Chapitre 18 : Petite lumière

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La porte s'ouvre doucement et avec hésitation et là je ne remarque pas l'infirmière mais j'ai peur, j'ai si peur. Je sens que mon pouls s'accélère, j'ai les mains moites et je remarque que je tremble déjà. Je le vois lui ce monstre ignoble, entrer, avec violence dans la chambre, il fait le tour de mon lit et s'avance vers moi. J'ai l'impression de sortir de mon corps, de me voir et de me sentir partir à la renverse, tout est chamboulé. Je crois que je me situe sous le pont, la pièce s'assombrit et c'est l'angoisse. Il y a cette odeur de verdure et l'odeur de la crasse du sol, je me trouve sur un vieux matelas délavé. Tout est si sale c'est à en vomir. J'ai cette boule au ventre qui ne me laisse pas et je sens que ça va recommencer. Et je ne peux pas l'envisager, pourtant je le vois, lui, saisir mes poignets et s'apprêter de monter sur moi.

Pourtant, c'est bien la main de l'infirmière qui me secoua l'épaule pour s'assurer que je l'entendais bien, comme pour me réveiller d'un songe profond. Elle m'avait sauvé. Cela devait se voir sur mon visage, je devais forcément témoigner de ce remerciement avec un sourire, pouvoir lui montrer comme j'étais ravi qu'elle s'interpose entre lui et moi. J'ai brièvement formulé quelques phrases pour lui assurer que ce n'était rien que j'étais un peu fatigué ce soir et que je me perdais dans mes pensées. Elle a tout de même insisté pour que je prenne une dose supplémentaire de neuroleptiques ce soir avant le coucher. Ce que je fis. Il devait être environ vingt-deux heures quinze voir vingt tout au plus, lorsque je vie une lumière à une fenêtre s'allumer. Je pensais que c'était une de ces lumières qu'on allume lorsqu'on va chercher un verre d'eau ou que l'on va aux toilettes. Mais non, cette petite lumière, allumée bien après que la maison entière soit endormie, resta allumée toute la nuit. Pendant de longues heures hier je n'ai pas trouvé le sommeil, et je lisais, je lisais, et puis je regardais par la fenêtre et la regarder briller, toute seule dans le noir. C'était comme si cette petite lumière me tenait compagnie toute la nuit. Et là je me suis remis à penser à ces petites lumières avec lesquelles je passais de si belles nuits. A toutes celles qui avaient déjà brillées plus fort comme pour me guider comme un phare et qui ne m'avaient pendant tout ce temps pas lâché. Toutes ces merveilleuses personnes où sont-elles aujourd'hui ? Qui sont-elles devenues ? Je me le demande, et je me demande également si un jour je pourrais vivre de nouveaux jours semblables aux précédents en leur compagnie. Et je me dis finalement que c'est passé et que désormais il n'y a que dans ma tête que je peux revivre sans cesse ces moments, alors je ne dois pas les oublier. Tous ces merveilleux souvenirs qui me remplissaient de bonheur.

Je souhaite que ma tête soit remplie de souvenirs doux, de souvenirs vrais et de souvenirs fous. Je veux un jour me dire que je me souviens de tout. De nos débuts, de nos histoires, de nos débats, de nos délires et que ça me nourrisse de gaité et de joie. Que ça ne cesse pas, donc vraiment surtout faut que je n'oublie pas, pas comme sa voix... Une larme coule, je ne contrôle pas. C'est si étrange, maintenant je suis content car je ne contrôle pas ce qu'il m'arrive. Maintenant je veux changer les choses. Et je suis sûre que je peux. Il faut que je m'arme de courage et de confiance en moi si je veux réussir, je n'ai pas le choix je dois prendre de l'assurance. Et pour l'assurance il n'y a que l'expérience alors désormais je ne dois plus reculer, je dois avancer. Ne plus remettre les choses au lendemain car je veux être fier de moi chaque jour qui passe, je ne veux pas me coucher en ayant rien accomplis. Je me dois de faire quelque chose, je ne peux pas rester là, passif dans ma propre vie. Je ne veux plus me contenter du second rôle. Il faut que je me reprenne et c'est maintenant que je dois le faire. Et je crois que je le fais déjà un peu, lorsque je me remets à écrire, à lire, à contempler la nature, à apprécier chaque repas, à me réjouir lorsque je découvre et apprends quelque chose de nouveau. Je pense que je suis sur le bon chemin finalement. Il y a quelques mois je doutais. Je doutai parce que je ne savais pas si ce chemin était le bon. Je me demandais si je n'avais pas fait une erreur il y a deux ans et demi et que je continuer d'en payer les pots cassés. Mais finalement je ne crois pas, je pense avoir pris la décision qui était la meilleure mais que pendant trop de temps je n'avais pas été assez fort pour en assumer toutes les conséquences. Maintenant tout va un peu mieux, je me retrouve sur ce chemin et plus j'apprends à le découvrir plus je me sens bien et en harmonie avec moi-même. C'est comme un apaisement. 

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