient du cabinet avait les yeux normaux, ce qui signifiait qu'elles n'avaient pas reçu une couleur. Certaines d'entre elles seront sûrement tout de même sélectionnée, faute de ne pas avoir trouvé assez de recrues. Le Test était la période la plus convoitée dans la vie d'une jeune fille. C'est aujourd'hui que ma couleur, si j'en avais bien une, se montrerait. Le 21 mars de chaque année, toutes les filles de 12 ans se présentaient à la Clinique pour procéder au Test et ainsi déterminer si elles seraient ou non recrutées en tant que guerrière.

-Loucy Jackson, veuillez me suivre dans mon cabinet s'il vous plaît.

Je sursautais. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas fait attention au médecin qui avait entre-ouverte la porte de son cabinet pour soumettre la prochaine fille au test. Ladite Loucy avait l'air anxieuse, pauvre fille. Elle eu du mal à se mettre debout et à traverser les quelques mètres qui la séparaient du cabinet. Personnellement, je n'avais pas peur du tout du Test. Je serais honorée de pouvoir combattre pour protéger une famille royale de notre beau pays. C'est ce que maman m'a enseigné. Toujours se montrer loyale et reconnaissante. Toutefois, je peux comprendre les quelques angoissées. Se rendre compte d'avoir tout à coup des pouvoirs pouvait paraître assez perturbant, surtout lorsqu'on ne sait pas de quel pouvoir l'on héritera.

Tout en serrant l'une de mes mèches de cheveux cuivrés, je fixais la porte. Au fond, je n'ai pas réellement envie de quitter ma famille. Ma mère verrait cela comme un don du ciel, mais j'ai un pincement au cœur à la pensée qu'il faudrait que je la quitte. Sans compter que mon petit frère Ethan serait dans tous ses états.

En voyant la porte s'entrouvrir, je me redressais instinctivement. La tête haute, l'air détendu, j'attendais patiemment de voir si la fille qui est entrée plutôt avait les yeux colorés ou non. Lorsqu'elle franchit la porte, je fus déçue de constater qu'elle avait perdu connaissance. Je ne saurais jamais si elle eut été sélectionnée.

Après avoir évacuée Loucy, le médecin se tournait vers la salle et parlait d'une voix sans appel :

-Mademoiselle Ary Jacobs, veuillez me suivre.

Avec tout mon sang froid, je me levais et le suivis dans son cabinet. La salle était très lumineuse et très épurée. Toutes les meubles étaient blancs, ce qui contrastait assez bien avec la chemise noire du médecin. Il avait des yeux bleus, vides de sentiments. Bon. Je vais y arriver.

-Miss Jacobs, vous êtes-vous sentie normale ces derniers jours ? Des cauchemars ? De la fièvre ? Quelque chose d'anormale ?

Tout en secouant la tête de gauche à droite, je m'absorbais du parfum de la pièce. Tout sentait vraiment les produits chimiques ici.

-Bien. La probabilité que vous ayez une couleur est très faible, toutefois, si vous me le permettez, je vais vous faire une injection pour stimuler la partie de votre cerveau qui est rattachée à votre couleur. Si rien ne se passe, vous serez catégorisée « Blanc », ce qui signifie que vous n'avez pas de capacité spéciale. Autrement, vous serez recrutée en tant que Guerrière. Tout cela vous convient ?

Cette fois-ci, j'hochais la tête en offrant une petit sourire au médecin. Il n'y répondit pas, mais me demanda de retirer ma veste et me piqua immédiatement. Sans bouger, j'attendais de ressentir quelque chose. Quand il eut fini, le médecin-dont-je-ne-connaissais-même-pas-le-nom reposa la seringue et se porta son attention sur une pile de feuille sur son bureau. Lorsqu'il relevait la tête, il ne parut pas le moins du monde intéressé et nota quelques mots sur sa feuille après m'avoir examiné du regard.

-Miss Jacobs, je suis désolé de vous l'apprendre, mais vous êtes malheureusement « Blanc ». Le pays vous remercie de vous être présenté aujourd'hui et vous souhaite la meilleure des chances, dit-il enfin.

La nouvelle ne me fit ni chaud ni froid. En me préparant à ressortir du bureau, je lui adressais un dernier sourire qu'il n'aperçue pas, trop intéressé par ses ouvrages.

-Merci pour votre temps, docteur, lui lançais-je alors.

Lorsqu'il releva la tête pour me lancer un dernier regard, il se figea et sa bouche s'entrouvrit. Quelques secondes plus tard, il ferma la bouche, m'intima de me rassoir et s'approcha quelque peu de moi. En retirant ses lunettes, il tendit la main vers mon visage.

-Noir... dit-il simplement.

CélesteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant