Un souffle, une respiration erratique et des pleurs.Difficile d'entendre de tels sons dans une forêt dense, et pourtant une personne les produisait. Le souvenir lancinant de coups de feu, d'une violente douleur à la poitrine, de quelques mots échangés avec son meurtrier mettaient ses nerfs à rude épreuve. Quand enfin ses sanglots se tarirent, ce fut pour voir qu'elle se trouvait dans un lieu inconnu.
La petite silhouette se redressa et courut entre les arbres, n'apercevant rien qui puisse être familier. La rue où elle s'était trouvée s'était comme volatilisée. Était-ce la mort qui l'avait emmenée dans cet endroit ?
La jeune femme sentit sa peur s'éteindre peu à peu alors qu'elle marchait, remplacée par la frustration de la solitude. Alors que le temps passait, des nuages sombres s'amoncelaient au-dessus des arbres, et une pluie drue lui tomba dessus.
Elle accéléra le pas en espérant tomber sur une habitation quelconque où se réfugier. La priorité était de se protéger de l'orage qui se dessinait au dessus de sa tête.
Régulièrement, la personne glissait sur une pierre humide ou trébuchait à cause de la boue. Pourtant, elle continuait d'avancer, malgré la pluie battante, le froid, les grondements de tonnerre, la nuit qui était tombée depuis longtemps et la faim.
Alors que la silhouette progressait difficilement dans la forêt, elle distingua soudain une étrange ombre, éclairée par la lumière d'un éclair qui avait fendu le ciel. Un grand bâtiment était visible au loin.
À sa vue, la jeune femme reprit confiance et courut vers l'endroit, espérant pouvoir s'y abriter et peut-être trouver de quoi apaiser son estomac.
Arrivée à la porte d'entrée, la personne réussit à l'ouvrir sans trop de difficultés.
Malgré le manque de luminosité, la personne remarqua que le bâtiment n'avait pas dû être habité depuis un long moment. Elle pouvait distinguer une épaisse couche de poussière sur les meubles et le sol, mais aucune trace d'humidité ou de désordre.
— Il y a quelqu'un ?
Seul le silence répondit à la silhouette frissonnante qui, après plusieurs minutes d'attente et d'hésitation, essuya finalement ses chaussures boueuses sur le tapis du perron et s'avança à pas de souris dans le couloir sombre en face d'elle, éclairé de temps à autre par un éclair.
Elle trouva ce qui s'apparentait à des chambres, une bibliothèque, une salle de bain, un salon et une cuisine, tout aussi poussiéreux que l'entrée. Même en fouillant dans les placards, elle ne décela pas un quignon de pain ou de l'eau qui auraient soulagé un peu sa faim et sa soif.
La dernière pièce du couloir n'en était pas une : il s'agissait d'une penderie à côté d'un escalier qui menait aux deux étages supérieurs. La personne se fit d'ailleurs la réflexion qu'en dépit de la poussière, les quelques affaires qui s'y trouvaient étaient encore en excellent état.
À l'étage supérieur, le même schéma qu'au rez-de-chaussée aurait pu se reproduire si l'une des embrasures de porte n'était pas illuminée par une faible lueur rouge.
La silhouette s'en approcha avec prudence et ouvrit la porte en se préparant à reculer au besoin.
Personne ne se trouvait dans la pièce. Cependant, un petit feu brûlait dans l'âtre de la cheminée qui se trouvait dans un coin. En temps normal, l'inconnue se serait inquiétée, rien n'indiquait qu'un être vivant était venu dans ces lieux depuis longtemps, le feu aurait dû être consumé bien avant son arrivée dans le bâtiment.
La jeune femme se sentit pourtant irrémédiablement attirée par ce feu étrange, et, sans se poser davantage de questions et en remettant à plus tard la visite du reste de l'étage, elle se plaça devant la cheminée et s'allongea en face du foyer, assez loin pour ne pas risquer d'être brûlée par des braises et assez près pour en sentir leur chaleur. Quelques instants plus tard, elle dormait paisiblement.
À plusieurs lieux de là, un groupe se dirigeait à son tour vers ce même bâtiment où s'était endormie une inconnue.

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Les secrets des uns font le malheur des autres
FanfictionCharlie Spenda n'a que vingt ans au moment de mourir. Elle ne s'attendait pas à rouvrir les yeux sur un visage irréel, serti de deux émeraudes qui la dévisagent, sans émotion. « Sais-tu qui nous sommes ? » « Non » Charlie va alors saisir cette...