Lorsque l'on me fit enfin sortir de ma cellule, j'étais affamée et épuisée. Ma peau était glaciale comme si on venait de me sortir du cœur d'un iceberg.
Le manoir était constitué de tellement de couloirs qu'il ressemblait plus à un labyrinthe qu'à une véritable maison. D'ailleurs, il était tellement grand que c'en était presque surnaturel. À travers les vitres, les arbres s'élevaient vers le ciel majestueusement. Le lycanthrope qui m'escortait à travers le dédale ne me laissa pas le loisir d'observer autre chose mais, je remarquais quand même que le bois semblait vide. Comme si tous les animaux et autres habitants l'avaient abandonné.
Étrangement, le loup-garou ne me conduisait pas sur le chemin habituel. Non, il m'emmenait dans des couloirs que je n'avais jamais vus, décoré de tapisseries représentant des anges. Des emblèmes et armoiries étaient peints sur les murs. Certains semblaient gribouillés ou barrés d'un geste rageur tandis que d'autres étaient presque effacés. Le loup me guida jusqu'à une somptueuse porte de chêne, décorée de lunes et de soleils dorés. On aurait pu croire que le créateur voulait incorporer un peu du ciel dans cette porte. Il frappa deux fois et elle s'ouvrit toute seule. Surprise, je sursautais en arrière mais il me retint et me repoussa sans ménagement à l'intérieur.
L'intérieur aussi était magnifique. Des livres occupaient tout un mur, un immense lustre de cristal pendait du plafond et un bureau trônait majestueusement au milieu de la pièce. Je retins un cri de frayeur quand je vis qu'une femme me fixait d'un regard prédateur. Si, à l'extérieur de cet endroit j'étais puissante, ici, comparé aux loups et à la femme qui se tenait devant moi, je n'étais rien d'autre qu'un lièvre effarouché. Je la reconnus au premier coup d'œil. C'était elle, ma géôlière, la maîtresse de cet endroit. Le loup me fit avancer de quelques pas puis il appuya sur mes épaules, me forçant à m'agenouiller. N'ayant pas la force de lui résister, je me laissais faire. Puis il posa un genou au sol.
— Rodrigue, le salua-t-elle.
— Je vous l'ai amenée Ambassadrice.
Il m'attrapa un bras et me releva brutalement. Sous la fatigue et le manque de sang, je vacillais et faillis tomber mais il me retint avec un petit grognement.
— Je te remercie, maintenant retire-toi !
Il inclina respectueusement la tête puis s'éclipsa. Une fois que la porte fut fermée. Une aura puissante se mit à émaner d'elle. Une aura terrifiante. Et impossible à analyser. D'habitude, je pouvais découvrir quelle était la race de mon interlocuteur grâce à elle mais aujourd'hui c'était différent. Comme si quelque chose m'empêchait de l'analyser. Elle s'en aperçut et s'en amusa.
— Eh bien, tu n'y arrives pas ? me lança-t-elle.
Je ne répondis rien. L'expérience m'avait appris à me taire. Quand elle sourit plus fièrement, je sus que c'était la bonne décision.
— Tu as été bien dressée, mes loups font du bon travail.
Elle secoua sa longue chevelure blonde. Je n'arrivais pas à voir précisément la couleur de ses yeux ce qui m'intriguais et inquiétais à la fois. On aurait dit qu'ils changeaient perpétuellement de couleur, mais pour le moment je n'avais pas le temps de m'en soucier.
Très lentement, elle prit une feuille sur son bureau et me la tendit. Voyant une invitation à m'approcher, je franchis les quelques pas qui nous séparaient avant de tendre le bras et de prendre la feuille avant de reculer vivement.
— N'aie pas peur, tu ne crains rien ici, susurra-t-elle.
Sans pouvoir m'en empêcher, je haussais un sourcil.
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Pour Une Goutte De Sang
FantasyQuand je finis ma "tâche", elle me mena jusqu'à la chaise, jusqu'au "supplice du sang", puis me relia à des câbles. Je hurlais, c'était de la torture. Elle me prenait mon sang, et une fois que ce fût fini, elle me ramenait dans ma cellule. C'était m...