Pour Une Goutte De Sang

Chapitre 24 : Rodrigue (partie 1)

Le soleil atteignait son zénith quand Marc et ses loups se réveillèrent.
« Est-ce que ça va tout le monde ? demanda l'Alpha.
-Oui t'inquiète pas Marc, le vampire, Raji je crois, s'est bien occupé de nous.
-Tant mieux. »
Marc se leva et laissa le temps aux autres de finir de se réveiller. Il contemplait la forêt illuminée par le soleil quand un cri mental lui vrilla les tempes :
« Maaarc !!!! »
Il se tourna vers ses loups :
"Oui ? Loukas c'est toi ?"
Il n'obtient pas de réponse :
« Loukas ! Réponds !
-... »
Il reçut une image mentale du lieu où il se trouvait.
« Les loups on y va ! »
D'un bond, ils se transformèrent et se mirent à courir, Marc à leur tête.

Ils arrivèrent vers le lieu en une heure à peine. Ils étaient dans l'ancien repaire de l'Ambassadrice. Ce n'était que des ruines. Les loups s'arrêtèrent quand ils virent une ombre s'approcher. Marc se ramassa sur lui-même et grogna. Un loup noir apparut. Il était couvert de sang. Marc reconnut Rodrigue. Ce dernier tourna la tête vers la droite et l'Alpha suivit son regard. Trois corps gisaient inanimés dans une flaque de sang. Jasmine, Nina et Coraline. Marc trembla de colère. Rodrigue avait tué ces trois louves, il allait le payer. Mais alors que L'Alpha s'apprêtait à bondir sur le tueur, il entendit une faible voix mentale :
« Non... Piège... Va t-en... Ne... T'occupes pas... De nous... Cours... Loin... Désolé... Papa... »
Marc sentit la voix mentale de son fils s'effacer peu à peu. Damien s'approcha de lui :
« Marc, si c'est un piège, laisse-moi jouer le rôle de l'appât. Je vais les distraire un peu ! »
-Damien, tu ne peux pas faire ça, c'est trop dangereux !
-Je m'en fiche ! »
L'Alpha regarda son ami. Dans les yeux de ce dernier, la douleur s'y reflétait et Marc se souvint que Nina avait été sa compagne pendant deux ans.
« Marc, on n'a pas le temps de tergiverser, à mon signal, vous foncez ! lança t-il. »
Il n'eut pas le temps de l'en empêcher que, déjà, Damien se dirigeait tout droit dans la gueule du loup noir. Les autres se ramassèrent sur eux-mêmes et se préparèrent à bondir sur Rodrigue. Damien avait à peine atteint ce dernier que deux loups se précipitèrent sur lui. Ils roulèrent plus loin et le combat s'engagea. Les autres loups de la meute de Rodrigue courèrent vers celle de Marc. Le plan de Damien tombait à l'eau.

À présent, le combat était aussi inégal que dans la clairière. Mais les loups ennemis étaient sur eux alors ils n'eurent d'autre choix que de se battre. L'ennemi les attaquait avec une férocité inouïe. On aurait dit une tornade qui passe en ayant pour but de faire le plus de victime possible. Pendant ce temps, Rodrigue s'était couché sur le sol froid et les regardait, une lueur amusé dans les yeux.

Marc était aux prises d'un loup gris, les coups de griffes et de crocs s'échangeaient à une vitesse ahurissante sans qu'aucun d'eux ne puisse prendre l'avantage. Mais alors que L'Alpha cherchait une solution, l'ennemi le feinta et le griffa à l'épaule. Marc hurla de douleur. Surpris, le loup gris recula et, voyant qu'une occasion se présentait, il se ramassa sur lui-même et bondit sur le dos de ce dernier sans . Marc le plaqua au sol sous son poids et le mordit à la nuque jusqu'à ce qu'il entendisse le craquement des cervicales. Il délaissa le cadavre pour se diriger en claudiquant vers Rodrigue. Celui-ci se leva et attendit que Marc vienne à sa rencontre. À dix pas, il fonça sur l'Alpha brun-roux. Marc se mit à courir vers l'Alpha noir avec difficulté. Rodrigue sauta sur le dos de Marc qui roula pour le déloger. Il planta ses griffes dans son dos et Marc glapit. Rodrigue finit par le lâcher. Marc s'ébroua et des gouttelettes de sang fusèrent dans tous les sens. Rodrigue ne laissa aucun temps de répit à l'Alpha blessé et commença à le harceler, il fonçait sur lui, le griffait et repartait sans que Marc arrive à le toucher. Le pelage brun-roux, autrefois soyeux et brillant, était couvert de sang séché. Marc voyait trouble. La douleur et le sang perdu l'affaiblissait. Après une dernière griffure, il s'effondra, inerte et Rodrigue vint le dominer de toute sa hauteur.

* * *

Nous réapparûmes dans la forêt. Un léger vent soufflait, nous apportant l'odeur des arbres, de la mousse et des fleurs qui peuplait le sol.
« Enfin de retour dans ma forêt, lança Raiden.
-En théorie, répliquais-je, ce n'est pas ta forêt. »
Il me regarda en souriant. Et, comme à chaque fois, je me perdis dans l'immensité de ses yeux bleus. Il se transforma en loup blanc et courut en direction de la clairière. Je le suivit. Il nous fallut moins de cinq minutes pour y arriver. Devant la porte, je sus qu'il y avait un problème. Il l'ouvrit et entra. Dans le salon, des loups jouaient sur une console. Je vis Sina assise sur une chaise autour de la table, elle semblait préoccupée. Quand elle nous entendit, elle tourna la tête vers nous et un sourire apparut sur son visage. Elle se précipita pour nous saluer.
« Phœnix ! Raiden ! Je suis contente de vous voir, quel bon vent vous amène ?
-Un vent plutôt mauvais Sina, répondis-je, nous avons besoin de l'aide de Nora. »
Les épaules de la jeune femme s'affaissèrent :
« Nora n'est pas là...
-Où est-elle ? demanda Raiden, et les autres ?
-Il y a deux jours, Rodrigue s'est échappé alors on s'est divisé en escouade pour le rattraper mais deux ne sont pas revenue, dont celle de Lou, Aris, Call, Jasmine et... Nora.
-Quoi ? Mais faut aller les chercher ! s'exclama mon Âme Croisé.
-Justement, Marc est allé les chercher avec sept autres loups-garous, mais ils ne sont pas revenus non plus. »
Je regardais Sina puis Raiden :
« Sina, on va aller les chercher ne t'inquiètes pas, lançais-je.
-Non ! C'est trop dangereux !
-Ne t'en fait, nous reviendrons vivant et avec les autres, lui promis-je. »
Avant qu'elle ne proteste, je tirais Raiden par le bras et l'emmenais dehors. Il se transforma et essaya de repérer les traces de ses camarades loups-garous. Je le suivis en silence mais je déployais mon aura, au risque de nous faire repérer, pour essayer de capter celle de Marc.

Lorsque Raiden trouva enfin leur piste, nous la suivîmes en courant. Une vague de panique s'insinua en moi quand je reconnus le chemin. Il menait tout droit dans l'ancien repaire de l'Ambassadrice.

Là-bas, tout n'était que ruine et désolation. On arriva sur une sorte de terre-plein d'où on pouvait voir toute la zone et Raiden se changea en humain. Des bruits de griffes sur le béton résonnait dans l'air.

Je m'approchais un peu plus et vis des loups-garous se battre. L'odeur de la meute de Rodrigue flottait dans l'air, ainsi que celle de Marc.
« Phœnix, ils sont là, qu'est-ce qu'on fait ? »
Je ne répondis pas et regardais plus intensément, je vis des loups à terre, et un loup brun-roux dominé par un loup noir. Je réfléchis à nos options puis je déclarais avec détermination :
« Raiden, on n'a pas le choix.
-Quoi ?
-On fonce dans le tas. »