Aujourd'hui j'ai vu le psychiatre qui s'occupe de mon suivit ici. Il m'a fait prendre conscience de certaines choses et a prononcé des paroles qui m'ont interpelé. Il a prononcé une phrase qui m'a fait un bien fou. « Vous savez monsieur M. vous avez traversé de grandes choses et dû faire face à la violence jeune. Et le viol que D.R. vous a fait subir vous laisse des marques profondes ça se ressent dans votre façon de vivre et d'évoluer dans ce monde ». Il avait prononcé son nom et c'était pour citer le viol. C'était stupéfiant d'entendre quelqu'un autre que moi affirmer ce qui c'était passé. Je parlais avec quelqu'un qui ne remettez pas mes paroles en doute, il me croyait tout simplement. Je me sentais moins seul, et ça faisait du bien au moral de savoir que D.R. n'étais pas qu'à mes yeux un violeur. Quelques jours plus tôt le psychiatre m'avait dit qu'il trouvait ça inadmissible de favoriser les dires des accusés au lieu d'écouter les personnes victimes de violences. J'étais sur ce point d'accord avec lui.
Il m'a également parlé de ma transition. Il m'a dit que je devais être fier d'être une personne transgenre et d'avoir accomplis tout ce que j'ai accomplis. Que j'avais su rester fort face à toutes les violences que je peux vivre au quotidien, qu'elle soit physique ou mentale. Il avait raison une fois encore, être une personne transgenre c'est subir des oppressions systémiques. Je pense que le problème vient d'une invisibilisation de la transidentité. Et il est vrai que le fait de ne pas avoir de ''modèle'', m'a souvent empêché de prendre la parole, de prendre conscience qu'on peut exister dans l'espace public. Et le fait que ce soit entretenu et qu'on ne crée pas plus de représentation c'est un réel problème. J'ai longtemps eu l'impression que je n'avais pas le droit d'exister, on me disait que ça n'était qu'une passe, que j'étais malade. La visibilité trans' lorsqu'elle est structurée elle est importante ça permet qu'il y est derrière un mouvement politique et c'est grâce aux collectifs, qu'on gagne en visibilité, c'est pour ça d'ailleurs que je trouve cela important de faire partie d'organisation qui revendique des besoins, des droits parce que la lutte pour nos droits est importante. Pour ma part ma famille m'a soutenu, je sais que c'est un grand atout et c'est surement grâce à cet entourage que j'ai pu être qui je suis réellement.
Tout ça pour dire que le psychiatre m'a fait prendre conscience que j'avais déjà réussi à accomplir un rêve, et que je le vivais chaque jour qui passe. Et rien que pour ça je devais continuer de vivre dans ce rêve accompli. Depuis le début de ma transition je me vois grandir comme je l'ai toujours souhaité. Avant de commencer la testostérone je ne ressentais aucun désir pour mon corps, je ne le considérais même pas comme étant mien. Je le regardais avec dégout et les rapports que j'avais avec celui-ci étaient très violent. Il est vrai que dès que j'ai commencé les injections de testostérone j'étais le plus heureux. J'ai vu mon corps devenir ce qu'il aurait toujours dû être. Le début de ma transition ne fut pas une renaissance, mais une nouvelle naissance. Petit à petit, injection après injection je devenais un peu plus moi-même. Depuis que mon torse est plat ; ce corps que j'ai toujours dénigré est devenu le mien. Plus les jours passent, plus je m'accepte, plus je me libère, plus je m'épanouis. J'apprends à me découvrir, à me réinventer, à faire de ce corps mon corps. Je découvre petit à petit le bonheur que ça procure de se regarder dans le miroir en se reconnaissant. Il y a encore des moments compliqués, durant lesquels je doute de la sensualité de mon corps, de cette sensualité trans-masculine. Des moments de peur, de rejet des autres, du rejet de ma masculinité qui m'est propre, du rejet de ma légitimité.
Malgré ça j'avance. Et à partir de ce soir, plus jamais je ne m'arrêterai, plus jamais je ne me tairai. Aujourd'hui je peux le dire fièrement, ma transition c'est la plus belle chose que j'ai décidé d'entreprendre mais ce n'est qu'un début, il y a encore tellement de choses qui m'attendent.
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La psychiatrie
Literatura FaktuDeuxième fois que je suis hospitalisé. Désormais j'ai dix-huit ans et je suis interné sans mon consentement dans le service des adultes, en psychiatrie aigüe. De longues journées passent, remplies de solitude, de remises en question, et d'obligati...