Chapitre 3

2.3K 100 1
                                    

Je reprenais encore ma respiration lorsque nous sortimes de la ville à bord d'un véhicule bleu passé par le temps et dont le moteur n'avait rien de silencieux. Je regardais par la vitre la ville qui m'accueillait et je me disais que je n'aurais pas dû accepter de venir ici sans m'être renseignée sur Forks. Il n'y avait rien à faire et dans les rues je ne vis que très peu de gens de mon âge.

- Kristen où sont les lycéens ?

Elle riait de ma plaisanterie, enfin ce qu'elle pensait être une blague de ma part.

- Forks peut te paraître désert, Seattle n'est pas très loin, je t'y emmènerais si tu veux. Pour faire des connaissances je te conseillerais la plage à côté de chez moi. Elle est sur le territoire  Quileutes.

- Le territoire Quileute ?

- Une très ancienne tribu indienne. Je t'en parlerais plus longuement si ça t'intéresse il y a quelques légendes mystérieuses à leur sujet.

La maison était sublime et accueillante. J'avais ma propre chambre qui se trouvait à l'opposé de celle de ma tante ce qui me permettait de me sentir déjà libre de mes mouvements.

Mes affaires rangées je descendis rejoindre ma tante afin de lui proposer mes services pour la préparation du souper. Tout était déjà prêt et nous nous sommes mises à table. C'était très agréable de discuter avec elle et elle ne me voyait pas du tout comme une petite fille, sans doute parce qu'on ne la voyait pas souvent. Lors de mon séjour ici elle me laissait aller où je voulais mais je devais obligatoirement être rentrés pour le souper et ne pas sortir sans sa permission le soir. Je trouvais que c'était plus que raisonnable par rapport à toutes les restrictions que mon père suggérait à la maison.

Cette nuit-là je dormis d'une traite et sans rêves, bercée par la pluie qui tombait depuis un moment déjà.

Lorsque je descendis au petit matin vêtue d'un jean et d'un pull je ne vis personne. Ma tante était déjà partie, elle travaillait au restaurant qui se trouvait sur la rue principale. Je regardais dans le frigo afin de prendre du lait pour manger mes céréales et je voyais qu'elle m'avait préparé des sandwichs. J'avais l'impression de sortir d'un long moment de séquestration et de retrouver enfin ma liberté. Le temps était gris mais la pluie ne ferait plus son apparition pour aujourd'hui. Je décidais d'aller sur la plage de la réserve avec mon bloc note et mon repas,  me dépêchant pour me préparer.

Je trouvais facilement et m'installais sur des rochers. Il y avait des jeunes de mon âge qui chahutaient et s'essayaient au surf. Je n'étais pas spécialement timide mais je me contentais de les regarder de loin et d'attendre que l'on m'aborde.

Des bruits de pas me firent sursauter, une bande de garçons se dirigeait aussi vers la plage. Ils étaient différents des autres, ils avaient le teint mâte, très musclés le torse nu malgré la basse température en cette saison.

- Jacob dépêche-toi vieux ! Qu'est-ce que tu fous ?

- J'arrive. De toute façon je suis le plus rapide alors j'arriverais quand même le premier en haut de la falaise.

Cette voix je la reconnaissais c'était celle d'hier dans le bus. J'allais enfin voir le visage du garçon qui m'avait rendu le stylo. Je levais la tête dans leur direction et ce que je voyais me laissait sans voix. Il était tellement beau. Ses yeux étaient sombres et son sourire si charmeur. Son corps était parfait.

Nos regards se sont croisés et ce fut le choc. J'avais l'impression que le sol m'engloutissait entièrement. Son expression changeait également mais si furtivement que je me demandais s'il s'était vraiment passé quelque chose.

- Bonjour ! Tu es la fille au stylo c'est ça ?

- Oui tout à fait. Je montrais mon stylo. Encore merci.

Il se dépêchait d'aller rejoindre ses amis qui ne tardaient pas à le chahuter en se retournant pour me regarder. Mon cœur battait à cent à l'heure et je ne savais pas pourquoi mais j'éprouvais le besoin de revoir ce garçon.

Chaque jour je me tenais au même endroit et chaque jour ce garçon, Jacob, passait devant moi avec ses copains. Nos regards étaient furtifs mais intenses.

Ils n'avaient pas l'air d'être amis avec les autres lycéens qui se trouvaient sur cette plage.

C'étaient des indiens Quileute et ma curiosité me poussait à demander à ma tante de me parler des légendes mystérieuses qui entouraient ce peuple.

Je commençais vraiment à me plaire dans cette ville. Oui je sais Forks n'était pas ce qui se faisait de mieux en matière de tourisme mais je m'y sentais bien. Je me sentais chez moi, plus encore que là où j'habitais depuis ma naissance. Ici je respirais. Je respirais l'air humide de la région mais également l'air de la liberté, et pourquoi pas de l'amour.

Non je ne devais pas penser à ce garçon. Qui étais-je pour lui ? Rien absolument rien. Alors pourquoi je continuais à venir chaque jour sur cette plage ? Pourquoi mon cœur battait-il la chamade à chaque fois que je posais mes yeux sur lui ou lorsque j'entendais le son de sa voix.

Je voulais tellement qu'il s'arrête pour me parler. Je voulais marcher le long de la plage avec lui tout en discutant de tout et de rien. Je voulais ....

Réveille-toi ma grande, il ne te prendrait jamais dans ses bras. Il était trop bien pour toi. J'étais tellement banale et puis je n'étais pas là indéfiniment. Je devais repartir très bientôt chez moi.

Chez moi ? Mais une réalité s'imposait à moi. Je voulais que ce soit ici mon chez moi, nulle part ailleurs. J'étais folle ! Peut-être ! Folle amoureuse ? Certainement.

Un matin un des garçons s'approcha de moi.

- Bonjour je m'appelle Paul, mon ami là-bas aimerait savoir ton prénom.

- Luna, je m'appelle Luna.

Il se retournait vers ses amis d'un air amusé.

- Jacob, elle s'appelle Luna.

Quand il les a rejoints, Jacob l'a attrapé afin de le chahuter car manifestement il ne lui avait pas demandé de venir me trouver. Les autres riaient de la plaisanterie.

Le lendemain je ne vis personne et j'en fus bouleversée. J'attendis une bonne partie de la journée mais aucun d'eux ne se manifesta sur la plage.

Pourquoi n'était-il pas venu ? Était-ce à cause de son ami Paul ? Ses amis ont dû vouloir se moquer de la petite nouvelle dans la région. Il n'avait pas apprécié ce qu'avait fait son copain et il ne voulait pas me croiser afin de se forcer à s'excuser.

Mon cœur était brisé. Je voulais me mettre dans un trou de souris et ne plus en sortir. Je ne devais pas me faire d'illusion. Comment un tel mec aussi mignon et sexy pouvait être attiré par quelqu'un d'aussi banal que moi ?

Je pris mes affaires et je rentrais en prenant mon temps et assez tôt par rapport aux jours derniers. Je ne voyais pas ce qui se passait autour de moi. Je n'entendais plus rien, ni les cris des jeunes gens sur le trottoir d'en face, ni les quelques voitures qui passaient sur cette foutu route unique. La tristesse emplissait tout mon être. Jacob ne quittait pas mon esprit.

Le jour où tout changea dans ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant