Chapitre 21 - Se faire prendre à son propre jeu

964 120 78
                                    




Séduire Hermione à nouveau, c'était délectable et pourtant tellement difficile. L'acte en lui-même n'était pas particulièrement compliqué, puisqu'en dépit de sa mémoire perdue, la Gryffondor semblait conserver un goût certain pour la sorcière noire. Mais si le mécanisme de séduction était grisant, toutes les sensations qu'il faisait ressurgir l'étaient nettement moins. Ce sentiment d'avoir été volée, du plus précieux des biens, trésor immatériel qu'était l'amour d'Hermione, était insupportable. Bellatrix pouvait bien faire appel à toute la résilience du monde, elle n'acceptait pas cela. S'être faite dépouiller, de la seule chose qu'elle avait un jour réellement possédée, était bien trop dur, bien trop injuste. Et si elle regagnait peu à peu tout ce qui avait disparu, elle était encore loin du compte. Parce que dans les yeux de la jeune femme, seul l'attrait était perceptible, les sentiments amoureux, eux, étaient indécelables. Alors malgré l'attirance irréfutable qui se lisait dans les prunelles brunes, Bellatrix n'y voyait que néant. Elle ne pouvait donc se plaire à attiser l'envie alors même que l'amour lui était interdit.

Ses pensées les plus noires s'interrompirent lorsqu'une voix rendue acariâtre par le ressentiment l'interpella dans son dos :

« À quoi vous jouez ?

- Je vous demande pardon ?, se retourna-t-elle.

- À quoi vous jouez ?, réitéra le jeune homme, Vous vous croyez maline, à lui rôder autour comme une espèce de vautour ?

- Un vautour est un charognard, il se contente de prendre les restes, ce n'est pas mon cas, renseigna Bellatrix.

- Oh mais vous n'allez rien prendre du tout, ricana-t-il, Je vous rappelle qu'elle est fiancée avec moi, c'est moi qu'elle aime !

- Vous mettez une telle énergie à le rappeler sans cesse que je commence à croire que vous en doutez vous-même...

Elle le tournait au ridicule, il la haïssait pour cela.

- Honnêtement, vous être répugnante, cracha-t-il, Vous vous accrochez à elle comme un parasite, sans vous soucier du fait qu'elle ait tourné la page.

- Mais elle n'a jamais tourné la page, exposa-t-elle, Je n'ai eu qu'à revenir pour vous faire disparaître de son esprit, et je n'ai pas eu besoin d'une potion pour cela, se plut-elle à souligner.

- Vous l'avez brisée en l'abandonnant lâchement—

- C'était tout sauf lâche, le coupa-t-elle, J'aurais pu choisir la facilité et me montrer égoïste en sacrifiant sa vie juste pour garder son amour, comme vous l'avez fait en l'empoisonnant au Memoria Damnum. Au lieu de ça, j'ai choisi l'option qui me paraissait la plus juste pour elle, quitte à en pâtir de mon côté.

- Vous l'avez brisée en partant, reprit-il tout de même, Je l'ai réparée avec mon amour. Je l'ai sauvée, renchérit-il, faisant exploser de rire la sorcière noir.

- Elle s'est sauvée tout seule, rétorqua la femme, Et votre misérable petite relation n'était là que pour éponger le chagrin de notre histoire.

- Notre misérable petite relation, comme vous dites, ne l'a jamais fait souffrir, défendit-il.

- Mais ne la rendra jamais heureuse, compléta Bellatrix.

- Qu'en savez-vous ?, méprisa-t-il.

- Je sais que vous aimer l'a aidée à m'oublier et que refaire sa vie avec quelqu'un a fait parti de sa reconstruction, accorda-t-elle, Mais je sais aussi que malgré tout le mal que je lui ai infligé en partant, elle n'a jamais pu complètement m'oublier, et qu'en dépit de tous les efforts qu'elle a fourni, elle ne vous a jamais aimé comme elle m'a aimée, ses paroles faisaient enrager le jeune homme, elle pouvait le voir dans ses yeux azurés, Alors ne vous bercez pas d'illusions, Louis, elle reviendra à moi. Le Memoria Damnum n'est qu'un obstacle de plus, nous le surmonterons.

Une étoile filanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant