Le jour où tout changea dans ma vie

LUNA - Chapitre 10

J'attendais que la nuit soit avancée pour sortir de la salle de bain. Il n'y avait plus un bruit dans la maison sauf peut-être dans le couloir. Je me demandais si quelqu'un montait la garde jour et nuit devant ma porte.

Je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi mon père en était arrivé là. Je vivais depuis des années avec un malade et je ne m'étais aperçu de rien. Mais il y avait autre chose, pourquoi engagerait-il des hommes de mains pour une simple fille comme moi. Est-ce que je représentais plus que ce que l'on me disait ? Etait-il lui-même recherché ? Si oui par qui ?

Je ne voulais pas me coucher. J'avais trop peur que si je m'endormais je ne l'entendrais pas rentrer dans ma chambre. Comment combattre le sommeil ? Me mettre à mon bureau et écrire paraissais une bonne idée. Déjà plus de 50 chapitres et je n'arrivais pas à mettre une conclusion à mon histoire. Peut-être parce que si j'y mettais un terme cela voudrait dire que moi aussi j'étais arrivée au bout de mon chemin. Alors il y avait des rebondissements à répétition pour laisser le temps à mon héros de venir me chercher.

Je redressais ma tête vers la fenêtre. J'avais cru voir des ombres passer devant la maison, des ombres très rapides, trop rapides. Dans un premier temps, la peur m'a assailli faisant faire des ratées à mon cœur et puis ensuite je me suis souvenue que j'avais déjà eu cette sensation. C'était un jour dans la forêt à Forks, le jour où j'avais vu pour la première fois ce qu'était vraiment Jacob. Et il n'y avait à ma connaissance que des vampires pour être aussi rapides.

Des vampires ? Mais comment savoir si c'était les amis de Jacob ou bien un être comme celui qui m'avait attaqué ?

Les ombres allaient et venaient comme dans un souffle. L'une d'elle s'est arrêtée prêt de ma fenêtre et avec un léger bruit à peine perceptible a frappé sur les carreaux. J'ai ouvert la fenêtre me disant que si c'était quelqu'un qui me voulait du mal il serait rentré par un autre moyen.

Mon cœur battait. Je savais que les vampires existaient mais je n'en avais encore jamais rencontré d'aussi prêt. Je restais loin de la fenêtre à une distance où il ne pouvait pas m'attraper de sa main.

- Luna ? me dit une voix de femme.

- Oui.

- Je suis Bella. Une amie de Jacob. Il attend à l'extérieur et viendra te chercher dans peu de temps. Reste tranquille dans cette pièce et ne sort sous aucun prétexte. N'ai pas peur nous ne te feront aucun mal.

- Je ne peux pas sortir de toute façon. Ma porte est fermée à clef et je ne suis pas sûre qu'elle se trouve dans la serrure. C'est mon père qui doit l'avoir.

- Nous allons te libérer je t'en fais la promesse. Referme la fenêtre et cache-toi.

- Il y a d'autres hommes que mon père dans la maison mais je ne sais pas où ils sont ni combien ils sont.

- Nous avons tous les renseignements que nous voulions. A tout à l'heure.

- Bella ?

- Oui.

- Merci.

Les ombres quittèrent la propriété aussi vite qu'elle m'avait semblé apparaitre. Ma fenêtre était fermée et je m'éloignais afin de me recroqueviller dans un coin de la chambre sur le côté de mon lit. Je me trouvais assez loin de la fenêtre et assez loin de la porte mais assez proche de la salle de bain pour pouvoir m'y réfugier en cas d'urgence.

Je n'arrivais pas à y croire. Jacob était là tout prêt de moi. Il devait sentir mon parfum, mon odeur. Combien était-il à l'extérieur ?

J'attendais impatiemment qu'on me libère enfin. Malgré ma peur j'étais heureuse, heureuse à l'idée de revoir celui qui j'aimais, heureuse de retrouver enfin ma liberté.

J'essayais de penser à mon avenir. Qu'elle serait la première chose que j'allais faire ? Marcher. Je voulais marcher sur la plage de la Push, là où j'ai vu pour la première fois Jacob. Sur cette plage où il n'y a pratiquement personnes à part quelques branches éparpillées ici ou là. Je repensais aux repas à la réserve tous serrés les uns contre les autres mais dans ce que je considérais une famille, ma famille.

Mais ce qui me réjouissait le plus à part revoir Jacob c'est que je rencontrerais enfin ma mère. Je sais c'est un peu bête ce que je dis mais avant elle était ma tante, maintenant je la regarderais comme étant celle qui m'a mise au monde. J'avais tellement envie qu'elle me prenne dans ses bras et qu'elle me dise combien elle m'aimait.

Tout d'un coup un bruit déchira le silence et me fit sursauter. Un cri de loup se faisait entendre, un cri puissant mais tellement malheureux. Du moins c'est ce que je ressentais à ce moment là. Il voulait m'avertir de sa présence, m'avertir qu'il venait me chercher.

Des bruits venaient de la maison, j'entendais des bruits de pas. Il n'y avait pas que moi qui avais entendu ce hurlement. Mon cœur battait très fort, ma respiration se saccadait. Je tendais l'oreille afin de percevoir le moindre son qui pouvait me faire penser qu'ils étaient sur la propriété.

Mon esprit était vif et des idées me traversaient la tête, et s'ils étaient armés. J'avais envie de hurler moi aussi, je me sentais inutile et j'avais peur, et si Jacob était tué ?

Tout se passa très vite. Un énorme bruit se fit entendre et je supposais que le portail de la propriété avait été ouvert avec fracas. J'entendais des cris, des mouvements, des choses qui se brisaient. Lorsque retentit un coup de feu et là mon cœur s'est arrêté pendant quelques secondes avant que je ne sombre dans l'inconscience.