La poste

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La nuit que je venais de passer fut plutôt réparatrice. Pas de cauchemar, seulement un bon et long sommeil.

J'allai me préparer puis croquai dans une pomme histoire de partir au boulot le ventre plein. Je vous avoue que j'avais pas envie d'y aller. Vraiment pas. Revoir ce visage sans autre émotion que la colère me donnait la nausée.Mais qui avait bien pu créer une personne aussi horrible que mon patron !

Je pris ma voiture et partis en direction de l'épicerie. Plus je m'en rapprochais, plus j'avais envie de faire demi-tour.

Finalement, j'arrivai au travail. Je poussai les portes pour entrer lorsque cette "chose" me lança : "Non non non, tu vas où comme ça ? Tu remontes dans ta voiture, t'emmènes Corey et vous partez chercher les colis de la poste. Heureusement parce que j'ai aucune envie de voir vos têtes de mal réveillés qui me traînent dans les pattes". Il devrait savoir que franchement, nous non plus on voulait pas le voir.

Corey et moi prirent la route. Je conduisais et il était mon GPS. Il savait où on devait aller puisque le patron l'avait déjà envoyé plusieurs fois. On arriva sur une autoroute. Un silence total s'installa entre nous. Je mis la radio. Les informations. Même pas de musique ?

Au bout de quelques minutes, je sentis quelque chose sur ma cuisse. Mes yeux quittèrent la route pour voir ce qui me touchait. Une main. Mon regard suivit la main, puis le poignet et le bras avant d'arriver sur Corey. Je lui lançai un regard qui voulait tout dire. Mais apparemment il ne comprit pas puisque sa main ne bougeait pas.

Je me décidai et attrapai sa main avec la mienne, tout en la repoussant sur lui.

"Range-la si tu veux encore t'en servir", lui dis-je.

Il baissa la tête puis continua de me guider.

On arriva enfin à la poste. Corey alla chercher les colis et les déposa dans mon coffre. On rentra à l'épicerie.

Mine de, cette mission nous avait occupé durant toute la demi journée.

La journée se finit à peu près normalement. Je pris la voiture et décida d'enfin aller faire les courses. Je commençais à être vraiment en manque de nourriture. Cette fois, je suivis les panneaux. Ils étaient bien là pour quelques chose après tout. Finalement, je me retrouvai au supermarché.

J'entrai dans le magasin et pris peut-être un peu trop de choses. C'est pas grave j'allais bien m'en servir un jour. Du moins c'est ce que je me disais. Un peu bête.

Cette fois tout se passa bien. Ca n'arrivait pas souvent. Je fus heureuse de retrouver mon pauvre chez moi. A l'abri de tout. Enfin presque tout.

Je passai presque toute la soirée devant la télé mais avant d'aller me coucher, j'eus la mauvaise idée d'aller au bar.

En descendant, je recroisai ce type avec un regard effrayant. Je n'y prêtai pas plus d'attention et m'empressai de rejoindre le bar.

A la même table, se trouvaient les mêmes personnes, jouant au même jeu que tous ces soirs. Mon regard passa sur celui de Benny. Je baissai la tête et m'assis au bar. Je commandai une bière. J'en ressentais le besoin.

Je sentis une présence derrière moi. Je me retournai et vis évidemment Benny. Il s'appuya sur le bar et me lança, tout en me fixant dans les yeux : "Te revoila, madame s'éclipse sur des paroles froides et revient le soir d'après pour se bourrer".

Je le regardai étonnée avant de lui répondre :
-"Tu m'en veux encore pour hier ? C'est tout de même un peu de ta faute si j'ai réagi comme ça tu sais.
-Ah pardon, devrais-je m'excuser pour avoir juste voulu t'aider et te consoler. Excuse moi ! C'est vrai que j'aurai du te laisser pleurer comme une gamine et repartir jouer avec mes amis !
-Je... pardon c'est juste que c'est pas facile de tout gérer en ce moment et oui, il m'arrive comme à tout le monde de céder sous la pression !
-Et ben lâche toi ! Vas-y qu'est-ce que t'attends ! Bourre toi comme tu l'avais si bien commencé le jour de ton arrivée !
-Merci du conseil, Benny, ravie de t'avoir revu !"

Je m'empara de ma bière et la finis en quelques gorgées, avant de repartir.

Depuis la fenêtre de mon appartement, j'observais les lumières du bar se refléter sur les vitres de la vieille boutique d'en face. Je vis l'ombre de Benny passer dans la nuit devant ses vitres. Il disparut dans la pénombre.

J'allai me coucher, avec un léger regret des mots que j'avais sorti. J'avais tout de même raison sur un point : j'avais cédé sous la pression.

Je finis par me laisser tombée dans les bras de Morphée, pour une bonne nuit de sommeil.


Entre deux murs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant