Chapitre 10

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Elle réfléchit brièvement et le salua en se remémorant ses cours de maintien.

— Bonsoir, Votre Altesse Impériale, puisse la Mère guider vos pas et le Père veiller sur vous.

Le Prince Damjan, aussi grand que son frère, se pencha sur elle. Il avait les cheveux longs, les traits plus fins, des yeux en amandes plus clairs. Elle fut surprise en voyant ses cils interminables et fournis. Il portait également du côté droit, une magnifique boucle d'oreille qui suspendait une grosse perle blanche.

— Incroyable vraiment..., répéta-t-il en agitant sa main avec une légère désinvolture.

Il tenait un verre déjà à moitié vide et ses doigts étaient couverts de bagues. Léonie remarqua qu'il sagissait de bijoux de femmes. Il s'approcha d'elle et soupira.

— Incroyablement ennuyeuse, si vous voulez mon avis..., murmura t-il discrètement au creux de son oreille.

Léonie ne put s'empêcher de pouffer.

Elle connaissait la réputation du Prince Damjan, qui était celle d'un insouciant noctambule. Si son attitude détachée faisait parfois jaser, ses histoires n'étaient pas scandaleuses pour autant. Giselle le décrivait comme un homme absolument brillant, mais qui pouvait se montrer cynique et maussade. Elle avait lancé une fois qu'il avait reçu la même éducation que son frère aîné et que certains membres du gouvernement voulaient en faire le Prince héritier.

— Et pourquoi cela ? demanda simplement Léonie, saisissant sa chance de pouvoir discuter avec quelqu'un d'aussi influent.

— Ma future belle-sœur, ajouta-t-il en cachant d'une main ses lèvres, est une fille incroyablement fade et ennuyeuse... À la hauteur de cette réception insipide.

Léonie n'en crut pas ses oreilles. C'était la première fois qu'elle entendait quelqu'un dire du mal de Giselle. Son coeur ratta un battement. Tout le monde la portait aux nues, s'émerveillait devant elle !

Une lumière brilla dans les yeux de Léonie.

— Mais vous devez savoir bien mieux cela que moi, dit Damjan d'une voix plus haute, vous vivez sous le même toit. Comme je vous plains...

La jeune femme ouvrit la bouche en prenant un air scandalisé puis se mit à rire. Elle osa dire d'un ton complice :

— Sur notre chemin pour venir ici, elle était raide comme une planche. Elle restait si froide alors que son père était heureux pour elle ! C'est si triste, cette pression !

Le Prince hocha la tête d'un air entendu :

— Oui, elle considère cela normal. Ce mariage est son dû après tous ces efforts à travailler, à rester enfermée avec ses livres. Elle est l'incarnation parfaite de la princesse, votre sœur s'est évertuée à cocher les cases sur tous les sujets ! Une descendante directe de cette vieille espèce de nobles, pour qui le rang est plus important que tout, une vocation à servir le peuple. Il but une gorgée et continua sur un ton sarcastique : Elle doit être frigide si vous voulez mon avis !

Léonie poussa un rire nerveux. Autour d'elle, les gens l'observaient avec curiosité. Qui était cette fille, qui discutait avec le Prince ? Que disaient-ils ? Certains reconnaissaient la sœur de Giselle, sans doute parlaient-ils du mariage !

La jeune femme but à son tour une longue gorgée de champagne, elle se rappela toutes les fois où Giselle l'avait exaspérée.

Si le Prince Damjan osait dire cela de la future princesse, alors il n'était pas le seul à le penser. Léonie se sentit pousser des ailes et ouvrit la bouche ; après tout, ce n'était pas un journaliste, elle pouvait s'épancher sur quelques confidences.

— Elle n'a jamais voulu discuter avec moi, ni s'intéresser à ce que je faisais. Quand nous sommes arrivées avec ma mère, c'est à peine si elle nous a accordé son attention. La première année, j'ai dû la croiser seulement trois fois. Nous ne prenions même pas nos repas ensemble ! Son père a dû la forcer à venir me parler. Durant notre première discussion, elle n'a ri à aucune de mes plaisanteries et ne faisait vraiment aucun effort pour être aimable. Cela m'a chamboulée pendant des semaines ! Suis-je si inintéressante, à ses yeux ? Pendant nos sorties, elle me laisse toujours de côté et préfère rester avec ses amis, auxquels elle ne m'a jamais présentée.

Damjan observa Léonie avec un sourire. Elle était totalement l'inverse de Giselle. Grande, très brune aux cheveux souples, avec de grands yeux expressifs. Elle avait une bouche pulpeuse et un teint chaud, une peau lisse. Tous pouvaient admirer sa taille svelte et une poitrine opulente, qu'elle avait certainement vite appris à mettre en valeur. Damjan comprit que c'était une femme qui connaissait la séduction du corps, tout en conservant une attitude des plus innocentes.

En voilà une qui maîtrise parfaitement l'art de se faire aimer, pensa-t-il en la regardant lui sourire.

— Je suis sûr que parmi nous, se trouvent des personnes qui apprécient votre compagnie..., répondit le Prince d'un ton taquin. Vous pouvez compter sur moi, je vous aiderai là où votre sœur a échoué !

Le cœur de Léonie se mit à battre :

— Vous ferez ça pour moi ? dit-elle avec un regard plein de surprise. Me voilà chanceuse !

— Mais bien sûr, vous ne pouvez vivre dans l'ombre de Giselle, vous aussi vous avez le droit de briller ! annonça Damjan en lui faisant un clin d'œil. Pardonnez-moi, mais mes parents vont bientôt arriver. Je dois vous abandonner, jusqu'à la prochaine fois !

Elle le regarda partir, un air ravi sur le visage.

Un léger mouvement de foule traversa l'assemblée, un murmure se fit entendre. Les gens se tournèrent tous dans la même direction. Au loin, Léonie put voir l'Empereur, accompagné de Carolina.

 Elle remarqua que Damjan allait saluer son frère et à la vision des deux princes, un frisson la parcourut

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Elle remarqua que Damjan allait saluer son frère et à la vision des deux princes, un frisson la parcourut.

Le sang de l'Impératrice [ EDITE EN LIBRAIRIE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant