6 : Une bagarre de brigand

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Un chapitre de 4000 mots cette fois-ci.

AVERTISSEMENT : Combat + langage vulgaire, mais rien de bien graphique non plus.



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Charlie n'écoutait que distraitement les conversations des autres couturières dans la boutique, trop concentrée sur un modèle bien plus complexe que les précédents. Si la jeune fille avait déjà eu affaire à des déguisements parfois délirants, c'était bien la première fois depuis son arrivée dans le royaume qu'elle tombait sur ce qui lui évoquait un costume de jonquille, et même si elle n'avait pas à s'occuper du patron, rien que de voir l'esquisse du vêtement l'angoissait.

Elle reposa un moment ses ciseaux de couture, essuyant ses mains un peu moites pour ne pas être gênée dans sa tâche alors qu'elle s'emparait d'une aiguille à coudre et se mettait à assembler deux pièces d'un tissu jaune bien plus précieux que ceux qu'elle cousait d'habitude.

Pourquoi quelqu'un souhaitait-il porter un costume de jonquille ? Et pourquoi s'embêter à utiliser un tissu aussi coûteux que la soie ? C'était une dépense plutôt inutile, ou tout du moins Charlie n'en voyait pas l'intérêt.

Un mot la sortit finalement de son attention alors que la couturière la plus proche d'elle, Sarah papotait avec Mme Gloucester.

Bal.

La travestie tourna la tête vers son employeuse, cessant son travail quelques minutes pour écouter plus attentivement la conversation.

— Les nobles ne feront probablement pas de grand changement aux tenues des autres années, mais nous allons crouler sous les commandes jusqu'à la fête, l'été va être long, se plaignait la couturière. Charlie, que faites-vous à nous regarder béatement ?

La jeune fille esquiva un coup de ciseaux sans être surprise, Mme Gloucester avait la fâcheuse habitude d'utiliser sa paire de ciseaux favorite comme s'il s'agissait d'un sceptre, manquant parfois d'éborgner de nouveaux clients. Si sa renommée n'avait pas été sans pareille, sa boutique aurait perdu beaucoup d'acheteurs, mais ils semblaient être habitués à la langue bien pendue de la quinquagénaire. Pas plus tard que la veille, Charlie avait écouté distraitement la femme de plaindre des goûts vestimentaires d'un M. Hidalf qui ressemblait souvent à une tomate farcie à cause de ses vêtements rouges.

Charlie n'allait pas plaindre l'homme, de ce qu'elle avait entendu il faisait partie de la haute noblesse et comptait parmi les hommes les plus fortunés du royaume. S'il s'obstinait à ressembler à une tomate, il pouvait se payer le luxe de le faire avec des vêtements de satin si ça lui chantait.

— Je ne me souvenais pas que vous ayez mentionné une fête ou un bal, répondit la travestie.

— Mais si voyons, le bal... oh suis-je bête, sourit la couturière, c'est vrai que vous êtes nouveau dans le royaume. Je vais laisser Diane et Madeleine vous expliquer, je dois partir faire les mesures de la famille Jolibois, des gens charmants et qui ont du goût je dois dire.

La femme fila hors de sa boutique et sa seconde prit place à l'avant du magasin pour accueillir les clients, laissant Charlie avec ses interrogations. La nymphette Diane voleta jusqu'à elle avec un air exaspéré qui agaçait déjà la jeune fille.

— Le dernier des ignares sait ce qu'il se passe le premier jour du mois des feuilles mortes.

Charlie en déduisit que la fête se déroulerait le premier octobre, mais elle rétorqua que si ignare elle l'était, il suffirait de lui expliquer pour qu'elle ne le soit plus.

Les secrets des uns font le malheur des autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant