Chapitre 9

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Il n'a pas fallu beaucoup de temps à Esmeralda pour faire appel à mes services. Le lendemain après son premier message elle m'avait appelé, interrompant au passage mon sommeil pour me dire de la rejoindre au parc avec un training et un pull. Mes sourcils se sont froncés à la demande mais j'avais beaucoup trop la tête dans le cul pour lui en demander davantage. À peine j'ai soupiré qu'elle m'a fait rappeler la raison pour laquelle je ne pouvais refuser, ce qui m'a mis de mauvaise humeur. Quand on a quitté l'appel, j'ai zyeuté l'heure et mes yeux se sont écarquillés. 5H34. Pourquoi cette sorcière se lèverait-elle aussi tôt ? Non, la vraie question était ; pourquoi m'appeler et me déranger à cette heure-ci alors qu'elle avait une tonne de larbin ?

Pour me faire chier, ça doit être ça. Elle a un nouveau jouet, elle veut donc en profiter un max et me pousser à bout.

Préparée, habillée comme demandé et fin prête, j'ouvrais ma porte et fus prise de court par le vent froid du matin. Il fallait s'y attendre, on s'approchait du milieu de l'automne et les chaudes températures avaient déjà été chassées par le vent. J'ai fermé ma porte, sautillant sur place et tout en me dirigeant vers le parc, je plongeais mes mains au fond de la poche de mon pull.

Arrivée au parc, je vis Esmeralda sur son téléphone, adossée contre une barre avec des vêtements de sport. Plus précisément un legging et un pull blanc qui laissait peu de place à l'imagination. Apparemment, elle se fichait pas mal du fait qu'on voyait ses sous-vêtements au travers.

«Rassure-moi, je ne porte pas ces vêtements pour courir ?» Demandais-je, grognonne.

« Bonjour à toi aussi » Dit-elle en rangeant son téléphone. « Et désolée de te décevoir, mais je ne t'ai pas fait venir juste pour que tu me reluques, quoique ça ne me poserait pas de problème si tu le faisais de temps en temps »

« Et tu vas faire du sport alors qu'on voit tout au travers ? » Demandais-je avec incrédulité.

« Les rues sont vides à cette heure-ci »

« Tu oublies les adultes qui passent en voiture pour aller travailler »

« Eh bien au moins si on doit traverser une route, on est sûr qu'ils vont s'arrêter » Rétorqua-t-elle avec un sourire espiègle, ce à quoi je répondis en roulant des yeux. « Bon, on va commencer par un étirement, ensuite courir 30 minutes, puis abdos et c'est tout »

« C'est tout ? » J'ai répété en haussant un sourcil. Elle veut me faire travailler à une heure aussi matinale ? Huh

« Commençons, tu n'as qu'à me copier » Dit-elle en commençant par s'étirer les jambes.

J'ai roulé des yeux et j'ai fait comme elle. « Tu sais que je ne suis pas la personne la plus sportive de ton entourage, pourquoi ne pas avoir demandé à ton copain Phoebus ?» C'était petit, très petit, mais je l'ai vu tressaillir au nom mais je n'ai pas eu le temps de m'attarder sur le geste qu'elle reprenait déjà sa façade neutre en étirant maintenant ses bras.

« Si je t'ai appelé c'est qu'il ne pouvait pas et demander aux binoclards de courir avec moi ce serait demander à un débile mental de résoudre un problème de math » Sa comparaison était très bien trouvée pour une fille qui n'utilise pas souvent son cerveau. Pour une fois, j'étais assez d'accord avec elle. Après tout, les binoclards qui la suivent sont essoufflés au moindre geste, marcher un couloir de 30 mètres les faisait suer, même penser les faisait suer. Alors j'ai hoché la tête et j'ai répondu par une affirmation. Et notre discussion s'est terminée ainsi.

Après les étirements, nous avons couru comme prévu pendant 30 minutes et j'avais réussi à m'arrêter que 4 ou 5 fois. Des fois Esme ralentissait et me disait que j'allais me sentir bien une fois la séance terminée. Je n'en croyais pas une seule seconde. Moi ce que je voulais, c'était de me recoucher dans mon lit enrobée dans un duvet chaud et me réveiller que 30 minutes avant le début des cours. Là, tout ce dont j'avais l'impression c'était que mes poumons étaient en feu, mes jambes sur le point de lâcher et ma gorge entrain de supplier une entrée d'eau. Ce n'est pas que je suis nulle en sport, mais disons que ça ne m'arrive pas toujours de devoir courir pendant 30 minutes.

Tu as changé ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant