Pour Une Goutte De Sang

Chapitre 42 : Pleine lune

La nuit était déjà bien avancée quand j'entendis un bruit à l'étage des chambres. Pas vraiment inquiète, je laissais retomber la tête sur le sol. J'étais couchée par terre là où la lune éclairait le sol. Cette nuit, elle était pleine, ce qui signifiait que plusieurs loups étaient partis dehors courir et hurler à la lune. Certains, de ceux qui se contrôlaient le mieux, dormaient.

Je me laissais aller dans des souvenirs de mon enfance quand un bruit de verre brisé résonna dans mes oreilles et je me levais. Tout d'abord immobile, je me déplaçais dans un endroit sombre afin de m'y camoufler. Triste stratégie car complètement inutile, si un loup souhaitait m'attaquer, il n'aurait qu'à tracer mon odeur.

Un loup hurla à l'étage et d'autres le suivirent. Une série de léger "boum" suivit. Écartant légèrement les voiles des fenêtres, je vis trois hommes se transformer en loup puis disparaître dans les bois. "Tu vois Lou, je suis pas la seule à utiliser la fenêtre pour sortir, pensais-je".

C'était la nuit, mais plus la lune arrivait à son zénith, plus la maison était en effervescence. Je ne devais pas oublier que les vampires était les ennemis ancestraux des loups-garous et que certains pouvaient m'attaquer à tout instant à cause de leur instinct alors je restais cachée dans l'ombre mais j'entendais très clairement des bruits à l'étage, des pas, des "boum" et des cliquetis (sûrement des loups qui s'étaient enfermés et qui tapaient contre leur porte ou essayaient de se libérer de leurs chaînes).

Et au bout de dix minutes, les derniers dormeurs se réveillèrent et succombèrent à leur instinct. Certains descendirent par les escaliers et bien que quelques-uns regardèrent dans ma direction, ils ne m'attaquèrent pas. À l'extérieur, des grognements résonnèrent, suivi de glapissement effrayé. M'approchant d'une fenêtre, je vis une scène qui m'horrifia. Un loup blanc et un loup brun foncé étaient encerclés par d'autres. Le loup brun portait des traces de griffures à l'épaule droite. Je n'étais pas sûre que ce soit Raiden et j'espérais sincèrement que ce ne soit pas lui. Un loup gris sauta sur le dos du brun qui n'arriva pas à se défendre. Ce dernier tomba sur le flanc. Le blanc grogna et prit son élan pour percuter le gris qui, grâce à une secousse du brun fut éjecté.

Un loup noir arriva et se mêla aux trois autres. Il gronda et se mit à poursuivre le loup blanc et grâce à un autre loup brun-roux, il arriva à le coincer. Dans les yeux du gris, une satisfaction perverse brillait. Il s'approcha doucement du loup blanc puis déploya son aura et arriva à le soumettre en quelques secondes. Le blanc courba la tête mais son adversaire ne s'arrêta pas là, il le griffa à l'épaule.

C'est quand je ressentis la douleur de la blessure que je compris que ce loup était mon Âme Croisé. Il hurla de douleur et, comme si le brun-roux voulait le faire taire, il lui sauta sur le dos et le renversa avec violence. Mon dos me brûla et je sentis mes plaies se rouvrir. Mon corps tremblait et je dû me maintenir au mur pour ne pas tomber. Dehors, les loups le toisaient avec mépris.

De l'autre côté, le loup brun était immobile, couché dans l'herbe. Sa poitrine se soulevait difficilement, mais il était en vie. Son corps était couverts de griffures et de morsure.

Je me laissais glisser contre le mur et tombais à genou sur le parquet. Mon dos était en ébullition et du sang suintait de mes plaies. Je n'arrivais pas à bouger, mais je sentais chaque coup reçu par Raiden. Mon corps tressautais et je me repliais mes jambes contre moi en les entourant de mes bras pour essayer d'arrêter de trembler. Sans succès évidemment.

Mon Âme Croisé hurlait sous les coup de griffes et de crocs. Je n'arrivais plus à voir ce qu'il se passait mais j'imaginais très bien la scène : un loup blanc au pelage maculé de sang couché par terre entouré d'autre qui le harcelait comme un chat jouerais avec une souris ou un oiseau.

Puis, après un énième coup, je finis par perdre (encore) connaissance.

* * *

La pleine lune les rendaient incontrôlables. Les loups se transformèrent un à un et hurlèrent à la lune. Un cri plus puissant leur répondit. C'était leur Alpha. Leur chef de meute. Un loup puissant brun-roux aux yeux rendus rouges par l'excitation de la chasse. Ensemble, ils traquèrent plusieurs animaux et les dévorèrent.

Un loup blanc et un loup brun, qui étaient alors restés en retrait, s'avancèrent pour prendre leur part du butin. Mais au moment où ils voulurent récupérer un morceau de viande, plusieurs loups grondèrent. Mais ils avaient faim alors ils grognèrent en retour. Cela ne plût pas aux autres qui s'arrêtèrent et les regardèrent intensément.

Ces deux loups comprirent tout de suite et ils fuyèrent. Les autres les rattrapèrent et les encerclèrent dans la clairière près de La Tanière.

Un loup sauta sur le dos du brun et le renversa. Le blanc vint à la rescousse ce qui alimenta sa colère. Comment ces deux animaux comme eux, ces deux Omégas, osaient porter leurs sales griffes sur des loups fiers et nobles comme eux ? Ils ne pouvaient l'accepter, alors ils s'acharnèrent sur eux jusqu'à ce que leur corps s'immobilise dans l'herbe froide. 

L'Alpha leva la tête et vit que la lune s'apprêtait à disparaître, alors il hurla une dernière fois afin de rappeler ses loups.

Tous ensemble, ils rentrèrent, remontant dans leur chambre respective mais les deux Omégas restèrent couché dans l'herbe, inconscients, jusqu'au matin.