Une étoile filante

Chapitre 10 - Reflet ambré

« C'est terminé. »

Ils se répétaient dans son esprit, encore et encore, ces mots qui sonnaient comme le point final de leur tragique idylle.
Cette déclaration, indélébile dans ses pensées, venait tâcher l'ensemble de sa réflexion. Lorsque son regard avait le malheur de croiser les orbes noirs, lorsqu'elle observait la sorcière du coin de l'œil, ou dès qu'elle s'aventurait, plus ou moins intentionnellement, à songer à la femme, cette phrase, brutale par son caractère inévitable, revenait la hanter. Il y avait dans ces mots ce côté inéluctable, ce quelque chose de définitif qui venait lui broyait les entrailles, lui enserrer le cœur jusqu'à le taillader en profondeur.

« C'est terminé..., murmura-t-elle, perdue dans ses pensées, les yeux braqués sur leur cible favorite.

- Pardon ?, releva Bellatrix en alignant son regard à celui d'Hermione.

Les orbes bruns rencontrèrent les noirs et la Gryffondor redescendit brutalement sur Terre.

- Rien, se reprit la jeune femme en détournant les yeux, J'étais distraite, c'est tout.

La sorcière noire n'insista pas.

- Il est dix-huit heures, j'ai fini ma journée, annonça-t-elle en se levant.

- Très bien, répondit Hermione, à la fois soulagée et frustrée du départ de la femme.

- Je peux y aller ? Tu n'as plus besoin de moi ?, s'assura-t-elle, sans vraiment savoir ce qu'elle demandait réellement.

Une nouvelle fois, le temps de quelques secondes tout au plus, le regard ébène croisa les yeux bruns.

- Non... Non ne t'inquiète pas, tu peux y aller, assura Hermione, quelque peu déstabilisée par cette question dont le sens caché semblait lui sauter au visage.

- À demain alors.

- À demain. »

Cela faisait sept jours que Louis avait demandé Hermione en mariage. Sept jours que Bellatrix avait mis un terme à tout semblant d'ambiguïté. Sept longs jours que les deux femmes souffraient en silence, chacune de leur côté.

Bellatrix avait décidé de quitter le manoir Malfoy pour de bon afin de réinvestir la demeure Black. Narcissa n'avait pas été surprise par sa décision. Il était évident que sa sœur allait mal, et lorsqu'elle allait mal, Bellatrix n'était pas du genre à apprécier un public. La cadette avait donc rendu visite à son aînée à deux reprises au cours des sept derniers jours, juste pour s'assurer qu'elle se portait bien, juste pour vérifier qu'elle ne faisait pas de bêtises. Et elle avait été étonnée de constater que la sorcière ne cédait pas à ses démons pour autant. Son mal-être constant la dévorait de l'intérieur, et malgré cela, pas la moindre crise n'avait éclaté et pas une goutte d'alcool n'avait imprégné son sang.

Elle restait forte, parce que l'espoir d'être un jour aimée par Hermione à nouveau était plus puissant que l'envie de se foutre en l'air.
Alors elle tenait bon, depuis une longue semaine déjà, avec la vaine illusion qu'elle pourrait résister encore longtemps.

Il était pourtant bien présent, ce reflet ambré des bouteilles de whisky exposées dans la vitrine de son salon. Tentateur, mais destructeur, le délicieux liquide semblait la guetter depuis le haut des étagères.

« Pas maintenant..., soupira-t-elle sans pouvoir le lâcher des yeux, Pas ce soir... »

Puis elle se leva nonchalamment de son fauteuil et partit rejoindre sa chambre, là où elle serait moins tentée de briser sa sobriété de plusieurs années.