15 : Doutes derrière les masques

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Bonjour à tous, pas d'avertissement pour ce chapitre, d'environ 4200 mots.

Bonne lecture !



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Dans à peine un mois devait se dérouler le bal costumé qui avait amené la fratrie Estaffes à se quereller pour cette broutille. Henri avait déjà accepté de s'y rendre enfin, lorsque Charlie était venu dans leur demeure il y a de cela deux semaines.

Par chance, le choix du costume avait été arrêté assez tôt, plus tôt que ce à quoi Tybalt se serait attendu. Une raison quelconque avait conduit son frère à désirer se rendre au bal, vêtu d'un costume d'ombre. La faucheuse en personne, avait murmuré Charlie en voyant le choix du déguisement.

Ces quelques mots auraient presque fait changer d'avis Henri. S'il avait certes tué des innocents, de sang-froid pour certains, la pensée d'incarner la mort n'avait rien de très engageant. Le cuisinier de la fratrie avait pourtant gardé son choix, ravalant des paroles qui auraient pu intriguer leur couturier de service. Si l'humain avait perçu le ton légèrement amer d'Henri, il n'avait pourtant rien dit à ce sujet.

La séance de couture qui devait avoir lieu aujourd'hui agaçait Tybalt autant qu'elle semblait amuser ses frères, pour une quelconque raison. Sans doute parce qu'ils prenaient bien trop de plaisir à l'idée de se rendre au bal pour se rendre compte de tous les dangers qu'ils encouraient en faisant cette folie.

Et pourtant, après des semaines de protestation, Tybalt avait lui aussi cédé. Il allait se rendre au bal costumé lui aussi.

Cependant, il n'en n'avait ni parlé à ses frères, ni à leur couturier personnel. Et à tout juste un mois de la fête, Charlie Spenda risquait de manquer de temps pour lui fabriquer un déguisement, d'autant plus qu'il n'avait aucune véritable idée de ce qu'il voulait porter pour la fête. Et il se savait franchement exigeant, surtout qu'il voulait être certain de ne pas être reconnu au cours de la soirée, ce qui ne faciliterait pas le choix qu'il devrait faire pour le costume à porter.

Pour le moment, il se contentait d'observer le jeune humain retoucher des coutures sur le vêtement d'Henri, alors qu'Arthur lançait de temps à autre une taquinerie à son frère, sans qu'elle ne soit drôle la moitié du temps.

— Je pense que ça devrait faire l'affaire, souffla Charlie. Et je ne serais pas contre être payé.

William prit un air amusé alors qu'Henri râlait un peu pour la forme au sujet du prix des tissus et du maquillage, mais son léger sourire en coin était suffisant pour que Charlie se doute de ses véritables pensées.

— Eh bien, il ne me reste plus qu'à retirer mes affaires de la chambre que vous m'avez prêtée et ensuite je m'en irai, comme convenu, lâcha l'humain.

Tybalt le regarda monter à l'étage sans bouger, restant quelques minutes seul avec ses frères.

— Tu devrais te dépêcher avant qu'il ne reparte, lui murmura William. Et non, tu n'es pas prévisible, anticipa son frère. C'est juste que d'habitude, tu es sarcastique pendant les séances de couture. Mais aujourd'hui, tu étais silencieux, donc nous avons compris quelle décision tu avais pris.

— J'aurais dû me douter que vous aviez vu clair dans mes intentions, soupira l'Hélios.

— C'est normal, nous sommes tes frères, enchaîna Henri.

Tybalt ne répondit pas et monta à l'étage à son tour, marchant lentement, écoutant les battements de cœur de Charlie dans la pièce qui lui avait été attribuée des mois plus tôt. En se mettant dans l'encadrement de la porte, il l'observa ranger des chutes de tissus dans de larges sacoches.

Les secrets des uns font le malheur des autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant