Chapitre 16

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Pourquoi est-ce qu'il sourit encore comme ça ?

La jeune femme fronça les sourcils, l'homme détourna le regard et baissa le front devant elle :

— Amenez-moi au bureau de Son Altesse Impériale, dit-elle d'un ton plus sec qu'à son habitude. Je souhaite travailler au calme, il y a trop d'agitation chez moi.

— Le Prince Dusan Tritir est en visite chez son frère le Prince Damjan Duatir, votre Grâce, lâcha t-il du bout des lèvres. En son absence, je ne peux vous ouvrir son bureau, je n'en ai pas la clef.

— Ce n'est pas grave, j'ai un double, rétorqua-t-elle en s'avançant.

Le majordome se raidit quelques instants et s'inclina encore.

J'ai presque l'impression qu'il ne veut pas me voir ici, pensa-t-elle en fixant la nuque de l'homme qui marchait devant elle. J'ai dû l'interrompre dans quelque chose.

Arrivée devant la porte du bureau, Gisèle demanda du thé et confia son manteau à l'homme, qui semblait avoir retrouvé son air placide.

— Un message a été envoyé à son Altesse. J'ignore combien de temps Son Altesse mettra à rentrer car...

— Ça ira, merci à vous.

Elle sortit une petite clef d'une de ses poches et ouvrit la serrure, Dusan le lui avait donné plusieurs années auparavant, afin qu'ils puissent travailler ensemble. Il était rare à présent qu'elle vienne seule ici.

La pièce était plongée dans l'obscurité, la faible lumière du jour avait du mal à percer au travers des lourds rideaux de brocards. Elle en devinait pourtant les contours et sut se diriger sans se heurter contre les meubles. Elle alluma la lampe de bureau et vit d'emblée que Dusan était parti sans avoir pris le temps de ranger ses affaires.

La jeune femme soupira et entreprit de décaler les documents sans les mélanger, afin qu'elle puisse elle-même avoir de la place pour travailler.

Le large bureau en désordre, elle mit quelques instants à trouver du papier propre et déballa sa plume. Du coin de l'oeil, Giselle remarqua une pile de lettres dans un tiroir mal fermé.

Qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas mon courrier mais c'est du papier à lettres de la maison, pensa-t-elle en ouvrant le tiroir.

Elle prit dans sa main la pile, nonchalamment attachée par une simple cordelette blanche.

Oui, c'est moi qui ai commandé celui-ci, il y a bien le H que j'ai choisi en filigrane. Est-ce que c'est papa qui lui a envoyé ce courrier ?

Giselle tourna le paquet et considéra l'adresse inscrite. L'écriture n'était pas celle de son père, mais lui était familière. Elle hésita un instant, mais se ravisa. En prenant le tiroir pour reposer la pile, elle aperçut une enveloppe semblable ouverte, avec plusieurs feuillets à l'intérieur.

Elle prit le courrier et toucha le papier entre ses doigts, incertaine de le lire.

Cela concerne peut-être le mariage, une surprise ou autre. Une clause du contrat de mariage peut-être ?... Si cela vient de la maison, c'est forcément mon père ou bien Iphigénie qui l'a écrite, les serviteurs n'ont pas le droit de se servir de celui-là. Par les Dieux, et si c'était ma mère ? non, impossible...

Giselle interrogea sa conscience plusieurs minutes. Lire le courrier de Dusan était formellement interdit, il était prince de l'empire et espionner ses correspondances était criminel. Cependant, cela la concernait directement ; le papier à lettres était de sa famille.

Le sang de l'Impératrice [ EDITE EN LIBRAIRIE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant