Le chemin sera long je le sais. Et probablement que lorsque je sortirais d'ici j'aurais encore des choses à affronter, des choses à améliorer pour que je puisse me sentir bien. Dans cette hôpital j'avance petit pas par petit pas. Je ne saute plus de repas et je mange à ma faim, qui elle est revenue. Je ne consomme plus de produits, c'était très compliqué les six premiers jours mais maintenant le traitement arrive à apaiser le manque et diminuer l'envie. Je me repose sur celui-ci pour gérer les crises et je m'en sors plutôt bien ces temps-ci. Je note une légère augmentation de bien être, au fond de moi je me sens plus serein d'être ici. Presque trente jours que je suis entre ces murs et que je vis en petite communauté avec les autres patients et le personnel soignant. Tous ces jours à faire les mêmes choses, au détails près. A recommencer encore et encore une journée, chaque matin après à cinq heure s'être levé. Pas beaucoup de nouveaux évènements marquant, rien de vraiment intéressant. Jusqu'à aujourd'hui, cet après-midi. Première permission. Je vais sortir de ce bâtiment pendant près de cinq heures, enfin être dehors, de nouveau libre.
La matinée fut longue à passer, j'étais déjà très tôt préparé à partir pour quelques heure hors de cet hôpital. J'allais de nouveau retrouver ma mère, mon père, mon petit frère, et être seul avec eux.
Cet après-midi ne s'est pas, tout à fait pour ne pas dire pas du tout, passée comme j'avais pu l'imaginer. En effet, à l'hôpital je ne ressentais pas que j'étais ralentis, que mon cerveau était éteint et que j'étais lourd et fatigué. A la maison chez mes parents je me suis sentis tout de suite ralentis, mes gestes étaient réduits à des mouvements lents et engourdis. C'était comme si tout mon corps était ankylosé, je me sentais tout contracturé. Enfaite j'étais très fatigué. L'après-midi m'a paru longue et je ne me suis pas vraiment senti bien. J'ai également revu un ami et je suis resté là devant lui casi muet. Et je pense qu'il a dû percevoir qu'en moi ça n'allait pas du tout, j'étais envahi par les voix et je n'ai pas tenu bon. Je me sentais apeuré sans réelle raisons valable et je n'ai pas réussi à véritablement prendre part à la discussion. Cette journée je l'ai alors ressenti comme étant un profond échec et lorsque je suis rentré à l'hôpital j'avais le moral au plus bas, ce soir-là je n'ai que très peu mangé et suis allé me coucher très tôt, après le diner de dix-huit-heure trente.
Ce soir-là, si on m'avait prédit que trois mois après j'allais de nouveau revoir un ami et que cette fois-ci je passerais un moment formidable, je ne l'aurais pas cru. Pourtant c'est bien ce qu'il s'est passé et ça s'est merveilleusement bien passé. Nous nous sommes revus avec impatience et l'après-midi s'est déroulé sans angoisses profondes. Mais personne ne m'a rien dit, le psychiatre m'a juste dit de ne pas lâcher et que j'allais de nouveau parvenir à entretenir une discussion avec quelqu'un sans être en souffrance, qu'il fallait du temps, donc de la patience. Et surtout ne pas perdre espoir. Alors le lendemain je me suis levé la tête haute en me disant que je ne pouvais pas gagner à tous les coups donc il fallait bien que je me reprenne et que plus tard je recommence à me fixer un objectif à atteindre. Je devais rester motivé et ne plus lâcher car c'est toujours lors des moments où je décide de lâcher prise que tout dégringole et que je me perds, envahis par les maux.
Et maintenant que j'y repense je pense que c'est grâce à ce jour-là où je me suis motivé, et que trois mois plus tard, j'ai pu passer un aussi bon moment auprès d'un ami.
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La psychiatrie
Non-FictionDeuxième fois que je suis hospitalisé. Désormais j'ai dix-huit ans et je suis interné sans mon consentement dans le service des adultes, en psychiatrie aigüe. De longues journées passent, remplies de solitude, de remises en question, et d'obligati...