Une étoile filante

Chapitre 6 - Je t'aime...moi non plus

Seul le bruit de leur respiration venait troubler le calme nocturne. Cachées dans l'une des alcôves extérieures, l'agitation de la fête semblait déjà loin derrière elles.

Le ciel était clair, parsemé d'étoiles, il abritait en son sein une lune pleine qui irradiait de sa blancheur les ténèbres de la nuit.

Le souffle court de leur précédente course, elles se faisaient face, les yeux dans les yeux, Hermione n'avait pas quitté son état de transe, Bellatrix était toujours plongée dans l'incompréhension.

« Qu'est-ce qu'on fait là ?»

La réponse ne se fit pas attendre, les lèvres de la Gryffondor se plaquèrent contre celles de la Serpentard dans une brûlante avidité.

Les bouches si lointainement familières se retrouvèrent dans ce baiser ardent qui enflamma les deux corps. Les mains se perdirent dans les cheveux, caressèrent la peau, griffèrent les vêtements devenus étouffants.

Rien ne pouvait plus stopper l'élan fulgurant de luxure qui avait imprégné les deux êtres.

Rien, ou alors peut-être un arôme particulier, saveur précise d'un insidieux liquide.

Les papilles aiguisées de la sorcière noire ne mirent guère longtemps à deviner le goût diabolique qui venait délicieusement souiller la langue d'Hermione.

« Tu as bu, constata-t-elle, une pointe de reproche dans la voix en brisant l'étreinte bouillante.

- Juste un peu. », répondit immédiatement la plus jeune en tentant de reprendre le baiser.

Bellatrix la repoussa fermement.
Elle la voulait. Oh oui elle la voulait. Elle la voulait plus que tout. Seulement elle ne voulait pas d'elle de cette façon, une Hermione saoule ne l'intéressait pas.
Elle ne serait pas celle qui profiterait de son excitation alcoolisée.
Et elle ne serait certainement pas celle qui se ferait avoir en plongeant tête la première dans cet élan d'amour inespéré. Si elle savait...

« Tu penses vraiment que j'ai besoin d'alcool pour avoir envie de toi Bellatrix ? », demanda la jeune femme en s'avançant à nouveau.

La femme ne répondit pas, le visage interdit, elle ne savait que faire.

« Je ne suis pas saoule Bella, assura Hermione, J'ai pleinement conscience de ce que je fais. Et je sais exactement ce dont j'ai envie. »

Elle avait l'air convaincante, pas étonnant, elle disait la vérité.

Les deux coupes de champagne et le verre qu'elle avait descendu cul-sec n'étaient en rien coupable de l'état frénétique qui l'avait assailli.
L'alcoolémie seule n'y était pas pour grand-chose, elle n'avait fait qu'altérer un peu ses sens.
Le goût de ce qu'elle avait bu était en fait le réel criminel.

La saveur du liquide ambré, véritable effluve dévastatrice, avait tout ravagé sur son passage.
Whisky qu'elle n'avait jamais véritablement bu, seulement goûté sur la langue de son amante d'antan, l'avait complètement retourné.
Des souvenirs percutants, poignants avaient alors ressurgi, noyant son esprit dans la nostalgie douloureuse d'un amour mort et pourtant à jamais inégalable.

Guidée par cette déflagration de sensations, de sentiments, la Gryffondor avait foncé en direction de la Serpentard.
Parce que comme elle le disait si bien, elle savait exactement ce dont elle avait envie.

Prudemment, Hermione fit un pas en avant vers Bellatrix qui demeurait interdite face à ses explications.

Les yeux noirs plongés dans les bruns, la sorcière noire croyait son ancienne élève, sans doute parce qu'elle avait envie de la croire, ou parce que ne pas la croire était trop douloureux.

La jeune femme posa une main sur sa joue, l'autre sur sa taille, elle se laissa faire.
Hermione commença un nouveau baiser, Bellatrix le continua.

Irrésistible, c'est ce qu'était la Gryffondor aux yeux de la Serpentard.

Rapidement, le contact s'intensifia, arrachant les premiers soupirs, les premiers frissons d'anticipations.

Mais ce fut lorsque Hermione susurra quelques mots doux à l'oreille de Bellatrix que tout partit en vrille.

« Fais-moi l'amour. »

Plus une demande désespérée qu'un ordre strict, elle provoqua chez la sorcière une violente chaleur qui ne faisait qu'annoncer ce qui allait suivre.

Elle attrapa ses hanches et l'accula au fond de l'alcôve, lui soutirant son premier geignement. La bouche rouge sang partit ensuite à la conquête de la gorge d'Hermione dont les doigts s'emmêlaient déjà aux boucles ébène, ruinant sur leur passage le chignon ébouriffé.

Les lèvres de Bellatrix accélèrent leur descente le long du cou qui leur était offert jusqu'à buter sur la cascade de diamants.
La médaille d'or jusqu'ici dissimulée se révéla alors au regard sombre, l'éclairant d'un réconfortant éclat d'espoir.

« Tu l'as gardé ? », demanda-t-elle en saisissant le médaillon du bout des doigts, une larme d'émoi au coin de l'œil.

"C'est la seule chose que tu m'as laissée.", aurait-elle pu répondre, si conserver la joie intense des deux yeux noirs ne lui avait pas importé.

« Je ne l'ai jamais quitté. », répondit-elle à la place en prenant le visage radieux en coupe.

Elles s'embrassèrent.
Baiser tendre et amoureux qui n'avait plus rien du simple besoin charnel qui les avait entraîné jusque-là.

Le besoin primaire de se donner à l'autre reprit cependant rapidement les devants et les mains de Bellatrix eurent vite fait de se glisser sous la robe d'Hermione.
Ses doigts remontèrent sur les cuisses gracieuses, ses ongles marquant le tendre épiderme au fil de leur ascension.
La pression de ses gestes s'accentua en arrivant aux abords de la dentelle de son dessous. Elle caressa le tissu et sentit l'humidité s'y infiltrer sans tarder. Elle devait se débarrasser de cette barrière pour toucher sa belle, pour lui procurer tout le plaisir qu'elle voulait lui donner.

Un gémissement se fit entendre, la culotte venait de céder sous la poigne de Bellatrix.

Haletante, Hermione perdait pied, ses mains agrippées à la nuque de son amante et son visage enfoui dans la chevelure bouclée dont émanait une délectante fragrance ambrée.

Elle aurait pu se damner pour que Bellatrix la prenne, là ici et maintenant, sans attendre.
Elle n'eut cependant pas à le faire, les doigts de sa tortionnaire venaient de se glisser en elle.

Les va-et-vient se firent pressants, la voix d'Hermione résonna dans le silence de la nuit, elle atteignait doucement l'extase.

Bellatrix la sentit se resserrer autour de ses doigts, puis dans une ultime pénétration, elle la vit exploser.
Elle était émerveillée par l'image de celle à qui elle venait de faire l'amour encore toute habillée. Celle qu'elle venait de faire jouir pour la première fois depuis plus de cinq ans.

Le corps tendu, la tête basculée en arrière, les cheveux retombant en cascade sur ses épaules, la poitrine se soulevant au rythme de sa respiration erratique, la peau transpirante de son orgasme, le teint illuminé par le clair de lune, la bouche entrouverte dans un léger sourire, les paupières closes et apaisées, le doux visage comblé et... amoureux ?

« Je t'aime... », souffla spontanément la sorcière noire face à cette vision.

Bellatrix commença un nouveau baiser, Hermione ne le continua pas.

« Bella je... »