26 : L'orphelinat des sourires

64 9 74
                                    



Bonjour, je suis de retour, pour l'arc 2 de cette longue fanfiction !

Il y a environ 4000 mots pour ce chapitre. Pas d'avertissement pour ce chapitre, j'espère qu'il vous plaira.

Bonne lecture !




**********






La vie semblait toujours bien gaie, même si au fond des regards, des craintes muettes devenaient lisibles à qui savait être assez attentif pour deviner les pensées les plus pessimistes. Et Charlie avait longtemps eu le don de déceler ces inquiétudes, sans systématiquement en comprendre les raisons. Pourtant elle était incapable de voir quoi que ce soit dans les pupilles nerveuses des astriens, à peine deux mois après la rupture du Serment rouge.

Un vieux bout de parchemin s'était brisé, au sujet f'une promesse qui ne valait rien. Pourquoi s'en faire ? La paix régnait et les Élitiens étaient forts, tandis que la garde royale s'était renforcée. Il n'y avait pas lieu de se causer du souci.

Néanmoins la jeune femme avait bien noté les airs silencieux, impassibles, figés dans des expressions indéfinissables de l'escouade verte, comme si le silence des premières rencontres s'était de nouveau immiscé entre la fratrie et Charlie. Et pourtant, les six frères tentaient d'être identiques à eux-mêmes : William jouait l'hôte aimable et bienveillant de la petite demeure des bois, avec l'aide de Richard qui lui parlait littérature et philosophie, bien que Charlie soit mauvaise interlocutrice sur ce domaine. Elle trouvait difficile d'exposer des concepts et idées qui n'étaient pas les siennes, sans pouvoir en expliquer l'origine. Henri était égal à lui-même : il cuisinait avec abnégation, pestait lorsque ses frères rentraient dans son lieu de prédilection et acceptait Charlie sans sourciller. Edward continuait de rester vague et un peu effacé, allant au lac sur le minuscule radeau qu'il avait fabriqué le jour il avait avait accepté de venir au bal costumé. La jeune femme n'avait pas été surprise de voir que la frêle embarcation existait encore, la seule surprise était qu'elle semblait avoir été largement consolidée et agrandie, devenant une petite cabane sur l'eau.

En vérité, si les attitudes d'Arthur et de Tybalt n'avaient pas changés aussi nettement, Charlie ne se serait pas aperçue de l'étrange attitude qui régnait lorsqu'elle était dans la fratrie.

Et pour cause. La spontanéité d'Arthur semblait être devenue gauche, un peu forcée. Les sourires et les blagues légères, taquines, douces, semblaient mécaniques et grinçantes, comme si le jeune homme était un violon au son harmonieux qui était devenu strident sous l'effet d'un musicien maladroit. Quant à Tybalt, il était muré dans un silence presque colérique, loin de l'agacement muet qu'il avait manifesté lorsque Charlie l'avait vu les premières fois. Elle avait le sentiment qu'au moindre mot de travers, le benjamin deviendrait une bombe qui lui arracherait un bras.

La demoiselle mettait tout cela sur le compte d'une nervosité ambiante. Elle s'imaginait que l'escouade verte —les Estaffes, se rappelait Charlie— craignait qu'on ne vienne leur demander des comptes, pour des crimes jamais commis.

Pour se consoler du manque de chaleur de ceux qu'elle s'était rêvée à imaginer comme ses frères, elle donnait à présent une partie de son énergie à l'orphelinat le plus proche. Elle se sentait toujours bien accueillie. Peut-être qu'au fond, les orphelins reconnaissaient les leurs, de la même manière mystérieuse dont un jumeau vit la douleur de son double.

Les secrets des uns font le malheur des autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant