Chers lecteurs, l'histoire qui se trouve ici est le premier jet du roman du Sang de l'Impératrice, à présent édité et disponible en librairie.
— Mademoiselle, il est l'heure, êtes-vous levée ?
La voix étouffée de Constance réveilla Giselle en sursaut. La jeune femme ouvrit un œil brûlant encore de sommeil et se mit à bâiller. Elle chassa de son esprit le souvenir de son insomnie de la veille et se redressa tant bien que mal, au milieu de son immense lit, en poussant les draps épais d'un revers de bras. Giselle frissonna, la chaleur des couvertures lui manquait déjà.
Elle pesta intérieurement contre elle et sa fatigue, son cerveau n'avait jamais de cesse de fonctionner. Saurait-elle se contrôler un jour ?
Elle se pencha en s'étirant de tout son long sur un côté, afin d'attraper son déshabillé en soie. En boutonnant la veste finement brodée, elle bailla encore et articula en s'éclaircissant la gorge :
— Vous pouvez entrer, Constance.
Une servante ouvrit la grande porte et, d'un geste millimétré, salua Giselle d'une révérence. Ses souliers plats s'enfonçaient légèrement dans les tapis moelleux de la luxueuse suite. Quand elle faisait le service dans les chambres, la domesticité avait pour obligation de changer de chaussures afin de ne pas abîmer les sols recouverts de somptueux revêtements tissés.
Constance ouvrit les rideaux en velours des trois immenses fenêtres qui illuminaient la plus grande chambre de la maison. Une douce lueur entra dans la pièce, dévoilant un mobilier cossu et élégant.
— Il a neigé, observa sobrement Constance en voyant les jardins de la propriété couverts d'une fine pellicule blanche.
— Vraiment ? J'adore la neige. Pourriez-vous allumer le poêle le temps que je m'habille ? Inutile de monter le chauffage.
— Bien, Mademoiselle.
Constance amena du couloir un petit chariot en porcelaine, dont le poids était alourdi par le petit-déjeuner de sa maîtresse et une pile de journaux livrés aux premières heures de l'aube.
La jeune femme observa les gestes sûrs de sa dame de compagnie. Cela faisait bientôt trois ans qu'elle était affectée à son service. Il avait été difficile pour Giselle de faire confiance à cette fille, après le départ de son ancienne nourrice. Aucun employé n'avait su aussi bien la mettre à l'aise. Giselle ferma discrètement la veste de soie afin de couvrir sa poitrine et, toujours allongée dans son lit, accueillit le plateau où était entreposé un copieux petit-déjeuner.
Elle mangea avec bon appétit les brioches et les fruits recouverts de fromage blanc qu'on lui avait servi. Elle lut les journaux avec attention, tandis que Constance s'affairait à allumer un poêle d'appoint en prenant garde ne pas brûler la dentelle de son uniforme.
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Le sang de l'Impératrice [ EDITE EN LIBRAIRIE ]
Siêu nhiênGiselle Le Tholy de Madalberth est l'héritière d'une des familles les plus puissantes de l'Empire de Dalstein. Depuis son adolescence, elle est fiancée au troisième Prince, Dusan, et possède privilèges, pouvoir et une réputation prestigieuse. Ses qu...