Il faisait beau ce jour-là, ou alors il pleuvait. Je ne m'en souviens plus.
Non, j'en suis sûre, il y avait du soleil puisqu'on était dehors et qu'on s'amusait.
J'ai l'impression d'entendre des rires...
On jouait, on se courait après, je sens encore le vent dans mes cheveux. Il était derrière moi. Il voulait m'attraper. Mais c'était un jeu. Rien qu'un jeu.
Mais, qui est ce "Il" ? J'ai l'impression de le connaître. De reconnaître ses yeux bleus comme de l'eau glacée. Je ne me souviens de rien d'autre... Si, un sentiment étrange. Qui me serre le cœur quand je pense à lui.
Puis il y a les autres. Mes... Amis ? Je n'ai que des souvenirs de loups. De hurlements. De sourire aussi.Ce jour-là, je me souviens qu'on riait, qu'on était heureux. Puis, un combat acharné. Un choc et le noir. Et enfin, cette cellule qu'est désormais ma maison et cette femme.
Les autres aussi. Ceux qu'on avait perdus. Perdus ? Capturés. Ils me parlent, essayent de me sortir de ma léthargie. Je les entends à peine que j'ai l'impression que c'est un rêve. Je n'ai plus beaucoup de force. J'ai l'impression de sombrer dans un abîme où tout ne serait que ténèbre.Un bruit interrompt mes pensées. Des pas se rapproche de ma cell... Maison.
"Allez debout Carnage, l'heure est venue !"
Alors je me lève et je me dirige vers lui. Son odeur me rappelle quelque chose sans que je ne puisse savoir quoi. Il me tend une poche rempli d'un liquide rouge. Je le dévore et il sourit :
"Bien, tes yeux sont rouges, il est temps."
Il me sort de là. J'entends à peine les autres hurler de me débattre, de le tuer. Ils essayent de m'attraper par mes vêtements. Je grogne, montre les crocs et ils reculent, terrassé par ma puissance. De qui tiens-je cette force ? Je ne sais pas. Elle est là en moi, c'est tout. Et j'en profite.On s'arrête à un embranchement entre deux couloirs et il me montre celui de droite.
"Fais-toi plaisir Carnage, mais sois de retour à la demi-lune."
Mes lèvres s'étirent en un rictus. Ma vision se rétrécit et se colore de nuance de rouge. Je ne vois plus que cette couleur. Et je m'élance dans le couloir avec excitation.* * *
Je me réveillais brusquement. J'étais en sueur et mon corps tremblait sans que je ne puisse le contrôler. Ma tête me faisait mal et j'avais des courbatures partout. Je m'asseyais en me massant les tempes. Au bout de quelques minutes, je pus enfin me lever et m'habiller avant de me traîner péniblement à la cafétéria de l'orphelinat. Sara, la cuisinière, sourit quand elle me vit entrer.
« Raiden, comment ça va ? me lança-t-elle.
-Mal partout, grognais-je maussade, Rubis n'y est pas allé avec des pincettes lors de l'entraînement. »
Elle me sourit en me tendant un bol de céréales.Je retrouvais les autres dans un coin de la salle en train de manger.
« Bonjour, les saluais-je.
-Hey, me répondit Aris sans entrain. »
Les autres me firent un signe de tête.
Je m'installais et commençais de manger.
« On a quoi de prévu aujourd'hui ? demanda Nora.
-Entraînement, répondit Lou avec colère. »
Colère était un faible mot, elle était en fureur, prête à sauter sur tout ce qui bougeait. La brune remua ses céréales devenus mous.Les voir comme ça, déprimés et froid, me rappelait encore plus le vide de mon cœur et de mon âme. Phoenix me manquait tellement... Depuis deux mois qu'elle avait été capturée par Samson et sa meute, on était pas foutu de la retrouver. Même Mélusia avait du mal. Elle fouillait les mondes grâce à son pouvoir, cherchant l'aura de mon Âme Croisée en vain. L'enchanteresse faisait aussi appel à ses contacts mages, mais aucun n'en avait entendu parler. C'était désespérant. Je n'en dormais plus, ou très mal, la nuit et faisant des cauchemars. J'étais incapable de me concentrer et je me sentais comme la chrysalide d'un papillon après qu'il en soit sorti. Vide, terriblement vide.
Après notre petit-déjeuner, Rubis vint me voir :
« Il faut que tu ailles voir Mélusia, me prévint-il, elle a peut-être une piste.
-Tu sais que c'est la dixième fois que tu me dis ça en deux semaines ? répliquais-je de mauvaise humeur. »
Il me fit une moue désolé et partit entraîner les autres tandis que je me dirigeais vers le bureau de la directrice.
« Assieds-toi, m'intima-t-elle en me voyant entrer.
-Comment puis-je vous aider ? sifflais-je, incapable de retenir mon agacement. »
Elle me regarda fixement et croisa les mains :
« Je comprends que tu sois en colère et désespéré mais...
-Non, la coupais-je, vous ne pouvez pas savoir ! La fille qui détient la moitié de mon âme est loin, en train de subir des choses atroces, choses qu'elle a déjà vécus par le passé ! J'avais promis... De la protéger... De... »
Je n'arrivais pas à terminer ma phrase que ma voix dérailla dans l'aigu. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je les retins. Pas question de pleurer devant elle.Elle ne dit rien, se contenta de me regarder me battre contre moi-même pendant de longues minutes.
Puis, quand je fus enfin calmé, elle reprit la parole.
« J'ai une idée qui pourrait nous aider à la localiser. Mais il faut que tu sois détendu et calme. Que tu réorganises ton esprit, ne pas le laisser vagabonder et ne pas te laisser aller à la douleur. »
Elle me montra la chaise face à elle et je m'y assis, docile. Je n'avais plus la force de répliquer quoi que ce soit.
« Ferme les yeux Raiden. Retrouve la ligne des Âmes Croisées. Passe au travers de ta douleur et suis-la. Retrouve Phoenix, retrouve ton Âme Croisée. »Je la regardais droit dans les yeux et je remarquais qu'ils avaient une lueur violette. Puis j'obéis et je fermais les yeux.
* * *
Dans le premier monde, celui des Anges et plus particulièrement dans le palais séraphique. L'Ambassadeur regarde l'Impératrice avec angoisse.
« Majesté, qu'allons-nous faire ? Des séries de meurtres sont régulièrement commis. Si nous ne faisons rien, notre race pourrait bien diminuer de moitié en moins d'une année. »Un sourire étira les lèvres bleues de l'Impératrice.
« Ambassadeur, pourquoi êtes-vous seuls ? demanda-t-elle soudainement. »
Il recula de surprise :
« Hé bien, les autres sont... »
Il ne put terminer sa phrase, tellement il avait honte.
« Mort, termina-t-elle, ils sont tous décédés et savez-vous qui les a tué ?
-N... non Majesté. »
Elle se leva et secoua ses longs cheveux bleus très clair. Levant la main gauche, elle dévoila sa Brume cyan.
« C'est moi qui les ait tué Ambassadeur, parce qu'ils ont trahis et les Mondes et moi. Ils ont suivi celle que vous aimez et que vous souhaitez protéger malgré ses crimes. »
Le visage du concerné pâlit dangereusement.
« Ma... Majesté... bredouilla-t-il.
-Taisez-vous, répliqua-t-elle d'une voix très douce. Je ne veux rien entendre. Mais pour répondre à votre question à ce que nous allons faire. Hé bien, comme les crimes ont été commis par des vampires, allons faire une petite visite au Roi des Vampires. Peut-être pourra-t-il nous dire ce que des vampires font dans notre Monde. Et... Si c'est bien ce que je pense, alors il nous faudra nous allier. »L'Ambassadeur voulut répliquer, mais elle fit un geste et il s'effondra, assommé. L'Impératrice soupira et posa deux doigts sur le front de celui qui avait été son ami. Il disparut instantanément et reparut quelques secondes plus tard allongé sur son lit, faisant sursauter la succube qui faisait le ménage dans le palais.
Puis elle se rassit sur son trône.
« Éther, Éther, Éther... murmura-t-elle avec dépit à elle-même. »
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Pour Une Goutte De Sang
FantasyQuand je finis ma "tâche", elle me mena jusqu'à la chaise, jusqu'au "supplice du sang", puis me relia à des câbles. Je hurlais, c'était de la torture. Elle me prenait mon sang, et une fois que ce fût fini, elle me ramenait dans ma cellule. C'était m...