1 : La première rencontre

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Charlie se sentait enfin au chaud et en sécurité, quand bien même son instinct lui criait que quelque chose n'allait pas. La jeune fille voulait rester autant que possible dans le cocon chaleureux et douillet qui l'entourait, produit par la simple présence d'un feu de cheminée.

Elle distingua des sons légers et réguliers, qui devenaient pourtant un peu plus nets à chaque instant. Inconsciemment, la jeune fille se recroquevilla davantage sur elle-même, comme si cela pouvait détourner tous les dangers du monde d'elle.

Pitié...

Charlie se sentit brusquement tirée au-dessus du sol où elle s'était allongée, éloignée du feu qui l'avait réchauffée et rassurée, ses pieds n'effleurant même pas le parquet. Elle n'eut pourtant même pas peur, trop surprise pour s'attarder sur ses émotions.

Deux yeux émeraude fixaient intensément les siens.

Elle trouva leur couleur magnifique, mais pas rassurante pour autant, les deux pupilles ayant une fixité dérangeante. La personne qui la tenait par le col de son manteau portait un capuchon. Pourtant, leur proximité permit à Charlie de distinguer le faciès de celui qui la regardait.

Les deux yeux verts, brillants à la lueur du feu qui brûlait derrière la jeune fille, appartenaient à un visage d'homme, aux traits ciselés, sans défauts, aux cheveux noirs, d'une expression étrangement indifférente.

Jamais quelqu'un ne lui avait semblé aussi beau, c'était irréel. Charlie ne voyait aucune trace qui aurait pu indiquer un maquillage quelconque ou l'utilisation de chirurgie. Elle se sentait incapable d'appréhender une telle perfection sans artifices.

Un éclat détourna l'attention de la jeune fille de ce visage si inhabituel et elle constata avec effroi que l'homme portait une épée à la hanche. Enfin, un sentiment de peur la submergea face à l'arme et son cœur s'emballa. Cinq autres silhouettes se trouvaient près d'eux, d'une carrure similaire à celle de l'homme qui l'avait soulevée comme si elle ne pesait rien, également en possession d'épées.

Ne panique pas, ce sont des épées, pas des pistolets ou même des tasers. Si je cours, ils ne pourront pas m'atteindre. Des armes de ce genre sont moins dangereuses qu'une arme qui tuerait à distance. Je le sais pourtant... Et puis s'ils avaient voulu te tuer, ils l'auraient fait pendant que tu dormais, ils n'auraient pas pris la peine de te réveiller pour ça...

Malgré son esprit qui cherchait à la rassurer, Charlie eut du mal à refouler des larmes de détresse. Pendant un moment, une nausée lui fit tourner la tête, alors que le souvenir du goût du sang s'imposait à elle. La jeune fille reprit difficilement pied avec la réalité lorsqu'une voix l'interpella :

— Que fais-tu ici ?

La question la prit au dépourvu et elle fixa l'homme, un peu hébétée, sans pouvoir dire un mot. En réponse, la prise sur le col de son manteau se raffermit et Charlie songea que l'inconnu avait une force remarquable pour la maintenir ainsi au-dessus du sol sans manifester de tensions.

— Je me suis perdue dans la forêt, on m'a volé mes affaires, mentit la jeune fille. J'ai vu cette maison alors j'y suis entrée pour m'abriter de l'orage.

L'homme la regardait avec un tel calme que son malaise surpassa sa peur, les deux yeux verts ne cillant même pas, ajoutant de l'inconfort à la situation.

— Sais-tu qui nous sommes ?

C'est quoi cette question ? Je peux répondre quoi à un truc pareil ?

Charlie posa un regard sur les épées qui scintillaient à la lumière du feu, se demandant si son heure était venue. Son seul indice, c'était ces armes.

Les secrets des uns font le malheur des autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant