C'est décidé je vais aller mieux. Je vais continuer d'avancer en empruntant des chemins toujours plus encombrés d'embuches car ce sont ces chemins là que je préfère parcourir. Quitte à laisser des bouts d'âmes s'envoler avec des personnes que j'aurai aimés et qui s'en iront loin de moi sans même regarder dans le rétro. Je laisserai ces bouts de moi s'éloigner sans essayer de les retenir car leur vie là-bas les attends. J'accepterais un peu mieux les séparations et ne resterais plus là des heures entières à penser à ce que j'aurai pu faire pour qu'à mes côtés ils restent encore un temps. Malgré cela, je ne laisserai pas mes relations s'essouffler sans les avoir entretenus et fais-en sorte que celle-ci soit solides. Je continuerai de donner sans rien attendre en retour et ne compterai pas ce que cela m'en coute. Mais avant, il me faut bien régler des problèmes. A commencer par ma maladresse durant une conversation, un échange avec autrui. L'angoisse qui monte et la paralysie qui joue son rôle. Être confronter à un autre être pensant me met en difficulté, je reste figé et je ne sais quoi prononcer. C'est toujours un moment que je redoute, et repousse, par crainte et non par désintéressement. Même avec mes amies de longue date c'est devenu très compliqué pour moi d'interagir. Je peine à écrire ou à répondre à un message, les appels sont eux-aussi difficiles.
D'ailleurs un soir, j'étais assez mal, les médecins me disaient en pleine crise. Le traitement ne suffisait pas et je n'entendais que des cris. Je devais répondre à un message, d'une amie que j'affectionne beaucoup et qui prenait de mes nouvelles. Je lui ai répondu avec froideur et violence. Je me repassais la scène en boucle, cette soirée que j'ai passé en crise et sous-produits qui n'ont fait que réveiller la maladie. C'était horrible, je ressentais tout ce que j'avais ressentis, du mépris, de la haine, du dégout, de la colère, une impression de persécution de remise en cause de tous mes faits et gestes. Une pression bien trop intense à retenir, j'en pouvais plus j'avais suffoqué et inventé, essayé d'aller mieux, de m'extirper de cette enfer. Cette soirée je m'en rappellerai, je me sentais seul au milieu de ceux qui avaient été les seuls à m'épauler, mais je me sentais mal je ne pouvais l'expliquer. Et là-bas personne le voyait. J'ai étouffé, une fois de plus, j'ai été froid et dur dans mes mots, en vrai je ne les ai pas pesés. Je me sentais mal et apeuré, je voulais juste tout faire péter. Je lui écris ce message qui lui disait que je ne voulais plus avoir affaire à eux, à elle et à tous ceux qu'étaient présent. Maintenant je m'en veux, alors qu'avant je leur en voulait d'avoir pas vu que j'étais à deux doigts de tout quitter, de partir de là et d'abandonner. Je sais c'est bête mais sur le coup j'ai paniqué, je ne me sentais juste pas prêt à les affronter. Car c'est comme ça que je le perçois, une confrontation. C'est compliquer pour moi de me trouver en face de quelqu'un et de parler, même si je l'affectionne beaucoup, j'ai perdu les bases, je ne sais plus comment me comporter. Comme moi-même, on me le dit souvent, mais j'ai oublié ce que ça signifiait. Alors aujourd'hui je peine à chaque échange avec quelqu'un, c'est dur pour moi de dire bonjour à une infirmière, j'ai peur d'utiliser les mauvais mots, la mauvaise intonation, je ne sais pas comment me tenir debout face à elle. J'ai peur de tout, mes faits, mes gestes, et mes pensées qui m'enferment dans ma tête, elles résonnent fort et ça me perturbe et ça me blesse.
Et ce jour-là j'ai repousser peut-être la personne envers qui j'ai le plus de tendresse à donner. C'est étrange car même si ces derniers temps on s'était éloigné elle a toujours eu cette place très importante et très proche de mon cœur. Elle occupe mes pensées et je me dis de ne pas revenir, je ne peux pas me permettre de la blesser une fois de plus, c'était la fois de trop. Elle est si belle, elle se pense fragile mais elle l'est comme chaque être humain, en réalité quand je plonge dans son regard je vois une femme forte, une femme qui m'inspire. D'ailleurs elle a déjà plusieurs fois inspirées mes écrits. C'est une personne capable de changer les choses, elle y arrive si bien quand je la vois elle brille dans la pièce, elle a des étoiles aux bords des yeux et une galaxie aux bords des lèvres qui vous fait voyager dans un espace où le temps n'a plus son importance. Elle est comme ça, elle illumine votre journée et elle resplendit par son charme et son esprit...
Le psychiatre me conseil de me forcer à me confronter au monde réel, de ne pas m'enfermer dans ma tête car c'est une prison d'où j'aurai bien du mal à sortir. Et au fond je sais qu'il a raison, du moins je pense qu'essayer de me forcer un peu ne peut pas me faire plus de mal que j'en supporte actuellement. Alors j'essaie de sortir de ma chambre et de parler avec les patients. Les discussions ne sont pas toujours intéressantes, elles sont souvent brèves et distantes mais ça va je m'en sors bien, pour l'instant je garde espoir. Je garde espoir que cela change, que je réussisse enfin à avoir une conversation qui tient la route, où c'est moi qui décide des mots que je prononce et non pas ma folie. J'essaie de ne pas rester dans mon lit, je marche dans le service, parle aux personnes que je croise et je me mets dehors pour lire.
Le soleil est revenu, plus de neige. Et cela fait du bien au moral, je profite de la lumière qu'il apporte et de sa chaleur. Je le laisse m'éblouir, comme un sourire. Ça me permet de me sentir un peu plus libre, j'ai l'impression d'être ailleurs, à l'extérieur loin d'ici. Apaisé de tout mes maux.
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La psychiatrie
Non-FictionDeuxième fois que je suis hospitalisé. Désormais j'ai dix-huit ans et je suis interné sans mon consentement dans le service des adultes, en psychiatrie aigüe. De longues journées passent, remplies de solitude, de remises en question, et d'obligati...